Intervenant devant la Chambre des conseillers, mardi 14 juin, le ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Aït Taleb, a appelé les personnes vulnérables triplement vaccinées dont la dernière dose remonte à trois mois à prendre une 2e dose de rappel. Il a également insisté sur l'obligation de se faire vacciner pour les personnes qui ne l'ont pas encore fait.
Pour le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, ce second rappel vaccinal peut limiter les formes graves de la maladie chez les personnes vulnérables, c'est-à-dire celles âgées de plus de 60 ans, celles ayant des maladies chroniques, ou encore celles recevant des traitements affaiblissant leur immunité ou ayant des problèmes immunitaires.
Il explique que cette quatrième dose de vaccin contre le coronavirus réduit de 80% le risque d'hospitalisation, de réanimation, et de décès, citant les résultats de recherches scientifiques menées en ce sens qui démontrent, d’ailleurs, qu’il n'y a pas plus d'effets indésirables ni d'épuisement de la réponse immunitaire qu'après la 3e dose.
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L'expert indique que l’immunité acquise par les anciennes infections ou par la vaccination, notamment si elle est incomplète, s’érode avec le temps et qu’en l’absence de vaccination complète, y compris la dose booster, les personnes vulnérables risquent toujours de faire des formes graves de Covid-19.
D’où l’importance prioritaire de faire bénéficier ce groupe de la première dose de rappel sans délai et d’ouvrir dès aujourd’hui le droit à la deuxième dose de rappel aux personnes très vulnérables, à savoir les personnes de plus de 80 ans, les personnes âgées avec plusieurs pathologies, les hémodialysées, les personnes ayant reçu des greffes d’organes, celles qui ont des cancers déprimant l’immunité ou recevant des traitements immunosuppresseurs, etc.
L’élargissement de cette deuxième dose de rappel à d’autres groupes reste tributaire de l’évolution de la situation épidémique et sera d’actualité à l’approche de la saison hivernale durant laquelle toutes les maladies respiratoires connaissent un regain et le sous-variant BA5, plus transmissible, sera dominant au Maroc.
Ce rappel va donc préparer le terrain aux prochaines vagues qui pourraient survenir l’hiver prochain et va protéger les personnes à risque au niveau individuel, précise Dr Hamdi. Ce dernier tient également à insister sur l’importance de la 3e dose booster qui constitue elle aussi (pour les personnes doublement vaccinées) un vrai rempart contre les formes graves et les décès, mais qui, toutefois, n’a pas connu un franc succès au Maroc.
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Le médecin signale, par ailleurs, que jusqu’à présent, le taux de couverture de la 3e dose s’élève à 17,6% de la population générale, avec un taux de continuité de 27,6%. C'est un faible taux, commente-t-il, appelant tout un chacun à s’engager dans la campagne de vaccination pour renforcer sa réponse immunitaire contre le virus.
Quid des autres pays?En Espagne, l’ensemble de la population pourra recevoir une 4e dose de vaccin anti-Covid probablement à partir de l’automne prochain, uniquement pour les personnes les plus vulnérables, essentiellement les plus de 80 ans ou les immunodéprimés.
La France (60 ans et plus qui sont à 6 mois ou plus de leur premier rappel ou dernière infection au Covid-19), la Suède (plus de 65 ans), le Chili (plus de 55 ans), la Hongrie (tous ceux qui souhaitent recevoir une quatrième injection après avis médical), le Danemark (patients à risque), les Etats-Unis (plus de 50 ans) et Israël (plus de 60 ans) ont déjà acté cette 4e dose.
En France, par exemple, la Haute autorité de santé (HAS), dans ses recommandations de stratégie vaccinale pour l'automne 2022, préconise d'anticiper l'organisation d'une campagne de rappel vaccinal pour l'automne 2022 des populations les plus à risque de formes graves de la maladie (en particulier, les personnes immunodéprimées et leur entourage, les personnes de 60 ans et plus et/ou présentant des comorbidités à risque de forme grave) et d'envisager la vaccination des professionnels de santé.