C’est d’un commun accord que le Maroc et l’Algérie ont décidé, le 12 mars courant, de suspendre tous les vols reliant les deux pays dans le cadre des mesures prises en vue de contrer la propagation de l’épidémie du coronavirus.
Moins de 48 heures après cette décision, que le deux pays ont d’ailleurs étendu à toutes les liaisons aériennes avec le reste du monde, le président algérien, AbdelmajidTebboune, est monté au créneau pour, d’abord, donner des instructions de «rapatrier les Algériens bloqués au Maroc», avant que la présidence algérienne ne sorte un communiqué, le samedi 15 mars, informant de la mise en œuvre des instructions de Tebboune. «En application des instructions du président de la république, M. Abdelmadjid Tebboune, plusieurs avions s'envolent, samedi soir, à destination du Maroc, en vue du rapatriement, vers le pays, des voyageurs algériens bloqués à l'aéroport de Casablanca, et ce en accord avec les autorités marocaines», précise ce communiqué.
Rien de plus normal jusqu’ici. Mais quand on aura constaté les jours suivants que cette mesure présidentielle n’a pas profité aux autres Algériens dans la même situation, et dont quelquesmilliers sont encore bloqués à ce jour dans plusieurs aéroports à travers le monde, on est en droit de se poser des questions quant aux soubassements des faveurs accordées par Tebboune aux Algériens du Maroc.
Lire aussi : Algérie: entre grave crise économique et fixation endémique sur le Maroc
On ne le dira jamais assez, mais tout ce qui touche au Maroc revêt un caractère crucial, prioritaire pour le régime algérien. Les touristes algériens bloqués dans d’autres pays peuvent crever, attaquer des magasins de denrées alimentaires comme à l’aéroport d’Istanbul, donner une image terrible d’un pays qui abandonne ses citoyens… Ce n’est pas important. Ce qui importe à Tebboune et aux dirigeants algériens, c’est de ne pas donner l’impression de laisser des touristes algériens en rade au Maroc. Et surtout de ne pas donner l’occasion au tissu associatif marocain et aux autorités marocaines de les prendre en charge. Le fameux nif algérien ne se dresse que quand il s’agit du royaume du Maroc.
Après avoir usé de ses «instructions» pour rapatrier les Algériens du Maroc, le président Tebboune est passé à autre chose. Plus aucun communiqué de la présidence à l’adresse des Algériens bloqués dans des pays comme la Turquie, l’Espagne et la Malaisie. Il y a eu juste une promesse présidentielle du bout des lèvres pour rapatrier t les Algériens bloqués à travers le monde. Cette promesse tarde à se concrétiser une quinzaine de jours plus tard.
En effet, au jour d’aujourd’hui, plus de 1500 Algériens sont toujours bloqués à Istanbul et à Kuala Lumpur. Certains seraient même en situation de détresse matérielle et psychologique, alors que le personnel des consulats et ambassades d’Algérie à Istanbul et en Malaisie a reçu l’ordre de quitter les représentations diplomatiques pour ne pas avoir à traiter ces dossiers. Cela s’appelle abandonner des compatriotes en les laissant livrés à leur sort. Ces malheureux touristes, aujourd’hui pris en charge par des pays tiers, auraient dû faire le choix du Maroc au lieu de la Turquie ou de la Malaisie. Tebboune aurait mobilisé tous les moyens pour les faire rentrer à la maison dare-dare.