L’annonce de l’augmentation des frais des étudiants étrangers par le gouvernement français passe très mal en Afrique, continent qui représente 45% des 325 000 étudiants étrangers poursuivant leurs études en France. La pilule passe encore plus mal au Maghreb qui représente l’essentiel du contingent des étudiants africains dans l’hexagone et où les témoignages d’incompréhension se multiplient, comme en témoignent plusieurs articles de presse compilés par libération.fr.
Suite à cette décision, dès la rentrée 2019, un étudiant extra-européen devra débourser 2.770 euros (au lieu des 170 euros actuels) pour son année de licence et 3.770 euros (au lieu des 243 euros actuels) pour poursuivre un master.
A titre d’exemple, en Algérie, les 3770 euros que devra débourser un étudiant algérien en master sont équivalents à «environ 80 millions de centimes, soit le salaire annuel moyen d’un algérien», souligne Algérie Monde Infos.
Rappelons que le 19 novembre dernier, le Premier ministre français Edouard Philippe avait annoncé ces augmentations de frais des étudiants étrangers, justifiant cela par la nécessité de «faire financer les bourses des moins fortunés et des plus méritants en faisant payer les étudiants étrangers qui en ont les moyens».
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C’est cette manière de faire «la sélection par l’argent» qui est décriée au niveau des pays maghrébin. Et on ne croit pas, dans la plupart des pays africains, cette annonce des autorités françaises de compenser les hausses des tarifs par l’octroi de bourses supplémentaires.
Ainsi, «la sélection par la bourse est-elle vraiment la bonne méthode?», se demande le site d’information Kapitalis, qui répond qu’«on peut sérieusement en douter… Même si, de son côté, le gouvernement français prétend vouloir faire payer les riches au bénéfices des pauvres, dans une vaine tentative de servir une décision hyper-libérale, dans un package vaguement social».
De même, l’«alibi de renforcement de l’attractivité de l’offre éducative» est fortement décrié. Avec cette mesure, on y voit surtout une tentative de réduction des étudiants africains, et tout particulièrement les maghrébins, inscrits dans les universités françaises en présélectionnant les plus riches et en brisant les aspirations des jeunes issus de la classe moyenne.
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Ainsi, pour Hespress, site arabophone le plus lu du Maroc, cette décision «brise les aspiration des jeunes issus de la classe moyenne à obtenir un diplôme français qui leur permette d’accéder au marché de l’emploi facilement».
A l’instar de plusieurs médias maghrébins, on parle de «France First» et d’«Europe First», pour faire allusion à la politique protectionniste de Donald Trump, «America First».
Ainsi, en lieu et place des étudiants africains, les universités et écoles françaises vont désormais privilégier les étudiants venant des autres pays européens (Belgique, Russie, Allemagne, Canada, etc.). Et le Premier ministre français est ainsi accusé de vouloir «des étudiants triés sur le volet, issus notamment des pays émergents et non africains», selon L’Expression-dz.
Ce tollé provoqué par la décision du Premier ministre français et malencontreusement intitulé «Bienvenue en France», s’explique aussi par le fait que ce sont évidemment les pays de la région du Maghreb qui seront les plus affectés, du fait que l'essentiel du contingent des étudiants africains poursuivant leurs études en France en sont issus.
Selon les données répertoriées sur Campus France, les pays qui comptent le plus d’étudiants en France sont: le Maroc (30.002 étudiants), l’Algérie (26.116), la Tunisie (12.390), le Sénégal (9.407), la Côte d’Ivoire (7.135) et le Cameroun (6.936).