Drapor: l’incroyable chute du géant du dragage de ports au Maroc

Dragage dans un port.

Dragage dans un port.

Revue de presseLe tribunal de commerce de Casablanca vient d’acter la mise en liquidation judiciaire de Drapor, une entreprise qui, il y a encore quelques années, était incontournable dans l’activité du dragage des ports au Maroc. Cette revue de presse est tirée d’un article d’Al Akhbar.

Le 24/08/2023 à 20h57

C’était un fleuron du dragage au Maroc. Elle est désormais officiellement en liquidation judiciaire. Le tribunal de commerce de Casablanca vient de rendre ce jugement, actant la dernière étape de la chute incroyable de ce géant qui opérait il y a encore quelques années dans les plus grands ports du royaume.

Dans son édition du vendredi 24 août, Al Akhbar revient sur le déclin de cette entreprise, qui était jusqu’à il y a peu une référence dans son métier. La publication rappelle d’abord que Drapor, à l’origine, fut une entreprise publique fondée en 1984 et mise sous la tutelle du ministère de l’équipement. En 2007, et alors que l’istiqlalien Karim Ghellab était ministre de l’équipement, elle a été privatisée. C’est l’entreprise Satramarine, propriété du défunt milliardaire Hassan Jakhoukh, qui avait réussi à s’accaparer Drapor, pour une transaction avec l’Etat de plus de 327 millions de dirhams.

Aujourd’hui, le syndic judiciaire à qui le dossier a été confié a fini par conclure que la situation était irréversible, en raison entre autres de l’arrêt de son activité. Elle a aussi été incapable de verser les salaires de ses employés pendant 23 mois, de recouvrer un montant de 13 millions de dirhams auprès de l’Agence nationale des ports, et d’obtenir les 12 millions de dirhams prévus dans le cadre d’un précédent accord de financement avec une banque de la place.

En outre, le syndic a constaté que l’entreprise n’avait pas réussi à renouveler ses contrats avec le ministère de l’équipement, ce qui la rend incapable de poursuivre ses activités. Face à ces faits, ajoute Al Akhbar, le syndic judiciaire a fini par demander au tribunal de transformer le dossier de sauvegarde de la société en une liquidation judiciaire, ce qui a été acté.

Comme le précise le quotidien, les héritiers Jakhoukh se sont portés partie dans cette affaire, arguant devant le tribunal qu’ils étaient les propriétaires de la quasi-totalité des actions de Drapor, à travers l’entreprise Satramarine dont ils détiennent des actions. Ils ont dans ce cadre plaidé pour un report de la décision de liquidation, à cause de l’absence répétée du président à qui ont été confiées les rênes de Drapor, et qui se trouve en quasi-continu à l’étranger. Ils ont même sollicité sa convocation afin qu’il se présente devant le tribunal. Par ailleurs, leur argumentaire a également porté sur la nécessité de disposer d’un temps suffisant pour présenter un plan de continuité d’activité.

De l’autre côté, ajoute Al Akhbar, les représentants des salariés ont soutenu la demande du syndic de transformer la procédure en liquidation judiciaire, estimant que leurs clients n’avaient aucun intérêt à ce que la décision du tribunal soit reportée. D’autant qu’à ce jour, aucune piste concrète pour faciliter l’absorption des dettes de la société n’a été présentée par aucune des parties.

Sur le plan comptable, les chiffres présentés au tribunal sont sans équivoque. Drapor a enregistré en 2021 une perte de plus de 77 millions de dirhams, puis une autre de plus de 78 millions de dirhams en 2022. De même, la situation financière de la société présente de lourds dysfonctionnements, dans le sens où les charges fixes de l’entreprise sont conséquentes alors qu’elle ne dispose plus d’aucun contrat pour générer du chiffre d’affaires.

De plus, rapporte Al Akhbar, Drapor trainerait des dettes de plus de 258 millions de dirhams, sans compter les salaires des 23 mois pendant lesquels les employés n’ont pas été payés. Le tribunal ne pouvait que conclure par la mise en liquidation judiciaire. Ceci met un terme à l’un des fleurons de l’industrie du dragage, mais aussi à un conflit entre personnes qui a longtemps alimenté la chronique après le décès de feu Hassan Jakhoukh.

Par Fayza Senhaji
Le 24/08/2023 à 20h57