Si la France a mis du temps à prendre une décision quant à l’utilisation de la chloroquine pour soigner les patients contaminés par le nouveau coronavirus, ce n’est pas le cas d’autres pays. Aux Etats-Unis, Donald Trump a annoncé le 19 mars que les instances sanitaires américaines avaient «approuvé» le recours à la chloroquine, un médicament anti-paludéen qui a «montré des résultats préliminaires très très encourageants», selon le président américain, qui promet d’ores et déjà aux personnes testées positives au Covid-19 d’être traitées avec ce médicament.
Le Maroc, qui a pris des mesures drastiques et anticipées contre la propagation du coronavirus, n’a pas non plus attendu longtemps. Prenant très au sérieux les résultats prometteurs des premiers tests effectués sur des patients testés positifs au Covid-19, le gouvernement marocain a racheté au laboratoire français Sanofi l’ensemble de son stock de Nivaquine, un médicament à base de chloroquine, produit dans ses usines de Casablanca.
Mieux encore, selon RFI, le Maroc aurait même demandé une commande supplémentaire de ce médicament anti-paludéen. Et Sanofi Maroc de préciser toutefois dans un communiqué que la Nivaquine (Chloroquine sulfate) indiquée dans le traitement curatif et préventif du paludisme dispose d’une autorisation de mise sur le marché «valable uniquement pour le marché marocain».
Dans la foulée, le laboratoire français Sanofi s'est dit prêt à offrir aux autorités françaises des millions de doses de l'anti-paludique Plaquenil, pouvant traiter potentiellement 300.000 malades, après des essais jugés «prometteurs» auprès de patients atteints du Covid-19.
Au regard d'une étude aux résultats encourageants menée sur ce médicament, «Sanofi s'engage à mettre son traitement à la disposition de la France et à offrir plusieurs millions de doses qui pourraient permettre de traiter 300 000 patients», a indiqué à l'AFP, mardi 17 mars, un porte-parole du laboratoire, tout en précisant que le groupe se tenait prêt à travailler avec les autorités de santé françaises «pour confirmer ces résultats.»
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Didier Raoult, le porteur d’espoirSommité à l’échelle internationale, directeur de l'IHU Méditerranée Infection à Marseille, infectiologue, professeur de microbiologie et spécialiste des maladies infectieuses tropicales émergentes à la faculté de médecine de Marseille, Didier Raoult est l’homme qui a fait naître cet espoir.
Le 11 mars, il intègre le conseil scientifique COVID-19, constitué de onze membres chargés d’éclairer les décisions à prendre par les autorités pour lutter contre la pandémie en France.
Il passe ensuite à l’action, et pendant six jours, il injecte à une vingtaine de patients atteints du Covid-19 une dose de 600mg/jour de Plaquenil, médicament commercialisé et composé d’une molécule dérivée de la chloroquine. Le directeur de l'IHU a par ailleurs associé à la chloroquine un traitement d'azythromicyne, «pour éviter les surinfections bactériennes».
Le 16 mars, il diffuse une vidéo enregistrée devant ses étudiants et fait part au monde entier de ses résultats.
«C'est spectaculaire, la charge virale moyenne avec ce virus est normalement de 20 jours. […] Les patients qui n'ont pas reçu le Plaquenil sont encore porteurs à 90% du virus au bout de six jours, tandis que ceux qui ont reçu le traitement sont 25% à être positifs».
Le 17 mars, Olivier Véran, ministre français de la Santé, se dit enfin convaincu par ces résultats prometteurs, et donne l’autorisation à plusieurs équipes d’entreprendre de essais plus amples dans les plus brefs délais.
Des effets secondaires, oui, mais…Mais des détracteurs de ce traitement mettent en garde contre ses effets secondaires.
En cas de surdosage, d'une mauvaise utilisation ou d’interactions médicamenteuses, on craint ainsi, en particulier pour les patients placés en réanimation, des nausées, des vomissements, des affections atteignant le système immunitaire, des affections gastro-intestinales, des troubles hépatiques, voire hématologiques.
«Ce qu'on dit sur les effets secondaires est tout simplement délirant. Ce sont des gens qui n'ont pas ouvert un livre de médecine depuis des années. Plus d'un milliard de gens en ont bouffé, les personnes qui souffrent de lupus en prennent pendant des décennies... Je connais très bien ces médicaments, j'ai traité 4.000 personnes au Plaquenil depuis 20 ans. Ce n'est pas moi qui suis bizarre, ce sont les gens qui sont ignorants. On ne va pas m'apprendre la toxicité de ce médicament», s’insurge le professeur Didier Raoult, en réponse à ces détarcteurs, dans la version en ligne du quotidien français La Provence.
L’espoir est permis.