Tout sépare, désormais, les deux anciens «cerveaux» de la Salafiya Jihadiya, Abou Hafs (Abdelouahab Rafiki de son vrai nom) et son mentor, Hassan Kettani. Pour rappel, les deux hommes avaient été tous deux impliqués dans les attentats de Casablanca du 16 mai 2003, jugés, emprisonnés et libérés ensemble. Deux frères «siamois», qui émettaient les même idées. Sauf qu’Abou Hafs a fini par faire son aggiornamento et a même quitté la nébuleuse islamiste pour devenir un militant du parti de l'Istiqlal, depuis les élections locales et législatives du 7 octobre dernier.
D'ailleurs, sa récente sortie médiatique sur la chaîne 2M, lors de laquelle il a reconnu aux femmes le plein droit à l’héritage en arguant de la nécessaire adaptation de l'Islam à l’évolution sociale, lui a attiré les foudres de son ancien compagnon de cellule. L’hebdomadaire arabophone Al Ayyam rapporte, dans son édition de la semaine du 20-26 avril, que Hassan Kettani a choisi sa page Facebook pour déverser tout son fiel sur Abou Hafs qu'il traite de «raté», d'«instable», d'«aliéné»… Kettani va jusqu'à se demander comment «un aliéné peut affirmer que le droit à l’héritage n’est pas une ligne rouge, alors que, plus qu’une ligne rouge, il s'gait d'un mur infranchissable.»
Pour sa part, Abou Hafs a choisi l’ironie pour répondre à celui avec qui il a longtemps «partagé un morceau de pain». Sur Facebook également, il a ainsi écrit: «Celui qui veut apprendre le b.a-ba du débat apaisé et l'art du dialogue moderne, tout en finesse, est prié de visiter la page Facebook de maître Kettani».
Evoquant également les commentaires violents et injurieux des followers de la page de Kettani, Al Ayyam rapporte qu’Abou Hafs a réagi en affirmant «penser sérieusement à demander une protection auprès du ministre de l’Intérieur». Car le néo-Istiqlalien a mesuré à leur juste valeur les dangers de cette meute d’extrémistes, qu’il a bien connue et côtoyée durant plusieurs années, par le passé.