La loi de l’offre et de la demande ne se décrète pas. Mais le gouvernement peut contribuer à abaisser les prix de certaines denrées en approvisionnant, plus que suffisamment, les marchés et en consentant une réduction des droits de douane aux importateurs. A ce titre, il pourra en fixer le prix plancher et l’imposer à travers un contrôle régulier. Or, si le gouvernement vient de rassurer les ménages marocains sur la stabilité des prix, qui selon lui, n’évolueront pas d’un centime durant le ramadan, voilà qu’un produit très consommé pendant le mois sacré le contredit.
Le quotidien Assabah, dans son édition de ce vendredi 19 mai, et sur la foi d’une visite de différents marchés dans des quartiers pauvres et nantis de la métropole économique, a constaté que le prix des lentilles a atteint cette année son summum. Ainsi les lentilles de production locale sont-elles négociées au minimum à 25 DH le kilo, alors que les lentilles importées sont vendues à partir de 30 DH le kilo.
Selon plusieurs commerçants, il faut s’attendre à une autre flambée du prix des lentilles durant les jours à venir. Et ce, d’autant plus que la demande ira crescendo concernant cet ingrédient incontournable dans la préparation quotidienne de la harira, que tous les ménages et restaurants préparent à gogo pendant tout le mois de ramadan.
Les professionnels de la filière des légumineuses y vont eux aussi de leur petite explication sur cette montée des prix. Ainsi, selon Benchaïb Ghallab, président de l’Association marocaine des importateurs d’épices, de céréales et de légumineuses (AMIECL), qui s’est confié à Assabah, plusieurs facteurs sont à l'origine de cette hausse. D’une part, le stock importé sous le régime de la baisse des droits de douane, consentie l’année dernière par le gouvernement jusqu’à fin juin 2017, a été quasiment épuisé. Benchaïb Ghallab ajoute que, malgré la bonne pluviométrie enregistrée cette année, la production de lentilles est en perte de vitesse dans certaines régions comme Zaers, Oulad Hajjaj et Taza, où les agriculteurs lui préfèrent d’autres cultures comme celle de l’orge. Ainsi, la production nationale actuelle en lentilles est-elle descendue jusqu’à 20.000 quintaux par an, alors qu’en une année normale, elle est comprise entre 60.000 et 100.000 quintaux. Même sur le marché international, notamment au Canada d’où le Maroc importe ses lentilles, les prix ont grimpé en flèche, avec parfois des taux de renchérissement atteignant les 78%.
Autant dire que l’offre actuelle est très réduite, y compris au niveau de la contrebande, et ne répond pas à l’importante demande locale. Mais il faut relativiser ces prix, car selon les chiffres officiels, les ménages marocains consomment 30.000 quintaux de lentilles par mois. Or, le dernier Recensement général de la population et de l’habitat faisant état de 7 millions de familles au Maroc, la consommation en lentilles serait alors de 500 g (soit 15 DH) par famille et par mois (soit 50 centimes par jour).