Les pharmaciens seront en grève le 13 avril prochain. Ce débrayage à l’échelle nationale vient en protestation contre «l’absence de communication et de concertation de la tutelle avec les acteurs du secteur ces dernières années», expliquent les représentants de la profession lors d’une conférence de presse tenue le mardi 4 avril.
Pour ces derniers, il est également question de réfuter «les conclusions de rapports et les déclarations qui fragilisent le secteur et ternissent l’image des pharmaciens d’officine», clin d’oeil explicite au contenu du dernier rapport de la Cour des comptes dédié à la profession.
Une profession «en déclin»
Dans une déclaration à Le360, Ilham Lahlou, présidente du Syndicat des pharmaciens du Grand Casablanca, affirme que la profession a amorcé un véritable déclin, qui se rapproche de l’agonie. «Depuis plusieurs années, la profession de pharmacien subit une détérioration continue, imputable à notre ministère de tutelle.
«Près de 3.000 pharmaciens ont déjà été contraints de déposer le bilan, certains se sont même suicidés»
— Ilham Lahlou, présidente du Syndicat des pharmaciens du Grand Casablanca.
Ce dernier a pris, prend et compte prendre des décisions unilatérales, sans tenir compte de l’avis des instances représentatives. Ce manque de dialogue a eu pour conséquence une baisse de la rentabilité des pharmacies, menaçant même la survie de la profession», argumente-t-elle.
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«Près de 3.000 pharmaciens ont déjà été contraints de déposer le bilan, certains se sont même suicidés, et d’autres sont poursuivis en justice pour des dettes impayées. La grève prévue le 13 avril a donc été décidée en concertation avec toutes les instances syndicales pour dénoncer ces faits», note notre interlocutrice, qui poursuit: «nous espérons que cette mobilisation pourra amener toutes les parties prenantes à considérer nos revendications et à travailler ensemble à la recherche de solutions durables pour la sauvegarde de la profession», poursuit-elle.
«Une marge qui ne dépasse pas les 8%»
Pour sa part, Oualid Amri, vice-président du Syndicat des pharmaciens du Grand Casablanca, a tenu à contester les conclusions du dernier rapport de la Cour des comptes. Pour rappel, ces dernières indiquent que les marges bénéficiaires des pharmaciens, sur les médicaments dont le prix hors-taxes est inférieur ou égal à 588 dirhams, varient de 47% à 57%. Alors que pour les produits dont le prix de revient dépasse le seuil précité, les marges varient entre 300 et 400 dirhams par boîte, des montants bien supérieurs aux marges des pharmacies dans des pays comme la Turquie ou la France.
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«Le dernier rapport de la Cour des comptes est la goutte qui a fait déborder le vase. Les marges annoncées dans ce rapport ne correspondent pas à ce que perçoivent vraiment les pharmaciens. Les 57% en question correspondent aux prix usine en hors-taxe. En réalité, notre marge ne dépasse pas généralement les 8%», explique-t-il.
Les pharmaciens se disent actuellement confrontés à différentes problématiques et à d’importantes difficultés financières. Ils déclarent être déterminés à se faire entendre par le ministère de tutelle afin de trouver des solutions pour améliorer leur situation et assurer un avenir meilleur pour la profession. Quitte à passer par une grève nationale inédite pour atteindre cet objectif.