Vous vous souvenez de Condoleeza Rice? Cette dame intelligente et travailleuse, qui ne manquait pas de charme, était secrétaire d’Etat sous George Bush, et elle était célibataire. Comment était-ce possible? se demandait-on. Les sociologues répondaient ceci : la proportion de femmes noires américaines qui se hissent dans la hiérarchie sociale est largement supérieure à la proportion d’hommes noirs qui en font autant. Beaucoup d’entre elles ne trouvent donc pas de partenaire à la hauteur. D’où le dilemme : soit épouser un noir américain de rang social inférieur, soit épouser un homme de même rang social mais blanc, Chinois, Latino, etc. Face à ce dilemme, certaines refusaient les deux possibilités et restaient célibataires: c’était le cas de Condoleeza.
J’ai pensé à elle récemment, au cours d’une soirée organisée par une association de jeunes Néerlandais d’origine marocaine qui font une belle carrière professionnelle. Ce genre de soirée permet de faire du networking et, qui sait?, de trouver l’âme sœur. Je n’étais pas là pour ça – je devais donner une conférence – alors, par désœuvrement, je me suis amusé à compter les participants. Et voici le résultat : 66% de femmes, 33% d’hommes. C’est là que l’image de Miss Rice m’est apparue. Combien de ces jeunes maroco-néerlandaises se trouvent confrontées au même dilemme? Soit épouser un plombier marocain, soit se trouver un beau parti mais blond et pâle, qui ne rit pas aux mêmes blagues et qui préfère les pieds de cochon au tajine d'agneau ?
Je fis part de mes réflexions à mon voisin et celui-ci, après un instant de réflexion, m’affirma qu’il allait dans l’heure créer une agence qui organiserait des voyages en direction du Maroc: sauf qu'au lieu d’aller visiter les sites touristiques, il s’agirait d’aller prendre des verres dans des endroits chics pour y rencontrer des Marocains éduqués et de même rang social que les Marocaines des Pays-Bas qui se trouvent dans la situation de Condoleeza. Je me mis à rire mais mon interlocuteur, lui, ne riait pas. Il prit une feuille dans son agenda et se mit à zigzaguer dans la salle en parlant, ici et là, avec des jeunes femmes. Un quart d’heure plus tard, il revint me montrer la feuille où toutes celles qui étaient intéressées avaient noté leur adresse e-mail : il y en avait bien une vingtaine !
Messieurs de Casa, Tanger, Rabat, Marrakech, etc, préparez-vous donc à une invasion prochaine de jeunes Néerlandaises aux pays de leurs ancêtres, fermement décidées à y trouver le prince charmant. Avouez que ce sera une invasion plutôt sympathique…