Vous avez vu les résultats des élections régionales en Catalogne dimanche dernier ? Décidément, les indépendantistes ont le vent en poupe. Du coup, la justice espagnole a convoqué leur chef, Artur Mas. en vue de l’inculper pour « désobéissance civile ».
Allons-nous rester les bras croisés ? Et si nous formions des associations de soutien à l’indépendance de la Catalogne ? Si nous organisions des concerts de musique où, entre deux morceaux endiablés de Hoba Hoba Spirit, on ferait monter sur le podium des Catalans qui nous diraient à quel point ils sont malmenés, humiliés, battus sans raison par les méchants Espagnols ? Si nous allions manifester en masse devant les ambassades et les consulats espagnols pour exiger que ces vilains colonialistes se retirent de Barcelone occupée, de Tarragone bafouée, de Gerona la martyre, qui est à feu et à sang ? Si nous accueillions en grande pompe chez nous tout Catalan qui voudrait passer ici quelques semaines aux frais de la princesse, charge à lui de dire du mal des Madrilènes, ces horribles impérialistes ?
On se calme. Bien sûr, nous n’en ferons rien. Nous n’interviendrons pas dans les affaires intérieures de l’Espagne, ce grand pays démocratique qui est notre voisin, notre ami et l’un de nos principaux partenaires commerciaux. Que Catalans et Castillans et tous les autres se débrouillent entre eux, Ils en sont parfaitement capables et puis, ce sont leurs oignons, pas les nôtres.
Dommage que certains citoyens Espagnols (ou Flamands ou Suédois, etc.) ne se gênent pas, eux, pour intervenir grossièrement dans nos affaires intérieures… C’est une survivance des siècles où ces gens-là débarquaient sur nos rivages, sans demander la permission à personne, et s’emparaient qui d’un port, qui d’une île, qui d’un morceau de plaine puis, l’ayant enclos, clamaient : « Ceci est à moi ! »
Ces temps sont révolus mais l’attitude cavalière, désinvolte, subsiste. Un pays de trente-cinq millions d’habitants, le Maroc, avec ses bataillons d’ingénieurs, de professeurs, de docteurs, de juristes, d’intellectuels est considéré comme globalement mineur. On le somme, depuis Madrid ou Stockholm ou Ljubljana, de faire ceci ou cela, de changer de politique, de changer d’identité, de changer de tête, carrément, sans s’encombrer de la moindre compréhension de ses problèmes ni de leur profondeur, ni de leur complexité.
La tentation est grande de rendre la monnaie de leur pièce à ces benêts sans-gêne. Mais nous n'en ferons rien. Nous sommes bien élevés, nous…