Il s’y était engagé il y a de cela un an, presque jour pour jour, au même endroit, à savoir dans son fief à Agadir. Il l’a fait. Au bout de treize tournées régionales (à travers les 12 régions du Maroc et une étape parisienne visant les Marocains du monde), Aziz Akhannouch, président du Rassemblent national des indépendants (RNI), a enfin son programme politique. Il en a fait la présentation ce samedi 24 février dans la capitale du Souss, lors d’une cérémonie marquant l’étape finale de ces tournées. C’était devant pratiquement quatre mille personnes, des militants du parti pour la plupart, tous acquis à la personne et au plan de réforme qu’il mène depuis son élection à la tête de la Colombe.
Entrée triomphale, sur fond de «Andou Zine, Andou Lahmam», en référence au symbole du parti, slogans, une scène où on voit Aziz Akhannouch «backé» par son Bureau politique et les ténors de sa formation, écrans géants, powerpoint (toujours), drone pour filmer la cérémonie, films institutionnels retraçant tout le travail accompli et les étapes, régionales comme organisationnelles, franchies…le décor est planté. Plus qu’une stratégie et un plan d’action, il s’est agi de dire ce qu'est le (nouveau) RNI. Un RNI qui fait désormais de la justice sociale son credo, annoncé d’entrée de jeu et répété tout au long du meeting, constats de dirigeants et témoignages de militants à l'appui. Education, santé, emploi…Toutes les thématiques qui fâchent y sont passées. Et le langage se voulait sincère, authentique. Et c’est sur cette base, à savoir l’écoute, que le RNI a élaboré son programme. «C’est la première fois au Maroc qu’un programme politique émane de la base et non pas du sommet», se plaît-on à dire au sein du parti.
Après cinq témoignages de jeunes cadres de cette formation, où des piques ont bien été lancées à l’adresse des «forces obscurantistes», dont le RNI se fait l’ennemi déclaré, et un film sur tous les espoirs, mais aussi les déceptions des jeunes au Maroc, Akhannouch prend la parole. «Je reviens vers vous après un an de travail sans relâche pour dire que nous avons tenu tant nos promesses que nos délais. Le parti est restructuré, avec des organisations parallèles. Il compte 100.000 nouveaux inscrits. Nous avons tenu nos congrès régionaux et notre congrès national. Nous avons obtenu quatre des cinq sièges à pourvoir lors des élections partielles», a notamment souligné le président du parti.
Et maintenant? «Il faut voir notre réalité sociale en face. Une réalité sur laquelle ils étaient nombreux à surfer, jouant la carte du désespoir. Notre offre politique est une réponse à la fois aux revendications légitimes de nos concitoyens et à ceux qui se nourrissent de leurs malheurs», a dit Akhannouch. Et de reconnaître: le chômage est au plus haut alors qu’il devrait diminuer, la santé et l’éducation n’ont pas connu de vraies réformes.
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La voie de la confianceJustement, l’offre du RNI porte -fait rare- sur ces seuls secteurs. Elle a un nom: La voie de la confiance. Le RNI se positionne ainsi au centre, prônant ouvertement la social-démocratie, basée sur la justice sociale comme idéologie, l’émancipation citoyenne comme finalité et l’égalité, la responsabilité et la cohésion sociale comme trois valeurs sacrées. Mais concrètement?
De l'emploiLe RNI table sur la création 2 millions d’emplois à l’horizon 2025. Les secteurs à promouvoir sont les services (avec 1,1 million de postes prévus) mais aussi l’industrie et l’offshoring, tout en stabilisant les emplois dans l’agriculture et la pêche. Pour y arriver, le parti table sur l’encouragement du secteur privé, la réforme des CRI, le développement des infrastructures et de la logistique, en focalisant également sur les PME et l’auto-entrepreneuriat. Il s’engage également à former 1 million de jeunes n’ayant pas de formation sur 5 ans et n’oublie pas la formation continue, qui profite à 7% à peine des salariés du secteur privé.
De l'éducation Le RNI s’engage à éradiquer l’abandon scolaire, à généraliser le préscolaire à partir de trois ans et les écoles communautaires dans le rural «avec des services de transport, des cantines et de l’hébergement». Il entend également équiper toutes les écoles de matériel informatique, renforcer les langues (l’anglais et le français en premier) et rendre obligatoire l’intégration des élèves ayant abandonné l’école dans les circuits informels. L’intégration des personnes à besoins spécifiques, l’amélioration des conditions de travail des enseignants, avec une révision du système de rémunération, sont également prévues. Autre piste, la création d’une faculté spécialisée dans la formation de cette catégorie.
Une réforme globale du système universitaire et de la formation professionnelle en renforçant l’esprit d’entrepreneuriat chez les étudiants notamment est aussi prônée.
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De la santéLa réforme devra commencer par l’encouragement de la médecine de famille. En prime: un médecin pour chaque 500 habitants. La création de centres hospitaliers de proximité et la révision de la carte de santé au Maroc sont également en jeu. Au menu, figure aussi la promotion de l’exercice de la médecine dans les régions éloignées, la création d’une faculté de médecine dans chaque région avec des bourses aux étudiants en échange de l’obligation d’exercer dans la même zone. La révision du statut et des salaires des médecins et l’autonomisation des services régionaux de santé, notamment à travers la création d’agences régionales en charge de ce secteur, sont aussi défendues. Mieux encore, le RNI entend élargir la couverture santé et la ramener de 52% actuellement à 90% à l’horizon 2025.
L’ensemble de ces mesures fera l’objet de publication, le 2 mars, d’un livre, physique et électronique, accessible à tous les Marocains. Tout est de savoir comment ces programmes seront financés et avec quels moyens. «Nous avons un modèle et une proposition à sujet et que nous dévoilerons au moment opportun», répond Akhannouch à une question de le360.
Une autre question s’impose: le RNI, serait-il en train de mener campagne avant l’heure? «On peut dire ce qu’on veut. Pour nous, la chaise vide, c’est fini. Les élections ne sont pas une finalité, mais un moyen pour mettre notre offre en application. Nous restons partenaires de nos alliés au sein du gouvernement. Et nous n’avons guère besoin de surenchère à ce titre. Le RNI compte un historique et des réalisations dont le meilleur de nos détracteurs ne dispose pas», a affirmé Akhannouch. Abdelilah Benkirane est passé par là.