Casablanca: comment Dream Village entend redonner vie au zoo mythique de Aïn Sebaâ

Des gazelles damas, originaires d'Afrique. (K.Essalak/Le360)

Après plusieurs années de fermeture et de réaménagement, le zoo de Aïn Sebaâ s’apprête à rouvrir officiellement ses portes, marquant la renaissance du plus ancien zoo du Maroc. La gestion et l’exploitation du site ont été confiées par la mairie de Casablanca à Dream Village pour une durée de vingt ans. À la tête de ce projet, Mohamed Mgharfaoui promet un établissement entièrement repensé, conforme aux meilleurs standards internationaux et résolument orienté vers les familles.

Le 18/12/2025 à 12h08

Initialement prévue pour le 22 décembre, l’ouverture du zoo de Aïn Sebaâ sera légèrement décalée pour des raisons exclusivement liées aux conditions météorologiques. À l’heure où nous mettions en ligne, une réunion était en cours afin d’arrêter une nouvelle date officielle. La semaine du 22 au 28 décembre s’annonce en effet pluvieuse, avec une météo peu favorable à une visite en plein air. Or, le parcours du zoo se déroule essentiellement à ciel ouvert, ce qui a conduit les responsables à privilégier une journée pleinement ensoleillée pour accueillir le public dans les meilleures conditions.

Un lieu chargé de mémoire

Créé à l’époque du protectorat, le parc zoologique de Aïn Sebaâ occupe une place particulière dans la mémoire collective des Casablancais. Longtemps laissé à l’abandon, il a bénéficié d’un vaste chantier de réhabilitation, suivi de près par le wali de Casablanca-Settat, le gouverneur de la préfecture de Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi et la mairie de Casablanca.

L’objectif est clair: redonner vie à un lieu chargé de souvenirs pour plusieurs générations, en particulier les habitants des quartiers avoisinants tels que Aïn Sebaâ, Hay Mohammadi et Sidi Bernoussi, et lui restituer sa vocation première, celle de la découverte, de la pédagogie et de la conservation de la faune.

Le nouveau zoo repose sur un concept assumé de parc familial. «Nous voulons un zoo respectueux des animaux et du public, avant tout pensé pour les familles», souligne Mohamed Mgharfaoui, propriétaire et PDG du groupe Dream Village. La politique tarifaire s’inscrit dans cette logique. L’entrée est fixée à 80 dirhams pour les adultes et 50 dirhams pour les enfants, tandis qu’un forfait familial de 200 dirhams est proposé pour un couple avec deux enfants. Le billet individuel est volontairement plus élevé. «Ce choix vise à préserver un cadre calme et éducatif, en orientant la fréquentation vers les familles», explique-t-il. Selon lui, au regard du tarif réduit pour les familles et les groupes (60 dirhams pour les adultes et 40 dirhams pour les enfants), le zoo d’Aïn Sebaâ figure parmi les plus accessibles au monde. À titre de comparaison, un zoo de concept similaire à Valence affiche un prix d’environ 45 euros par personne.

Le choix de Dream Village pour l’exploitation du zoo ne relève pas du hasard. L’enseigne s’est imposée comme une référence nationale en matière de gestion zoologique et de conservation de la faune sauvage. Elle exploite déjà un parc zoologique éponyme, abritant diverses espèces animales, intégré à un vaste complexe touristique et de loisirs à vocation écologique, situé entre Casablanca et Mohammedia, à proximité de la forêt des Cascades.

S’appuyant sur des compétences marocaines reconnues et travaillant en étroite collaboration avec l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF), Dream Village a su développer un savoir-faire solide. Celui-ci, conjugué aux efforts des autorités locales, a permis, selon Mohamed Mgharfaoui, de sortir le zoo de Aïn Sebaâ de l’impasse et de relever un défi longtemps considéré comme particulièrement complexe.

Interrogé sur l’origine des animaux du zoo de Aïn Sebaâ, le nouveau gestionnaire se veut catégorique. Aucun spécimen n’a été prélevé dans la nature. Tous ont été importés de l’Union européenne et sont nés et élevés en captivité, conformément à la loi 29-05 et à la Convention de Washington, dont le Maroc est signataire. Parmi les espèces accueillies figurent notamment un éléphant provenant de Suisse, deux femelles éléphants de Belgique, deux jaguars de République tchèque, un tapir de France, des hyènes des Pays-Bas, des girafes d’Italie ainsi que deux hippopotames nains, parmi les plus rares au monde, importés du Portugal. «Ramener des animaux nés dans la nature s’apparenterait à du braconnage. En revanche, lorsqu’un animal naît chez nous, nous avons le droit de le réintroduire dans son milieu naturel», explique Mohamed Mgharfaoui.

Le zoo de Aïn Sebaâ se distingue également par son concept immersif et sa diversité géographique, se démarquant du zoo Moulay El Hassan de Rabat, dont le parcours est consacré exclusivement au continent africain. À Casablanca, la visite propose une découverte de trois continents, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique, enrichie par la présence de quelques espèces originaires d’Australie, telles que les kangourous géants et des oiseaux exotiques.

Une vaste volière immersive, importée de Chine, offre aux visiteurs la possibilité d’évoluer au cœur même des espaces dédiés aux oiseaux, y compris des espèces australiennes, dans un environnement conçu pour reproduire au plus près leurs conditions naturelles.

Au-delà de l’exposition animale, le projet accorde une place centrale à la pédagogie et à la formation. Le site est doté d’une clinique vétérinaire répondant aux normes internationales et prévoit la création d’une école dédiée aux métiers vétérinaires et animaliers. De nombreux jeunes ont été recrutés et formés dans ce cadre.

Un centre d’immersion pédagogique en réalité virtuelle viendra compléter l’offre, grâce à des logiciels de pointe acquis sous licence européenne. Ce dispositif, inédit au Maroc, permettra au public de découvrir virtuellement les animaux évoluant dans leur milieu naturel.

Les familles pourront également profiter de plusieurs espaces de restauration, incluant des kiosques, des sandwicheries en zone de pique-nique et un restaurant avec vue sur la savane. Une autre surprise attend les visiteurs avec l’ouverture, prévue pour mars 2026, d’un parc d’attractions s’étendant sur un hectare et comprenant seize manèges. Ce projet vise à faire du zoo un véritable pôle de loisirs familial.

Pour Mohamed Mgharfaoui, la mission d’un zoo ne se limite pas à l’exposition. Elle repose avant tout sur la conservation et la sensibilisation. Grâce à l’expertise développée au sein de Dream Village, plusieurs espèces nées en captivité, comme les mouflons, les porcs-épics, les vautours, les gazelles dorcas ou encore les daims, ont été réintroduites dans la nature en collaboration avec l’ANEF, où elles se reproduisent aujourd’hui.

«Ce n’est pas une question de budget ou de rentabilité, c’est avant tout une passion», confie-t-il. Une passion de l’enfance pour la faune sauvage, nourrie par vingt années d’expérience et reconnue par les autorités marocaines ainsi que par des professeurs vétérinaires à l’international. Fin décembre, le zoo de Aïn Sebaâ ambitionne ainsi de rouvrir sous un nouveau visage, moderne, immersif et fidèle à son histoire, avec la promesse de devenir le meilleur zoo du Maroc et un lieu à la hauteur des attentes des familles.

Par Wadie El Mouden
Le 18/12/2025 à 12h08