Le Tribunal de première instance de Rabat a condamné, mercredi dernier, un imam, relevant du ministère des Affaires religieuses et des Habous, à huit ans de prison ferme pour le viol d’une jeune malvoyante. Le quotidien Assabah, qui rapporte cette information dans son édition du vendredi 23 juin, précise que cette jeune fille s’était rendue chez l’imam pour les besoins d’une rkia et autres soins traditionnels contre une épilepsie.
Malgré la présentation par les avocats de l’imam de certificats médicaux prouvant son incapacité à avoir des rapports sexuels avec une femme, les juges ont écarté ces «faux» alibis d’un revers de la main.
Ils n’ont pas non plus accordé la moindre crédibilité aux déclarations d’une des épouses de l’imam qui a prétendu ne plus avoir eu de rapports sexuels avec son époux depuis un certain temps pour cause d’impuissance de ce dernier. Or, il s’est avéré que le prévenu est non seulement bigame, mais qu’il est père d’une fratrie de 14 rejetons, garçons et filles, dont certains en bas âge.
Assabah ajoute que ledit imam officiait dans une mosquée sise à Aït Yadine, dans la province de Khemisset, et était en détention provisoire depuis cinq mois à la prison d’El Arjat 2, sur ordre du juge d’instruction, suite à la plainte de la victime qui a fait éclater ce scandale. L’imam, âgé de 64 ans, traitait la jeune fille avec des amulettes, encens et rkia d’une maladie neurologique, et lui imposait des séances rapprochées durant lesquelles elle avait pris à la légère certains attouchements très intimes qu’elle pensait thérapeutiques, mais sans jamais le laisser aller plus loin. Jusqu’au jour où il lui a fait avalé une boisson qui lui a fait perdre conscience. A son réveil, et n’étant pas totalement malvoyante, elle a remarqué se trouver dans une chambre et a ressenti des douleurs au bas ventre, suite à la perte de sa virginité. L’imam lui a fait croire que son acte faisait partie des soins contre l’épilepsie.
Mais en le quittant, la jeune fille est allée confier ce qui lui était arrivé à sa sœur résidant à Fès, avant de recevoir un appel de l’imam qui la convoquait pour une nouvelle séance de soins. Mal lui en pris puisqu’elle été adroguée et violée une nouvelle fois.
Ayant décidé de porter plainte contre lui, il l’en a dissuadée en lui promettant de répudier ses deux femmes et de l’épouser. Mais la jeune fille, qui a enregistré toutes ses discussions avec l’imam, a choisi de se rendre dans une clinique de crainte d’être tombée enceinte et de porter plainte sur la base de ses promesses de mariage dûment enregistrées.