Covid-19 au Maroc: moins de cas actifs, mais moins de tests effectués

Le test PCR a pour but d'amplifier le génome du coronavirus dans l'échantillon pour confirmer sa présence ou non. 

Le test PCR a pour but d'amplifier le génome du coronavirus dans l'échantillon pour confirmer sa présence ou non.  . MAP

Le recul du taux de dépistage, initié à la fin de l'été, se poursuit. Seulement 148.870 tests PCR ont été réalisés au cours de la période allant du premier au 15 décembre, soit une moyenne de 9.925 tests par jour. Cette baisse inquiète fortement le corps médical. Explications.

Le 17/12/2021 à 17h28

Le pic des tests PCR effectués est passé. Quelque 148.870 tests de dépistage du Covid-19 ont été réalisés au cours des deux dernières semaines (1-15 décembre). Un nombre jugé «faible» par le corps médical, qui redoute une remontée du nombre des cas actifs, si le dispositif de dépistage, qui permet de mieux isoler les personnes contaminées, ne se renforce pas dans les prochains jours.

Evolution du dépistage du Covid-19 entre le premier et le 15 décembre

Infogram

Contacté par Le360, Jaâfar Heikel, professeur d'épidémiologie et spécialiste des maladies infectieuses, souligne qu’il faut désormais tester 50.000 personnes, au minimum, par jour afin de réduire la propagation du virus.

L’idéal est, d’après cet expert, de tester 100.000 personnes par jour, étant donné que cela permettra de toucher 1 million de personnes en dix jours, et, par conséquent, 3 millions de personnes en un mois (soit plus de 10% de la population générale qui se chiffre à 36,4 millions de personnes selon l’horloge de la population du HCP).

«Je rappelle que nous avons réalisé uniquement 9,65 millions de tests depuis mars 2020. Sur ces tests, il y a sûrement plusieurs personnes qui se sont faites minimum re-dépister une fois (test de contrôle). Et même si l’on considère que les 9,6 millions de tests concernent 9,6 millions de personnes différentes, c’est toujours insuffisant (puisque cela ne représente que 26,37% de la population générale)», estime-t-il.

Etant donné que le prix des tests PCR n'est toujours pas à la portée de toutes les bourses, même si ceux-ci ont été plafonnés à 400 dirhams à compter du 10 septembre 2021, il faudra établir un nouveau Partenariat public-privé.

«Les collectivités locales pourraient subventionner ces tests. Ce ne seront pas des dépenses de plus qui feront que perdre de l’argent pour l’Etat puisqu’il s’agit d’économies à moyen terme», conclut l’épidémiologiste, qui est aussi un économiste de la santé. 

De son côté, le Pr Tarik Sqalli Houssaini, vice-doyen de la Faculté de médecine de Fès et auteur d'un essai, Covid-19: entre optimisme et objectivité (éditions de l'université Sidi Mohammed Ben Abdallah de Fès, mars 2021), souligne que le Maroc a toujours la possibilité d'augmenter davantage sa capacité quotidienne de testing, puisqu’il dispose aujourd’hui de près de 171 laboratoires autorisés à faire le diagnostic du SARS-CoV-2 par PCR.

«Outre le nombre de tests réalisés au quotidien, la capacité de dépistage se mesure aussi par la capacité de réalisation. Nous sommes aujourd’hui mieux outillés par rapport aux précédentes vagues. Cela nous permettra de passer en vitesse de croisière le temps voulu. Notre plan de riposte et notre stratégie de dépistage peuvent également être adaptés et adaptables à la situation épidémiologique, qui est en constante évolution», ajoute-t-il.

Le vice-doyen de la Faculté de médecine de Fès rappelle, par ailleurs, que le dépistage permet de savoir qui est infecté, où le virus se propage le plus ainsi que le rythme de circulation du Covid-19. En trouvant et isolant les personnes positives au Covid-19, il devient plus facile de prévenir la transmission de la maladie et les éclosions. Cela permet également d’effectuer un suivi auprès des contacts étroits des personnes infectées et surveiller leurs symptômes.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le dépistage du Covid-19 est un outil fondamental pour la détection de l’agent étiologique, soit les causes de la transmission de l'agent pathogène, mais aussi pour une meilleure compréhension de la transmission virale, et donc une meilleure orientation et un suivi plus efficient des mesures de contrôle en matière de santé publique -et donc permet une prise en charge clinique efficace des patients.

La stratégie de dépistage doit être passée en revue de façon périodique, ou lorsque la situation évolue, et modifiée au besoin, estime à cet égard l’organisation onusienne. 

Par Hajar Kharroubi
Le 17/12/2021 à 17h28