Les manifestations organisées sous la bannière GenZ212 et appelant à des réformes profondes et urgentes de la santé et de l’enseignement au Maroc semblent enfin avoir trouvé la bonne formule. En témoigne le caractère exemplaire des protestations organisées, hier en fin d’après-midi, dans plusieurs villes et localités du Maroc. Entamées pour la plupart vers 18h, elles ont été marquées par un grand sens de l’organisation et par leur pacifisme. Encadrant les places où elles ont été tenues, les forces de l’ordre ont veillé tant à la sécurité des manifestants qu’à celle des personnes et des biens. Signe que la logique tant des autorités que des jeunes de GenZ212 n’est pas celle de la confrontation. Des scènes émouvantes ont marqué certains sit-in. C’est ainsi qu’à Rabat, les manifestants ont marqué un temps d’arrêt dans leurs slogans revendicateurs pour saluer, en les applaudissant, les éléments des forces de l’ordre. Dans le même esprit, à Khouribga, des bouquets de fleurs ont été offerts par de jeunes protestataires aux représentants de la Sûreté nationale et des Forces auxiliaires.

Ayant fixé 13 villes pour le déroulement des sit-in, les meneurs du collectif ont en amont réussi à mobiliser les jeunes autour des principes devant présider à leur mouvement. Dans des messages largement relayés tout au long de la journée du jeudi, notamment sur les réseaux sociaux, ils ont rassuré l’opinion publique et les autorités quant au caractère entièrement pacifique des manifestations. «Nous rejetons toute forme de violence, de vandalisme ou de désordre», écrivait le collectif dans un mot d’ordre.
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Afin d’assurer l’ordre et d’éviter que les fauteurs de troubles ne s’invitent, il a été décidé que le cadre horaire soit limité de 17h00 à 20h00 et que les lieux choisis soient ouverts et sécurisés. À l’arrivée, des jeunes ont réussi à faire entendre leur voix, dans le calme. Les images sont parlantes. À Casablanca, sur la place des Nations-Unies, des jeunes se sont rassemblés pour réclamer des réformes urgentes dans la santé et l’éducation, tout en marquant une ligne claire entre mobilisation citoyenne et chaos. Déterminés à affirmer le caractère pacifique de leur mouvement, les participants interrogés par Le360 ont condamné fermement les actes de vandalisme qui ont entaché les précédentes manifestations et rappelé que leurs revendications portent avant tout sur des services publics dignes et accessibles. Entre colère sociale et appel à la responsabilité, ces voix jeunes insistent sur la nécessité d’un changement.
Le même esprit a régné à Fès ou encore à Oujda. Il s’agit du deuxième jour consécutif de manifestations, organisées dans une atmosphère pacifique et disciplinée. Aucun incident ni débordement n’a été enregistré, les participants ayant tenu à préserver le caractère strictement pacifique de leur démarche. Une preuve de maturité et de sens de responsabilité de cette jeunesse décidée à faire entendre sa voix autrement que par la violence. Les forces de l’ordre ont, là encore, opté pour un accompagnement mesuré et professionnel de la marche. Leur dispositif s’est limité à garantir la fluidité du trafic et la sécurité des lieux.
Nous sommes bien loin des scènes de violence urbaine et d’anarchie enregistrées en début de semaine dans des villes comme Inezgane ou des localités comme Leqliaa où des émeutiers ont notamment attaqué une brigade de la Gendarmerie royale dans l’objectif de se saisir des armes et munitions qui s’y trouvaient, obligeant les gendarmes à user de leurs armes de fonction. Bilan: 3 morts parmi les assaillants.
Si les autorités affirment comprendre les revendications des manifestants, elles marquent tolérance zéro à la violence. Porte-parole du ministère de l’Intérieur, Rachid El Khalfi l’a rappelé hier jeudi: les autorités poursuivront leurs opérations de maintien de l’ordre «avec toute la rigueur et la fermeté que commande la loi», tout en rappelant que la préservation des droits et libertés reste un principe fondamental. Les fauteurs de troubles risquent gros.
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Ahmed Ouali Alami, président du pôle de l’action publique et du suivi de l’exécution de la politique pénale à la présidence du Ministère public, a affirmé que les actes de sabotage, d’incendie criminel et de violence sont des crimes qui n’ont aucun rapport avec la liberté d’expression, et qu’ils sont sanctionnés par le Code pénal de lourdes peines de prison.
«Les actes de sabotage, d’incendie criminel et de violence ayant visé des biens publics et privés et causé des dommages corporels à des personnes à la suite de sit-in non autorisés n’ont absolument aucun lien avec la liberté d’expression. Il s’agit de crimes sanctionnés par le Code pénal de lourdes peines de prison allant de 10 à 20 ans, pouvant atteindre parfois 30 ans et, dans certains cas aggravés, la réclusion à perpétuité», a-t-il précisé.
Fait aussi notable qu’alarmant, la forte implication de mineurs dans les actes de violence enregistrés. «Une large proportion des participants à ces attroupements violents était des enfants et des adolescents, représentant plus de 70% des personnes impliquées, atteignant parfois 100% dans certains groupes», soulignait Rachid El Khalfi. De quoi interroger le rôle et la responsabilité des parents et familles censés encadrer ces enfants et ces adolescents livrés à eux-mêmes dans la rue.










