Le Conseil de discipline relevant de l’Ordre des architectes de la Région du centre (Casablanca-Settat) examine actuellement le cas de 12 de ses membres accusés de vendre leur signature et leur cachet à des promoteurs immobiliers, pour des plans de projets immobiliers dont ils ne sont pas les concepteurs.
Selon Karim Sbaï, président du Conseil régional de l’Ordre des architectes de la Région Casa-Settat, qui s'est confié au quotidien Assabah dans son édition de ce week-end des 29 et 30 juillet, il s’agit là d’une action préventive, intervenant avant même l’entrée en vigueur de la loi 12-66 sur le contrôle et la répression des contraventions en matière d’urbanisme et de construction immobilière.
En effet, faute des textes d’application de ladite loi, qui se font toujours attendre, le Conseil de discipline de l’Ordre des architectes ne peut rester les bras croisés face à la gravité des faits reprochés à certains de ses membres. Surtout que le Conseil est habilité, dans ce cas d’espèce à prendre des sanctions, allant jusqu’à la radiation, à l’encontre de ces contrevenants, surtout quand il s’agit de récidivistes.
De quoi s’agit-il en fait? Suite à plusieurs plaintes d’architectes, mais aussi de contrôles au niveau de certains contrats de constructions immobilières, l’Ordre des architectes vient de mettre à nu l’existence d’une filière d’architectes «vendeurs de signatures et tampons» à des prix défiant toute concurrence. Ainsi, il s’est avéré que l’un des architectes, à titre d’exemple, a effectivement vendu sa signature et son cachet, apposés sur les plans d’un projet immobilier concernant un immeuble de cinq étages, en contrepartie de la modique somme de 2000 DH, alors que ce projet aurait dû coûter, s’il avait suivi les procédures légales, pas moins de 300.000 DH ! Autant dire que la mafia de l’immobilier sait frapper là où il fait vraiment très mal.
D’après une source proche de l’Ordre des architectes, 30% des promoteurs immobiliers recourent aux services illégaux des architectes «vendeurs de signatures», alors que 50% des plans de projets immobiliers ne sont pas établis par des architectes, mais par des apprentis-topographes et autres «techniciens» (maçons ?) de l’immobilier.
Pire, les architectes «vendeurs de signatures», qui prennent bien soin de dégager leur responsabilité pénale ou civile en signant des contrats au «noir», sont également impliqués par certains promoteurs immobiliers dans des marchés internationaux de construction et même dans des projets immobiliers lancés par l’Etat.
Un coup de pied dans une telle fourmilière de l’immobilier s’impose, afin de bâtir ce secteur sur du solide.