Covid-19: ce que l’on sait sur l’efficacité de l’antiviral Movfor, selon les résultats d'une cohorte casablancaise

MOVFOR fait partie du Protocole national thérapeutique anti-Covid-19. 

MOVFOR fait partie du Protocole national thérapeutique anti-Covid-19.  . Médicament.ma

Quatre gélules toutes les 12 heures pendant 5 jours pour éviter le développement d'une forme grave, et possiblement une hospitalisation. Telle est la promesse de l’antiviral Movfor, approuvé pour usage d'urgence au Maroc depuis le 17 janvier. Qu’en est-il donc de son efficacité réelle sur le terrain? Voici les résultats d’une cohorte casablancaise.

Le 12/02/2022 à 08h38

Le ministère de la Santé et de la Protection sociale avait actualisé, mardi 18 janvier 2022, le protocole thérapeutique national de prise en charge des personnes atteintes du Covid-19. Un nouveau médicament avait alors été introduit. Il s’agit du Molnupiravir, un antiviral développé par le laboratoire américain Merck, vendu au Maroc sous le nom de Movfor et mis en vente au prix de 720 dirhams.

Afin d’évaluer son intérêt dans le traitement des patients Covid-19, un groupe de médecins à Casablanca, chapeauté par le professeur Jaâfar Heikel, spécialiste des maladies infectieuses, et détenteur d'un PhD en épidémiologie, a recruté 41 patients mis sous Molnupiravir pour mener une étude de cas-témoins (matched case control study) afin de comparer leurs résultats cliniques avec 85 autres patients n’ayant pas pris le Movfor.

Les patients recrutés, et mis sous Molnupiravir, avaient une PCR positive depuis moins de 72 heures avec une charge virale importante. Ils avaient plus de 65 ans ou avaient une maladie chronique sous traitement ou un indice de masse corporelle de plus de 30. Ils avaient également été revus en consultation à J6 au moins avec le résultat de la PCR.

Les personnes âgées de moins de 18 ans, les femmes enceintes, les personnes ayant des antécédents allergiques connus aux constituants du médicament, ou ayant une saturation en oxygène inférieure à 95% et une tomodensitométrie anormale ou ayant une symptomatologie sérieuse avaient été exclues de cette étude transversale.

Les résultats cliniques préliminaires démontrent un état clinique satisfaisant pour 95% des cas, contre une fatigabilité persistante pour les 5% des cas qui restent. Ils montrent également qu’une PCR négative a été rapidement observée sur 35 patients. Pour le reste des cas, la charge virale s’est nettement améliorée.

Par ailleurs, les symptômes décrits par les malades avaient été améliorés à la suite du traitement. Ainsi, sur 13 symptômes décrits par les patients, une moyenne de 5,39 avait été calculée au départ, contre 1,9 à la fin.

Les symptômes qui revenaient le plus sont les frissons (66,7%), maux de gorge (61,9%), asthénie (fatigue, 59,5%), toux (59,5%) et fièvre (57,1%).

Pour ce qui est des effets indésirables relevés, un seul rash cutané (effets indésirables sérieux) a été observé chez une femme âgée de 40 ans (pas d’oedeme de quincke ni de choc anaphylactique) avec arrêt de traitement, de la nausée et de la diarrhée chez deux patients pendant 3 jours (effets indésirables mineurs).

La majorité des cas ont très bien évolué cliniquement et sur le plan biologique. Pour ce qui est du délai de négativation entre les personnes sous Molnupiravir et celles n’ayant pas consommé ce médicament, il est de 5,1 jours contre 9,2 jours.

Il s’avère ainsi, d’après cette étude, que le Molnupiravir est un outil supplémentaire dans l'arsenal thérapeutique contre le Covid-19. Les résultats sont prometteurs non seulement en termes de réduction des risques de complications mais également dans la réduction du délai d'infectiosité. Ce dernier aspect est un atout majeur en termes de protection de la santé publique.

La réduction de 30% du risque d'hospitalisation et de gravité permettra une diminution de la charge morbide de près de 1,8 million de dirhams par jour (30 cas parmi 100 cas sévères parmi 1.000 nouveaux cas).

A titre de rappel, le Molnupiravir doit être administré dès que possible, après qu'un diagnostic du Covid-19 ait été posé, et dans les cinq jours qui suivent l'apparition des symptômes.

Ce médicament est prescrit pour les adultes de plus de 18 ans, présentant au moins un facteur de risque de développer une forme grave, tel qu'entre autres, des pathologies cardio-vasculaires, un diabète non équilibré ou compliqué, des pathologies respiratoires chroniques susceptibles de décompenser lors d’une infection virale, un cancer évolutif sous traitement.

Le Molnupiravir est en revanche contre-indiqué pendant la grossesse. De plus, les femmes en âge de procréer doivent utiliser une contraception efficace pendant toute la durée du traitement et pendant quatre jours après la dernière dose du Molnupiravir. Pour les hommes, l’utilisation d’une contraception efficace est recommandée pendant trois mois à partir de la dernière prise du Molnupiravir. L'allaitement est également contre-indiqué pendant le traitement, sur une durée de quatre jours après la prise de la dernière dose du Molnupiravir.

Par Hajar Kharroubi
Le 12/02/2022 à 08h38