Il était plus que temps, et pour l’avenir de la plus grande métropole du Royaume, c’est aussi nécessaire que salvateur. Casablanca connaît un essor sans précédent en matière de renforcement de ses infrastructures, notamment routières.
Elargissement de voies, nouvelles lignes de tramway, passages souterrains, désengorgement de certains points noirs de la circulation... De nombreux projets sont en cours. Sauf qu’en attendant leur pleine réalisation, ces chantiers font des mécontents, en l’occurrence parmi la communauté des chauffeurs de taxis.
Interrogés par Le360, certains d’entre eux pointent de nombreux dysfonctionnements, notamment des retards d’exécution et un certain manque de planification qui grève tant la circulation dans la ville que leur activité.
Chauffeur de Grand taxi, Mourad en fait partie. Il consent volontiers que ces travaux sont importants, mais relève certaines failles. «Ailleurs, ces genres de chantiers sont menés 24h/24 et 7J/7, et surtout dans les créneaux de faible affluence comme la nuit ou les weekends, pour en accélérer l’achèvement et permettre une reprise normale de la circulation. Mais là, nous constatons que les horaires des travaux sont ceux de l’administration. Or, c’est le pic de notre activité. Du boulevard Mohammed VI à celui d’Al Qods, il me faut par exemple 40 bonnes minutes pour faire le trajet, alors que normalement, il n’en faut pas plus de 20», se plaint-il.
A cela s’ajoute la consommation de carburant. Comptez 1,2 litre de gasoil actuellement pour le même trajet contre 0,5 litre habituellement, selon ce professionnel.
Accès interdits, état délabré de certaines routes, congestions à répétition… Les difficultés sont nombreuses. «On aurait pu lancer les travaux partie par partie, bloquer certaines voies et libérer d’autres, mais là, tout a été entamé en même temps et traverser la ville devient un parcours du combattant», indique Mourad. Résultat: un nombre de courses réduit à 4 par jour, au lieu de 10 en temps normal.
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Egalement chauffeur de taxi, Taoufik ne dit pas autre chose: «Nous sommes obligés de zigzaguer dans les ruelles pour éviter les grandes artères. Tout le monde ayant ce même réflexe, nous nous retrouvons là encore dans des embouteillages. Il aura suffi qu’il y ait un accident de voiture, hier, pour que la route soit bloquée du boulevard Al-Fida jusqu’à Biyada. Et avec près de 15 dirhams le litre de gasoil, on ne s’en sort plus.»
A l’arrivée, des clients mécontents. «Certains comprennent et se montrent compréhensifs, d’autres préfèrent faire le trajet à pied en étant sûrs d’arriver plus vite que nous», ajoute Taoufik. Pour lui, une seule solution: la patience, une valeur sacrée dans la culture marocaine.