«En ce qui concerne le Sahara occidental, notre position est claire. C’est la dernière colonie en Afrique et une question de décolonisation dont le règlement nécessite de permettre à nos frères sahraouis d'exercer le droit à l'autodétermination». C’est en ces termes, connus pour être le leitmotiv de la diplomatie algérienne depuis plusieurs décennies, que le président algérien a abordé la première cause nationale en Algérie, qu’il avait déjà qualifiée lui-même de «dogme», à savoir la question du Sahara marocain.
Le président algérien a ajouté qu’il «n’y a pas d’autre solution». Or, tout le monde sait que la «solution» au conflit du Sahara occidental se trouve à Alger. Il n’y avait nul besoin de la part du président Tebboune de le proclamer encore. Mais ce que semble oublier le chef de l’Etat algérien, c’est que le référendum d’autodétermination a été définitivement écarté par l’ONU. L’option référendaire a disparu, depuis plusieurs années, des résolutions du Conseil de sécurité.
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Ce discours télévisé, diffusé hier soir, jeudi 18 février 2021, a pris au président algérien quelque 24 minutes. Mais selon l’opposant Hichem Aboud, il s’agirait d’un montage en «bribes», longuement réalisées par la télévision publique algérienne, et non d’un discours en direct, ce que ne permet pas encore l’état de santé, très fragile, de Tebboune. Selon lui, le président a lu son discours à partir du même bureau où il avait reçu, fin décembre dernier, le chef d’état-major de l’armée, le général Saïd Chengriha, un bureau qui serait situé dans une villa médicalisée de Ben Aknoun relevant des renseignements militaires. La thèse d’un montage est d'ailleurs confortée par la différence de l’intensité de la lumière entre les plans serrés et les plans larges.
Dans ce discours télévisé, le premier où il s’adresse à la nation depuis son élection en décembre 2019, et pour lequel il a choisi l’occasion de la Journée du Martyr (commémorée le 18 février), Abdelmadjid Tebboune a encore une fois cédé à la démesure et à la fanfaronnade. Celui qui avait déclaré que le système de santé de son pays était le meilleur au Maghreb, voire en Afrique, et figurait même parmi les meilleurs au monde, avant d’aller se faire soigner en urgence en Allemagne durant plus de trois mois, a annoncé que l’Algérie allait bientôt produire des vaccins anti-Covid-19.
Et dans une nouvelle envolée lyrique, il a affirmé que le Spoutnik V, le vaccin dévoloppé par la Russie, sera bientôt produit en Algérie, «d’ici six à sept mois», et profitera, toujours selon lui, à tous les pays africains. Vaste programme, quand on sait qu’Alger ne s’est officiellement procuré, durant ces vingt derniers jours que 100.000 doses de vaccins anti-Covid, dont 50.000 vaccins Spoutnik V.
Malgré le manque de transparence sur la réalité des chiffres de la pandémie du Covid-19 en Algérie, qui a même failli emporter le président algérien, celui-ci n'a pas hésité à saluer la gestion locale de la crise sanitaire. «Des pays puissants et riches aimeraient se retrouver à notre place avec à peine 180 nouveaux cas contaminés par jour», a-t-il même été se vanter, face à la caméra.
En dépit de l’impéritie manifeste du régime dans la gestion de la campagne de vaccination anti-Covid-19, le président Tebboune n'hésite pas à parler de «succès». Il est bien le seul, avec les gérontocrates au pouvoir, à voir de la réussite, là où tous les Algériens perçoivent un désastre. On verra si l’engagement de Tebboune à fabriquer le vaccin russe, d’ici six à sept mois, va réellement se concrétiser ou bien si ce n’est qu’une manœuvre pour maquiller l’échec cuisant du pouvoir algérien à s’approvisionner en vaccins.
Dans ce même discours, Tebboune a annoncé la dissolution du parlement et un remaniement ministériel. Des mesures supposées conjurer les manifestations du Hirak, dont le deuxième anniversaire sera célébré, dans les rues du pays, le 22 février, soit à peine dans trois petits jours.
Abdelmadjid Tebboune affirme avoir pris la décision de dissoudre l’Assemblée nationale populaire pour permettre aux jeunes d’y entrer à travers des élections anticipées, en juin ou en septembre prochain. Du haut de ses 76 années, il a aussi annoncé la mise en place prochaine d’un «Conseil suprême de la jeunesse». Toutefois, le président algérien semble ignorer que les jeunes, qui constituent plus de 70% de la population algérienne, n’attendent pas de ces chibanis, cramponnés au pouvoir, de réfléchir à leur place, mais veulent les faire dégager.
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Abdelmadjid Tebboune a également annoncé la libération de «55 à 60» détenus d’opinion, en guise de mesure d’apaisement à la veille du deuxième anniversaire du Hirak. En annonçant la libération de détenus d’opinions, le président Tebboune apporte un cinglant démenti au ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, qui avait juré à maintes reprises qu’«il n’existe pas de prisonniers d’opinion en Algérie». Voilà une affirmation qui ajoute à la cacophonie, et ce, au plus haut niveau du pouvoir en Algérie.
Un test ardent attend donc le président algérien dès ce 22 février 2021. Le peuple va répondre aux annonces lumineuses du président désigné par les généraux. Et la réponse du peuple d'Algérie risque d’être bien plus cinglante que le taux de participation le plus faible enregistré depuis l’indépendance du pays, au référendum lié à la révision de la constitution, qui a tourné à une véritable gifle assénée à Abdelmadjid Tebboune.