Hatim Souktani revient dans cette interview avec Le360, sur la gestion par le Maroc de la crise sanitaire, dans ses différents volets qui ne sont pas uniquement sanitaires et sécuritaires, mais également économiques et sociaux.
Le360 - Face à la pandémie du Covid-19, un plan d’action a été établi autour de trois axes: santé, économie et ordre social. Quel bilan de la gestion de l'épidémie au Maroc faites-vous?
Hatim Souktani - C’est dans ce type de vision globale et stratégique, n'omettant aucun des trois volets très fortement imbriqués, que l’on peut parvenir à mieux gérer ce type de pandémie.
Malgré quelques incidents et flambées épidémiques, relatives à un certain relâchement des citoyens et aux mouvements des familles lors des fêtes religieuses, le Maroc a pu bien gérer la crise.
© Copyright : DRAu début de l’épisode épidémique, une cellule de crise a été créée. Elle a pris plusieurs décisions qui ont permis, avant et pendant la recrudescence de la pandémie, de limiter les pertes humaines et économiques. Toutes les forces vives de la nation ont été mobilisées.
Pour affronter les retombées de la crise sanitaire, le pays a créé un fonds spécial Covid. Trois hôpitaux de campagne ont été déployés. Les usines qui étaient auparavant spécialisées dans la fabrication de sacs plastiques ont commencé à fabriquer des masques jetables ou réutilisables pour les besoins des Marocains, et même pour l'exportation.
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Au fur et à mesure de l'expansion du virus sur le territoire, d’autres décisions ont été prises, notamment l’interdiction des déplacements entre les préfectures et provinces qui sont désormais conditionnés par la présentation du passeport vaccinal ou d’une autorisation administrative de déplacement, délivrée par les autorités territoriales compétentes, et le respect d’un maximum de 50% de la capacité d’accueil dans les transports publics, dans les cafés et restaurants, et dans les piscines publiques.
Vous avez dédié un chapitre aux points négatifs des mesures de sûreté, de sécurité et sanitaires mises en place par le Maroc. Pouvez-vous en énumérer quelques-uns?
Il est question, tout d’abord, de l’absence d’une approche participative dans la gestion de certains aspects de la crise.
En outre, le gouvernement n’a pas opté pour un plan de communication de crise précis et sans ambiguïté.
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Face au Covid-19, la société civile a un rôle immédiat à jouer. Toutefois, elle n’a pas été trop impliquée dans la riposte à la pandémie.
De plus, l’absence d’une haute autorité de santé a révélé de nombreux dysfonctionnements du système de santé. En effet, ce secteur vital souffre du manque de moyens humains et logistiques, de la mauvaise répartition régionale des médecins, de la faiblesse de l’offre de soins, de la vieillesse des infrastructures hospitalières et de l’absence d’un régime de couverture médicale généralisée.
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Comment remédier aux "lacunes" de la gestion de la crise?
Nous pouvons remédier à ces lacunes par une remise en question permanente et objective grâce à un suivi des doléances des citoyens, mais également tenir compte des remarques de certains experts, en élargissant s'il le faut le Comité scientifique et le Comité de veille économique.
Nous sommes confrontés à un combat qui sera long. L'optimisation des efforts est indispensable. La vigilance doit être permanente pour que le système de santé ne soit pas au bord du gouffre.
Est-ce que vous pensez que les autorités prennent toujours des décisions à la dernière minute, d’où les communiqués publiés tard le soir?
En temps de crise, il est tout à fait normal de prendre des décisions de dernière minute. Toutefois, il ne faut pas que ce soit adopté pour règle définitive pour ne pas provoquer la frustration des citoyens. Mais, le caractère urgent de certaines mesures impose parfois de telles décisions qui sont alors louables et justifiées.