Le compositeur et musicien marocain Mohamed Ben Abdeslam est décédé ce matin du jeudi 9 janvier 2024 à Rabat, à l’âge de 96 ans. Le défunt sera inhumé cet après-midi après la prière d’al-Asr au cimetière de Mabella- Hay Nahda.
Né en 1928 au sein d’une famille slaouie profondément ancrée dans des valeurs conservatrices, Mohamed Ben Abdeslam manifeste dès son plus jeune âge une grande passion pour la musique. Cependant, cette vocation se heurte à l’opposition farouche de son père, réticent à l’idée que son fils emprunte un tel chemin. Refusant de renoncer à son rêve, l’adolescent décide de tenter sa chance à Casablanca, où il trouve refuge et inspiration au sein du conservatoire-orchestre Al Maytam. Là, son talent inné pour le luth s’épanouit rapidement, faisant de lui un musicien accompli intégré à l’ensemble prestigieux Jouk Al Maytam. Ses prestations le conduisent fréquemment à jouer lors des soirées royales, où il gagne une reconnaissance méritée.
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L’artiste intègre plus tard la RTM en tant que musicien et compositeur. À une époque où la notoriété de la chanson égyptienne était encore prévalente au Maroc, Mohamed Ben Abdeslam a contribué à la création et à l’affirmation de la chanson marocaine, celle à laquelle tout citoyen pouvait s’identifier.
Avec plus de 250 compositions à son actif, Ben Abdeslam est sans doute l’un des plus grands novateurs de la chanson marocaine moderne. De nombreux artistes célèbres ont interprété ses chefs-d’œuvre. On lui doit notamment la célèbre «Aâtchana» de Bahija Idriss, un succès qui perdure à aujourd’hui, notamment à la faveur d’une reprise du chanteur Abdelali Anouar.
Les Marocains lui doivent également «Ach dak temchi L zin» de Hamid Zahir, «Sawelt aâlik l’oud we nay» d’Ismaïl Ahmed, «Ichi ya bladi» de Mahmoud El Idrissi.
Il y aussi «Ya lghadi f tomobile» de l’immense Abdelwahab Doukkali.
Mohamed Ben Abdeslam est par ailleurs le père de Ghita Ben Abdeslam, l’une des plus belles voix féminines de la chanson au Maroc, et de Rachid Ben Abdeslam, un remarquable contreténor repéré par l’Opéra de Lyon, devenu le premier chanteur marocain reçu au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) et ayant chanté sur la scène de Metropolitan Opera de New-York.