L’amour, une effervescence hormonale

Soumaya Naâmane Guessous.

Soumaya Naâmane Guessous.

ChroniqueLa médecine semble avoir élucidé le mystère du coup de foudre et de l’amour: ce serait une chimie du cerveau!

Le 14/02/2025 à 11h01

L’attirance entre deux êtres est due aux phéromones, une substance chimique sécrétée par les glandes, qui envoient un puissant message de désir. Chez l’homme, elles sont sécrétées sous forme de sueur dans les aisselles et chez la femme par des sécrétions vaginales.

Elles sont captées par l’organe voméronasal, situé dans le nez. Une même odeur attire certaines personnes et en éloigne d’autres. Il y a une attirance pour les personnes ayant le patrimoine génétique le plus éloigné. Oui, les opposés s’attirent!

Être amoureux produit les mêmes réactions que les drogues. Toute action procurant du plaisir se traduit par une décharge d’une hormone, la dopamine: manger du chocolat, consommer de la drogue ou de l’alcool, faire l’amour... Les drogues augmentent la production de la dopamine, ce qui crée une addiction, dans la recherche à ressentir ses effets euphorisants.

Chez l’amoureux, sous l’effet de la dopamine, le cerveau s’emballe: il ressent une forte sensation de plaisir qui le pousse à rechercher la proximité avec l’amoureux, pour revivre la même extase. La dopamine crée des dépendances amoureuses. Une expérience sur des souris chez qui on a bloqué les effets de la dopamine a fait que les mâles se sont séparés des femelles.

L’amoureux devient addict, tel un toxicomane. Il est obsédé par la personne aimée, cherche sa proximité, son odeur, sa voix. Il contemple ses photos, se connecte avec elle pour ressentir l’euphorie que procure son contact physique ou à distance.

Des expériences menées aux États-Unis sur des candidats amoureux prouvent que dans leur cerveau, des aires de la matière grise s’excitent à la vue de l’être aimé ou de sa photo. La même excitation est observée dans les cerveaux de personnes stimulées par la cocaïne et d’autres drogues.

La déception amoureuse peut provoquer une dépression. Aux États-Unis, dans les cliniques spécialisées dans les addictions, il existe des unités pour soigner les «addicts à l’amour», prodiguant des soins identiques à ceux utilisés pour les alcooliques. Elles prescrivent une cure de désintoxication, de sevrage, pour se libérer des démons de l’amour. L’amour rend fou!

La phényléthylamine (PEA), hormone de la passion, déclenche des sensations de bien-être, d’excitation et d’euphorie. Sa carence dans le cerveau entraîne fatigue et dépression. Elle procure la joie d’aimer et d’être aimé, réduit l’appétit et provoque une hyperactivité. Les amoureux dorment peu, passent des nuits à discuter… ou à faire l’amour.

Les zones du cerveau associées au sens critique se mettent en veilleuse. L’amoureux est privé de l’analyse objective de l’autre. Il ne voit que ses qualités et ne montre que ses propres qualités. L’amour rend aveugle!

«Comment conserver la flamme de la passion? L’amour étant une étrange alchimie biochimique, culturelle, psychique, seuls les comportements amoureux peuvent le faire durer.»

Du coup de foudre à l’orgasme, l’amoureux est guidé par des d’hormones.

La testostérone est l’hormone du désir sexuel. Elle enflamme les corps et embrase le désir. La lulibérine est l’hormone qui pousse à la recherche du contact physique. C’est l’hormone des préliminaires. L’ocytocine déclenche la mécanique de la jouissance et les endorphines provoquent une explosion au moment de l’orgasme. La dopamine stimule le circuit de la récompense et, avec la sérotonine, elles composent les hormones du plaisir. Le plaisir sexuel et l’orgasme procurent une intense sensation de plénitude qui se répercute positivement sur le psychique et sur le physique.

Mais en ce bas monde, rien n’est éternel! L’organisme des amoureux s’habitue à la PEA. Au bout de quelques mois ou quelques années, elle ne fait plus d’effet. La passion et le sentiment d’allégresse s’atténuent, rongés par la routine. Les amoureux subissent un état de manque. Certains vont aller de conquête en conquête, cherchant le coup de foudre pour revivre les sensations euphorisantes de la PEA.

Mais l’ocytocine peut sauver le couple. C’est l’hormone de l’attachement, qui favorise notamment le lien entre la mère et l’enfant au moment de la tétée. Des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), en France, ont noté que chez les espèces animales qui s’attachent et sont monogames, l’ocytocine est envoyée dans le cerveau dès le premier accouplement.

C’est une sorte de colle hormonale qui garde deux partenaires longtemps ensemble après la baisse de l’euphorie due à l’épuisement de la PEA. La fougue du début de la relation s’atténue au profit d’un apaisement dans une tendre affection.

L’ocytocine est aussi un élixir de bonne santé. Elle élimine l’anxiété, protège contre les maladies liées au stress, stimule le système immunitaire, ralentit le cœur et apaise le corps. Elle aurait des effets positifs sur la guérison des cancers.

La sécrétion par l’hypophyse de cette hormone est stimulée par le contact physique, les caresses et surtout l’orgasme. Quand un couple s’embrasse, se caresse, fait l’amour ou partage un moment agréable, il y a libération d’ocytocine induisant un sentiment de bonheur. Elle est stimulée par de douces intentions, des cadeaux, de l’attention, de suaves paroles… Les couples qui gardent ces comportements amoureux durent longtemps. Ils ne sont plus dépendants de la PEA.

Comment conserver la flamme de la passion? L’amour étant une étrange alchimie biochimique, culturelle, psychique, seuls les comportements amoureux peuvent le faire durer: la disponibilité, la communication, l’écoute, la reconnaissance, la générosité en amour, en affection et en tendresse, la complicité, des projets et des rêves en commun, la séduction quotidiennement renouvelée…

La sensualité, la sexualité, les caresses, les baisers sont le secret pour conserver le niveau d’ocytocine nécessaire pour entretenir la flamme de la passion. Ils permettent aux hormones de rester actives. À bon entendeur, salut!

Par Soumaya Naamane Guessous
Le 14/02/2025 à 11h01

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