La décision des services de renseignements français de «ficher» tous les élèves de religion musulmane qui se sont absentés des écoles et collèges pour célébrer, en famille, la fête de l’Aïd Al-Fitr, est une «inquisition d’Etat» qui devrait être dénoncée devant la justice européenne, a déclaré, mardi à la MAP, Said Ida Hassan, chercheur académique et expert en lutte anti-terroriste.
Les déclarations de M. Ida Hassan font suite au scandale qui secoue actuellement la France après la publication par les médias français d’un email adressé, le 11 mai dernier, aux directeurs des écoles, collèges et lycées du département de l’Hérault (sud) par un haut fonctionnaire de l’Etat leur exigeant des informations sur «l’absentéisme» durant le Ramadan et la fête de l’Aïd Al-Fitr.
Le fait de demander aux responsables des centres éducatifs de jouer le rôle de délateurs et de rédiger des rapports sur «l’absentéisme scolaire au cours de la période du Ramadan […] et particulièrement sur la journée du 21 avril, jour de l’Aïd», est une «dérive totalitaire qui nous rappelle les pratiques des tribunaux d’inquisition installés en Espagne à la fin du 15ème siècle pour éradiquer l’Islam de la péninsule ibérique suite à la chute de Grenade», a dénoncé M. Ida Hassan.
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«On est en droit de s’interroger si la France, sous le mandat du président Emmanuel Macron et les manipulations de l’Etat profond français, ne vit-elle pas une véritable dérive totalitaire et avance doucement mais lamentablement vers le rétablissement des tribunaux d’inquisition, mais sous une forme plus moderne et plus sophistiquée?», s’est demandé le chercheur académique, également président et co-fondateur du forum hispano-marocain sur la sécurité et la lutte anti-terroriste.
«Le Ramadan a-t-il eu un impact sur l’absentéisme?» et «quel a été le taux d’absentéisme de la journée du 21 avril [jour de l’Aïd]?», ce sont là des questions scandaleuses contenues dans cet «email de l’inquisition», a souligné M. Ida Hassan, qui a appelé les associations éprises de liberté, des valeurs humaines et des droits de l’Homme, telle qu’universellement reconnus, à dénoncer cette dérive totalitaire devant les tribunaux, et à défaut d’impartialité de ces tribunaux, à recourir aux instances judiciaires européennes.
Des déclarations sectaires
Le chercheur académique a fait remarquer que «l’email de l’inquisition» n’est pas un acte isolé mais s’inscrit, selon lui, «dans le cadre d’une politique délibérée de l’Etat profond français qui cherche à créer des crises sécuritaires de toutes pièces pour dévier l’attention des Français sur le grand malaise social consécutif aux politiques antisociales du président Macron, notamment sa loi impopulaire de réforme des retraites».
M. Ida Hassan s’est interrogé sur «l’objectif occulte» des récentes déclarations du ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui s’est alarmé vendredi dernier à New York, d’une «reprise» de la menace «terroriste islamiste sunnite» en Europe et a demandé au gouvernement américain de renforcer sa coopération antiterroriste, avant les Jeux olympiques de Paris en 2024.
«On est venu leur rappeler que pour les Européens et pour la France, le risque premier est le terrorisme islamiste sunnite et que la collaboration antiterroriste entre services de renseignements est absolument indispensable», a souligné Gérald Darmanin dans un entretien accordé à un média français.
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«Certes, la menace terroriste persiste toujours et requiert une étroite collaboration internationale à tous les niveaux, mais jouer sur la confrontation sectaire entre sunnites et chiites et parler de terrorisme islamiste sunnite, c’est jouer avec le feu», a dénoncé le chercheur académique.
«Beaucoup plus graves que la menace terroriste en elle-même, les déclarations sectaires du ministre français et les mots intentionnellement employés dans son récent entretien à l’AFP, l’agence de presse officielle de l’Etat français, sont, à maints égards, alarmantes», a regretté M. Ida Hassan.
Ces révélations graves et sorties hasardeuses de responsables français constituent une couche supplémentaire dans la gradation de mesures qui font de la France «le creuset de l’islamophobie rampante en Europe et rappelle un autre épisode tristement célèbre en France: le fichage des enfants juifs sous les lois scélérates de Vichy et la rafle du Vél’d’Hiv», a-t-il conclu.