Les images, filmées mardi 30 mai, de la manifestation d’Al Hoceima montrent un Ahmed Zefzafi, père de Nasser, solidaire tant du «combat» de son fils que de celui des frondeurs d’Al Hoceima. «Ce qui arrive est notre destin. Mais ce n’est pas une ironie du sort. C’est plutôt une ironie contre ceux que le sort a privilégiés», a-t-il d’emblée lancé. N'était la compassion envers la douleur d'un père, on serait presque tenté de dire: tel père, tel fils.
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S’adressant à ceux qui sont sortis manifester à Al Hoceima, dans le reste du Maroc et en Europe, il a affirmé être venu à la manifestation pour rassurer quant à la poursuite du Hirak et pour transmettre un message à son fils Nasser et ceux qui ont été «enlevés» avec lui. «Nous vous disons que vos frères au Rif et ailleurs sont avec vous», a-t-il dit. Et d’ajouter, non sans mépris: «nous demandons à cet Etat de revenir sur ces arrestations et enlèvements. Vous (la foule, ndlr), restez fidèles au combat». Un discours digne d’un autre temps et, à le croire, d’une autre géographie.
Sauf que l’auteur de ces litanies et de cet appel est lui-même un privilégié de ce même Etat et une personne qui avait témoigné, il n'y a pas si longtemps, sa gratitude envers le «Makhzen» qu’il critique aujourd’hui.
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Une information, relayée images à l’appui, par 2M en 2010, en apporte la preuve. Ahmed Zafzafi fait partie des locataires de maisons habous à Al Hoceima et auxquels l’Etat, tant décrié, a cédé ces demeures, au nombre de 46, à des tarifs dérisoires, voire symboliques.
Ces maisons, là même où habitait Nasser Zefzafi, sont situées dans un village Habous inauguré en 1950 par feu le roi Mohammed V au quartier Al Ahali. Leur cession a été décidée après une série de rencontres entre les autorités et l’amicale des anciens locataires, au prix de 1.500 dirhams le m2. Le prix d’une maison de 80 m2 revient ainsi à 120.000 dirhams. Inespéré. Cité dans le reportage 2M, Ahmed Zefzafi ne cache pas sa joie d’être devenu propriétaire dans un quartier appelé depuis «Diour Al Malik» (Les demeures du roi). «Nous avons profité du fait que le village est propriété makhzénienne pour porter une requête à sa majesté», précise Ahmed Zefzafi, secrétaire général de l'amicale en question, au micro de 2M.
Au mieux, cela s’appelle cracher dans la soupe. Au pire, avoir la mémoire très courte et cultiver l'incohérence et les paradoxes.