La question de l’adaptation des territoires aux changements climatiques est devenue prégnante. Sécheresses, désertifications, inondations… Le changement climatique est en cours et de nombreux territoires en subissent déjà les conséquences. Chacun d'entre eux est donc appelé à construire sa résilience, telle est la conclusion de la table ronde organisée par l’initiative citoyenne OTED.
Selon les intervenants, il faut agir sur deux fronts. Il est ainsi important d’atténuer les changements climatiques et de s’y adapter. Dans la région du Souss-Massa, par exemple, un plan territorial de lutte contre le réchauffement climatique, communément appelé PTRC, a été mis en place.
Ce plan vise l’atténuation des gaz à effet de serre et l’adaptation au changement climatique, notamment en déterminant les moyens à mettre en œuvre localement pour apporter des solutions d’adaptation du territoire face aux conséquences du changement climatique, souligne Brahim Hafidi, directeur général de l’Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier (ANDZOA).
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Lors de son intervention, Brahim Hafidi a également tenu à souligner que la région du Souss-Mass est très affectée par les changements climatiques et vit un stress hydrique très accentué. C’est dans ce cadre que le PTRC a été lancé en 2016 afin de maîtriser les conséquences des changements climatiques.
Il a fallu ainsi identifier les spécificités techniques des mécanismes d'atténuation et d'adaptation et analyser en profondeur les politiques publiques nationales y afférant. Un processus structuré a pu par la suite être déclenché grâce aux ateliers thématiques, vers une planification territoriale intégrée de lutte contre le réchauffement climatique.
Pour le directeur général de l’Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier, chaque territoire est aujourd’hui appelé à établir un diagnostic de vulnérabilité afin d’identifier les risques liés au changement climatique et de repérer les changements à opérer.
De son côté, Ahmed Baroudi, directeur général de la Société d’investissement énergétique (SIE), qui a pour mission de contribuer à l’atteinte des objectifs nationaux d’efficacité énergétique par la mobilisation conjointe et complémentaire du secteur public et du secteur privé, a indiqué que la SIE a mise en place plusieurs projets d’efficacité énergétique pour les secteurs des bâtiments publics, de l’éclairage public, de la mobilité et de l’industrie.
Parmi ces projets: le programme des mosquées vertes, lequel a permis de restructurer la consommation énergétique des mosquées et de ses bâtiments. Ceci a permis de réduire leur facture énergétique jusqu’à 64% en moyenne. Quant à la rénovation des parcs d’éclairage public de Marrakech, elle a permis de baisser de 68% leur consommation énergétique.
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Quant à Quentin Ballin, responsable d’équipe projet, division agriculture, développement rural et biodiversité à l’Agence française de développement (AFD), il a insisté sur l’importance des projets d’adaptation au changement climatique, donnant l’exemple du projet de développement de l’irrigation et d’adaptation de l’agriculture irriguée aux changements climatiques à l’aval du barrage Kaddoussa.
Ce projet a pour objectif de sécuriser, de développer et de rendre plus résilientes aux changements climatiques les activités agricoles sur un périmètre de 5.000 ha à l’aval du barrage, composé d’oasis et d’extensions hors oasis. Il entend préserver les oasis en réalimentant en tête les séguias principales et sécuriser l’agriculture irriguée, qui s’est développée à partir des eaux souterraines, en substituant partiellement ces dernières par les eaux de surface.
Ce projet a, d’après lui, une dimension territoriale importante étant donné qu’il propose des activités d’accompagnement ciblant les agriculteurs locaux, en leur proposant des pratiques agricoles plus résilientes, notamment la diversification des cultures, le développement des pratiques agroécologiques et des mesures d’économie d’eau, entre autres.
Pour sa part, Faissal Sehbaoui, directeur général d’AgriEdge, une plateforme de services d'agriculture de précision et une marketplace digitale des produits agricoles, a fait remarquer que les nouvelles technologies associant le digital et l’intelligence artificielle méritent une attention particulière pour mieux gérer les ressources hydriques.
Les politiques d’incitation à l’utilisation des solutions digitales de pilotage de l’irrigation sont aujourd'hui importantes, a-t-il insisté, précisant que les technologies de pointe peuvent améliorer le rendement et réduire les coûts opérationnels pour les acteurs dans le secteur agricole.
A noter qu’OTED est une initiative citoyenne créée en 2016 et portée par des volontaires. Elle a pour objectif de promouvoir les partenariats multi-acteurs et de participer aux mutations des approches en matière de développement inclusif et durable. Et ce, en privilégiant l'intelligence collective, la co-construction et les stratégies d'alliances, leviers incontournables permettant aux acteurs territoriaux de concevoir et d'implémenter collectivement des réponses novatrices adaptées aux défis des territoires. Cette participation se matérialise notamment par la création de laboratoires d'innovation territoriale, tiers-lieux d'innovation pour la création d'écosystèmes générateurs de valeur partagée pérenne.