C’est l’assassin le plus cruel, le plus constant, le plus difficile à combattre. Fumer une clope, ça ne fait rien. Fumer un paquet et plus par jour ouvre la voie à cet assassin qui parfois prend son temps. Son outil le plus efficace pour tuer, c’est le cancer des poumons. Radical. Il est plus fort que la médecine. Plus vicieux que tous les remèdes.
C’est un assassin familier. Il est dans la poche. Il est partout. Dans la maison, dans le bureau, dans la voiture, dans les toilettes… Il colle à la peau de celui qui s’en sert. Il s’est même permis d’annoncer la couleur: «Fumer tue»! Et alors? Qui a arrêté de fumer à cause de ce constat inscrit en lettres noires sur le paquet?
En France, deux cents personnes meurent par jour à cause du cancer causé par le tabac. Cela, malgré les campagnes de lutte contre le tabagisme et l’interdiction de fumer dans beaucoup d’espaces publics. L’État ne cesse d’augmenter le prix du paquet de cigarettes. Et pourtant, le nombre de fumeurs ne baisse pas ou si peu.
J’estime, par comparaison, que chez nous, le tabac tuerait une centaine de personnes par jour. Au Maroc, on meurt aussi du tabac, mais on n’en parle pas. À ma connaissance, il n’y a pas eu de grande campagne pour alerter la population des dangers mortels du tabagisme, qui est une drogue difficile à éradiquer.
Au Maroc, les gens fument partout, dans les restaurants, dans les cafés et dans certains espaces publics. Et tout le monde trouve cela normal.
Je me souviens d’une campagne d’un pays européen où on filme les poumons d’un homme décédé après un cancer. Les poumons sont noirs. Et le corps ravagé.
J’ai l’impression que les jeunes fument de plus en plus, surtout les filles. Cela fait partie d’une manière d’être, pour vaincre la timidité, pour avoir l’air de quelqu’un qui s’affiche.
Où va le pays si sa jeunesse est déjà pourrie par le tabagisme? Ce n’est pas une question de morale, mais une question de santé publique qui nous concerne tous. Il y a ceux qui fument, et ceux qui, sans être fumeurs, sont intoxiqués par la fumée. On les appelle les fumeurs passifs.
J’ai remarqué que de plus en plus de jeunes s’adonnent au sport. Ils savent que le sport est antinomique avec la cigarette. En principe, ils arrêtent de fumer. Et puis, tous ceux qui ne se rendent pas compte du mal qu’ils se font pour un plaisir bref, et surtout addictif, continuent d’empoisonner leurs poumons.
On dit, mais je n’ai aucune preuve de cela, que la marque américaine que tout le monde fume contiendrait un produit qui rend le fumeur addict. Il y a tellement de produits dans une cigarette qu’il est tout à fait plausible que ce soit vrai. Le fait est que tous ceux que je connais ont le plus grand mal à arrêter.
Une autre idée circule parmi les fumeurs pour décourager de cesser de fumer: si on arrête brutalement, le corps réagit mal et provoque un accident vasculaire cérébral, ou même déclenche le cancer qui était endormi. Donc, il vaut mieux continuer à s’empoisonner jusqu’au jour où…
Pour arrêter, il y a la volonté, ferme et inébranlable, car c’est une question de vie ou de mort. Ensuite, il y a des patches, des pastilles, etc. Mais ça ne marche pas toujours.
Il me semble qu’une des meilleures thérapies pour arrêter de fumer sans conséquence, c’est l’hypnose. J’ai vu chez un psychiatre, qui utilise l’hypnose, un immense bidon rempli de paquets de cigarettes. Il me dit: ce sont les paquets de tous ceux qui ont arrêté de fumer grâce à l’hypnose.
Alors, chers fumeurs, n’hésitez pas. Je sais qu’il existe à Casablanca un médecin hypnotiseur. Renseignez-vous et surtout allez-y en y croyant. Une part de foi et de volonté est nécessaire pour se débarrasser du poison qui tue au moins cent personnes tous les jours dans notre beau pays.
Ce sont là des vœux pieux. Après tout, ça demande une prise de conscience dont le but est de sauver une vie. Je me souviens d’un chauffeur de taxi, qui fumait comme un pompier. Il avait accroché à côté du volant la photo de ses trois enfants. La fumée empêchait de voir la photo. Je lui dis: pourquoi cette photo? Il me répondit: j’ai peur d’un accident de la route. Tout en m’envoyant une épaisse fumée au visage.
- Et ça, ça ne te fait pas peur?
- Non, fumer, c’est rien. Ça m’aide à me concentrer au volant pour ne pas faire d’accident.
Je n’avais plus rien à ajouter.