Dans un communiqué relayé ce samedi 12 décembre par l’Agence de presse officielle algérienne (APS), le ministère des Affaires étrangères a décliné la position d’Alger quant à la reconnaissance, intervenue jeudi dernier, de la marocanité du Sahara par Washington, suite à un décret signé par le président américain, Donald Trump.
Tout en évitant de citer le président américain ou les Etats-Unis, le communiqué du département de Sabri Boukadoum écrit que «la proclamation du 4 décembre, annoncée le 10, est sans effet juridique, car elle contrevient à l’ensemble des résolutions des Nations Unies et notamment à celles du Conseil de Sécurité sur la question du Sahara occidental».
Redondant pêle-mêle son champ lexical suranné lié à la décolonisation, l’autodétermination, ou ce qu’elle appelle la doctrine de l’ONU et de l’ancienne OUA, l’Algérie s’érige en donneuse de leçons de droit international, en affirmant qu’elle continuera à respecter la «légalité internationale» qui se résume selon ledit communiqué en «son appui indéfectible à la cause juste du peuple sahraoui».
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Enfin, le MAE algérien prévient que la nouvelle donne (reconnaissance de la marocanité du Sahara par les USA) «pourrait porter atteinte aux efforts de désescalade déployés tous azimuts en vue de préparer le terrain au lancement d’un véritable processus politique… sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, appuyée par l’Union africaine». Alger semble oublier qu’elle mobilise tous les médias algériens au service de propagande belliqueuse qu’elle dicte au Polisario qui annonce chaque jour des «tirs massifs» -fictifs- contre l’armée marocaine. Parler aujourd’hui de désescalade fait un peu désordre.
C’est finalement à une réaction tardive, suite certainement à l’effet douche froide qu’elle a générée, une réaction confuse et gênée face à la décision assumée d’un poids lourd de la scène internationale que sont les USA, que l’on a eu droit de la part de l'Algérie. Un pays qui semble, une nouvelle fois, choisir la voie de l’isolement et de l’entêtement.
Quelques heures seulement avant cette réaction officielle, le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, a lui aussi effleuré la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les Etats-Unis d’Amérique. Il y a trouvé un nouvel alibi pour demander aux Algériens de s’unir derrière le pouvoir, car cette reconnaissance «vise particulièrement» l’Algérie, selon lui.
Abdelaziz Djerad a clairement reconnu que son pays traverse une crise, que l’on savait profonde et multiforme, en appelant les Algériens à s’unir derrière leur pouvoir actuel (militaire s’entend).
«Attention, lorsque nous disons qu'il faut s'unir et résoudre nos problèmes internes entre nous, le peuple algérien doit prendre conscience de l'importance des efforts de solidarité et de fraternité pour trouver les meilleures voies à même de sortir de cette crise», a-t-il affirmé devant les médias, ce samedi.
Cette crise à laquelle il a fait allusion n’est pas seulement économique et sociale, ou politique, au moment où le président Abdelamadjid Tebboune va boucler ce mardi deux mois d’invisibilité pour cause de grave maladie.
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Pour Djerad, elle vient de la récente normalisation des relations maroco-israéliennes, qu’il estime être un danger pour les «frontières» de son pays. «Il y a des manœuvres étrangères qui visent à déstabiliser l'Algérie. Il y a maintenant une volonté de l'entité sioniste (ndlr: Israël) de se rapprocher de nos frontières», a accusé le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad. On sait que le régime algérien alimente l’antisémitisme, y compris dans les écoles. Mais de là à ce qu’un Premier ministre, au demeurant faible et sans pouvoir, verse dans la haine contre les juifs, sans précautions rhétoriques, cela en dit long sur le degré d’immaturité des responsables «politiques» qui administrent l’Algérie.