Ahmed Naser Al-Raisi, président d’Interpol: comment le Maroc s’est imposé par son expertise dans la lutte contre le crime organisé

Pourquoi le Maroc est un partenaire incontournable pour Interpol

De G à D: le général-major Ahmed Naser Al-Raisi, président de l’Organisation internationale de police criminelle, le directeur général de la Sûreté nationale et de la Surveillance du territoire, Abdellatif Hammouchi, et le secrétaire général d’Interpol, Valdecy Urquiza. (A.Gadrouz/Le360)

Le 24/11/2025 à 14h04

VidéoLe coup d’envoi de la 93ème Assemblée générale d’Interpol a été donné ce lundi à Marrakech. Lors de la séance inaugurale, le général-major Ahmed Naser Al-Raisi, président de l’Organisation internationale de police criminelle, a salué l’engagement du Maroc et a rappelé l’importance d’une coopération mondiale plus élargie.

Dans son mot d’ouverture, le général-major Ahmed Naser Al-Raisi, président de l’Organisation internationale de police criminelle, a rendu hommage au Maroc, évoquant un pays dont l’histoire et la géographie font le pont entre les continents.

Le président d’Interpol a décrit le Maroc comme «une terre qui relie l’Orient à l’Occident et unit le Nord au Sud», saluant «un pays riche par son identité, son hospitalité et sa diversité», et précisant que «le Royaume offre un modèle solide d’ouverture, de coopération et de soutien continu à la sécurité internationale».

Ahmed Naser Al-Raisi a rappelé que la tenue de cette assemblée à Marrakech n’est pas un simple choix logistique. Il a expliqué que le Maroc s’est imposé par son sérieux, son expertise et son rôle reconnu dans la lutte contre le crime organisé. Il a affirmé que «cette terre a accueilli le monde en 2007 et nous y revenons aujourd’hui, inspirés par l’expérience marocaine et par sa contribution à la sécurité internationale».

Son intervention a été suivie d’un hommage appuyé aux autorités marocaines et au directeur général de la Sûreté nationale et de la Surveillance du territoire, Abdellatif Hammouchi, salué pour «la qualité de l’accueil et le soutien essentiel à l’organisation de cet événement mondial».

Le général-major Ahmed Naser Al-Raisi a précisé que «l’Assemblée générale n’est pas un simple dialogue annuel, mais une plateforme qui permet de définir la trajectoire de la plus grande organisation policière du monde». Durant quatre jours, les États membres présents examineront les tendances criminelles émergentes, les menaces globales et les stratégies communes.

Le président de l’Organisation internationale de police criminelle a souligné qu’il s’était engagé en 2021 à «moderniser Interpol sur la base de l’intégrité, de l’innovation et d’une coopération accrue entre les pays membres».

Le président d’Interpol a, par ailleurs, présenté un bilan marqué par des résultats concrets. Il a déclaré que plus de «200 opérations transfrontalières ont été menées au cours des 4 dernières années», permettant des saisies record et la récupération de biens volés pour une valeur supérieure à 17,3 milliards de dollars.

Des centaines d’arrestations ont été réalisées dans le cadre d’opérations devenues emblématiques comme Vénéder, Liberterra ou Trigger, que le président a qualifiées de «références mondiales en matière de coopération policière».

Les efforts d’Interpol ont également permis l’émission de notices visant à récupérer près de 19 milliards de dollars issus d’activités criminelles, ce qu’il a décrit comme «des vies protégées et des réseaux démantelés».

Ahmed Naser Al-Raisi a aussi mis en avant les progrès accomplis dans le domaine technologique. Il a souligné le rôle du Complexe mondial pour l’innovation de Singapour, célébrant «10 années de progrès qui ont fait de cette structure une pierre angulaire de l’innovation cybernétique mondiale».

Il a, par ailleurs, indiqué que les recherches dans les bases de données d’Interpol ont quasiment doublé pour atteindre 7,8 milliards de consultations annuelles. Il a également présenté la plateforme I-Core, qui simplifie le travail des services policiers et accélère l’échange d’informations, faisant observer que «ces avancées ne sont pas le fruit du hasard mais l’aboutissement d’une stratégie déterminée de modernisation».

Dans une déclaration à la presse, le secrétaire général d’Interpol, Valdecy Urquiza, a pris la parole pour rappeler l’importance de cette assemblée. Il a indiqué que c’est «le rendez-vous le plus important de l’organisation, celui où se dessinent les réponses aux menaces que nous affrontons collectivement».

Lutte contre la cybercriminalité, lancement d’outils technologiques... Les priorités d’Interpol

Il a précisé que cette édition réunit «plus de 1.000 délégués issus de 181 pays, dont 25 ministres et 82 chefs de police». Le secrétaire général d’Interpol a mis l’accent sur les priorités de l’année, parmi lesquelles la cybercriminalité, la lutte contre les organisations criminelles, les crimes émergents et le lancement d’outils technologiques majeurs.

Valdecy Urquiza a présenté, par ailleurs, Nexus, un outil destiné à permettre aux pays membres de partager en temps réel les informations opérationnelles indispensables à la lutte contre le crime organisé.

Rappelons que la cérémonie d’ouverture a été également marquée par l’allocution du directeur général de la Sûreté nationale et de la Surveillance du territoire, Abdellatif Hammouchi, qui a rappelé l’importance du moment et la portée des décisions qui seront discutées durant cette 93ème Assemblée générale d’Interpol.

Abdellatif Hammouchi a également souligné que les États ne peuvent plus se permettre d’agir isolément face à des réseaux criminels qui se déplacent d’un continent à l’autre et utilisent des outils technologiques de plus en plus sophistiqués. Les délégations, attentives, ont suivi une intervention qui a posé les bases des débats de la semaine.

La séance d’ouverture s’est déroulée en présence notamment du ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, du ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, ainsi que du Secrétaire général du Conseil des ministres arabes de l’Intérieur, Mohamed Ben Ali Koman.

Ont pris part également à cette cérémonie le Premier président de la Cour de cassation, Président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, Mohamed Abdennabaoui, le procureur général du Roi près la Cour de Cassation, président du ministère public, Hicham Balaoui, et le délégué général à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, Mohamed Salah Tamek.

La séance inaugurale a été ponctuée aussi par la projection d’une vidéo retraçant l’évolution de l’institution policière marocaine et de ses services au fil des années.

Par Hajar Kharroubi et Adil Gadrouz
Le 24/11/2025 à 14h04