Alors que le nombre de pays touchés par le Covid-19 augmente, avec de nouveaux cas diagnostiqués, ceux du sud de l’Europe, avec lesquels le Maroc entretient de nombreux liens, adoptent des mesures drastiques.
Il y a l’Italie. A partir de ce 10 mars, l’intégralité de son territoire passe en «zone rouge», les autorités priant l’ensemble des habitants, soit 60 millions d’Italiens, à rester confinés à leur domicile. A ce jour, le nombre de cas diagnostiqués positifs au Covid-19 en Italie approche les 8.000 patients. Le gouvernement italien a donc pris des mesures draconiennes, via un décret obligeant l’ensemble des habitants du pays à rester à leur domicile à partir de ce mardi. Les Italiens, et les populations qui ont immigré dans ce pays, devront donc «éviter les déplacements», sauf s’il leur faut nécessairement aller travailler, ou se ravitailler ou encore pour des soins médicaux. Les rassemblements ont également été interdits.
En France, les rassemblements de plus de 1000 personnes sont interdits sur l’ensemble du territoire. Plusieurs écoles et universités, situées dans des zones à risque, ont été fermées. Avec au moins 30 décès, et 1.606 cas de Covid-19 confirmés, la France est aujourd’hui le deuxième pays européen le plus touché, derrière l'Italie.
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En Espagne, le gouvernement a annoncé hier, lundi 9 mars, la fermeture des centres éducatifs dans ses zones les plus touchées par le Covid-19, dont la communauté de Madrid, après un bond du bilan des personnes diagnostiquées, qui s’établit désormais à 1.204 patients et 28 morts.
Depuis dimanche dernier, l'Espagne connaît d’ailleurs «une aggravation de l'évolution de la maladie», a reconnu son ministre de la Santé, Salvador Illa, à l'issue d'une réunion extraordinaire avec les autorités des 17 régions du pays, recommandant à l'ensemble de la population «d'éviter les voyages qui ne sont pas nécessaires».
Le bilan du Covid-19 a ainsi quasiment doublé au cours des 24 dernières heures: dimanche, l'Espagne comptait 589 cas de personnes diagnostiquées et 16 morts.
Italie, France, Espagne: ces trois pays réunis représentent non seulement le plus important des effectifs, en termes d’arrivées touristiques au Maroc, mais sur leur sol, ils accueillent aussi l’essentiel de la diaspora marocaine établie à l’étranger.
Sur les 13 millions de touristes accueillis par le Maroc en 2019, 2 millions étaient français, près de 800.000 étaient espagnols, et plus de 305.000 étaient italiens, selon des statistiques établies par l’Observatoire National du Tourisme. De plus, de nombreux Marocains résident dans ces trois pays: 1.2 million en France, 880.000 en Espagne et plus de 450.000 en Italie, selon le dernier recensement du Conseil Consultatif des Marocains résidant à l’Etranger (CCME).
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Compte tenu des multiples contacts qu’entretient le royaume avec ces pays, il est donc évident que la population sur le sol marocain est exposée à des risques de contamination à très large échelle. «C’est une affaire de temps», soutient cet analyste, qui souligne notamment la fréquence des déplacements entre le Maroc et ces trois pays, tant des touristes étrangers que des MRE qui y sont établis.
Les trois cas de coronavirus détectés pour l’heure au Maroc sont à cet égard édifiants: les deux patients actuellement sous surveillance médicale sont un MRE, âgé de 27 ans, de retour de Bergame, et un touriste français. Une femme de 89 ans, décédée ce mardi 10 mars à Casablanca, avait quant à elle séjourné à Bologne. Ces personnes ont passé les tests qui ont conclu à leur infection par le coronavirus. Mais combien de porteurs passifs du Covid-19 se promènent dans les rues de Casablanca, de Fquih Ben Saleh ou de Beni Mellal? Des personnes qui soignent les symptômes de ce virus à coups de paracétamol. Nul ne peut le dire. Mais il est d’emblée plausible que l'épidémie de pneumonie virale est en train de se propager dans notre pays. Les autorités gagneraient à anticiper une situation épidémique en décrétant des mesures draconiennes pour endiguer la propagation de la maladie.