"Où vivent les grands singes?", titre cette première séance d'un cours de science à destination des classes de CM2, avec pour consigne de trouver dans l’image "qui sont les grands singes" et de "relier chacun à son image", avant de "placer chacun dans son habitat".
Sur l’image illustrant l’exercice, un gorille, un orang-outan, un chimpanzé, un bonobo et… une femme, Noire.
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En découvrant la teneur à la fois raciste et misogyne de ce document, envoyé à leurs enfants en guise d’"exercice", le sang des parents n’a fait qu’un tour. La direction de l’établissement primaire rattaché à l’Agence de l’enseignement du français à l’étranger, AEFE, a immédiatement réagi dans l’après-midi, en adressant un courriel aux parents d’élèves.
"Vous avez sûrement pris connaissance d’un document de sciences 'où vivent les grands singes?' qui a été distribué aux élèves de CM2. Ce document présente un exercice (page 1) qui a pu, à juste titre, choquer votre sensibilité. En effet, présenter dans un même exercice, une femme noire et les grands singes est d’une maladresse inadmissible qui peut renvoyer à des amalgames tout à fait contraires aux valeurs que notre école défend", écrit ainsi Sébastien Galard, le directeur de l’établissement, s’excusant au passage de la diffusion de ce document auprès des enfants, mais n’annonçant pas pour autant une quelconque mesure disciplinaire à l’encontre des professeurs ayant diffusé ce document.
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Pas de quoi apaiser l’indignation et la consternation des parents d’élèves, qui vont alors recevoir dans la soirée du même jour, un deuxième courriel, cette fois-ci sous forme de communiqué émanant directement de l’AEFE… Et autant dire que le ton a changé.
Car si le directeur de l’école concernée préférait parler de "maladresse inadmissible", pour évoquer un cas d’école de racisme et de misogynie et de "sensibilité choquée" pour qualifier le ressenti des parents et des élèves, l’AEFE a, semble-t-il, pris la mesure de la gravité des faits, et emploie quant à elle dans sa lettre les termes beaucoup plus appropriés de "racisme" et de "sexisme" pour qualifier la teneur de ce document.
"Nous avons pris connaissance avec consternation du contenu d’un exercice qui a été envoyé ce jour à des élèves de l’école primaire Ernest Renan de Casablanca au Maroc. Le choix de ce document raciste et sexiste est une faute grave à nos yeux", est-il écrit dans ce communiqué où on apprend également qu’"une enquête administrative est ouverte et [que] l’AEFE prendra les mesures qui s’imposeront".
Autrement dit, si la direction de l’école n’a pas diligenté d’elle-même une enquête en son sein, c’est l’ensemble de la structure pédagogique qui tombe désormais sous le coup de cette enquête menée par l’AEFE, qui conclut son communiqué en insistant sur la transmission des "valeurs républicaines dans l’enseignement français à l’étranger, au premier rang desquelles l’égalité et la lutte contre toutes les formes de racisme".