La grogne des magistrats contre les amendements des lois organiques relatives au pouvoir judiciaire, proposés par le ministère de la Justice, ne dérougit pas. Dans un communiqué, le club des magistrats du Maroc rejette catégoriquement certaines dispositions de ces textes de loi, notamment la proposition qui concerne le relèvement de l'âge de départ à la retraite de ces professionnels à 75 ans.
Contacté par Le360, le secrétaire général du club des magistrats du Maroc, Abderrazak Jbari, explique que l’une des principales dispositions de ce texte est le relèvement de l’âge de départ à la retraite des magistrats. Celui-ci est actuellement fixé à 65 ans. Mais la nouveauté apportée par la nouvelle mouture est que ce dernier peut être prolongé à 67 ans. Et ce, si le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire estime que c’est nécessaire, notamment par souci d'intérêt judiciaire.
Abderrazak Jbari ajoute que parmi les autres nouveautés proposées par ces textes, il y a la possibilité que le juge demande lui-même de travailler jusqu'à l'âge de 75 ans. Toutefois, le club des magistrats du Maroc considère que ce relèvement de l'âge de départ à la retraite pour une durée déterminée renouvelable va à l’encontre des conventions internationales, régionales et onusiennes relatives à l'indépendance de la justice.
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Le secrétaire général du club des magistrats du Maroc explique qu’il ne s’agit actuellement que d’un projet de loi qui a été soumis au secrétariat général du gouvernement, et dont la teneur n’a été révélée que par les médias. C’est pourquoi les juges appellent le ministère de tutelle à communiquer sur ces deux projets d'amendements afin que les associations professionnelles puissent donner leurs avis et participer à la modification de ces textes, conformément aux dispositions du Statut universel du juge.
En effet, selon le Statut universel du juge, le droit d’association professionnelle des magistrats doit être reconnu, pour permettre aux juges d’être consultés, notamment sur la détermination de leurs règles statutaires, éthiques ou autres, les moyens de la justice, et pour permettre d’assurer la défense de leurs intérêts légitimes et de leur indépendance.
Cette association professionnelle évoque aussi dans son communiqué le grand déficit en magistrats dont souffre le Maroc, appelant ainsi le ministère à désigner un nombre suffisant de juges pour faire face à la charge judiciaire et fournir le soutien nécessaire aux tribunaux en termes de personnel et d'équipement.