Les infirmiers anesthésistes-réanimateurs reviennent à la charge. La loi 43-13 réglementant l'exercice des professions d'infirmières est dans leur collimateur. En principale cause: l’infirmier anesthésiste est pris entre l’enclume d’une loi qui l’oblige d’accomplir des actes d'anesthésie ou de réanimation des patients, sous la responsabilité et la surveillance directe d'un médecin anesthésiste-réanimateur et le marteau de son sens de devoir de porter assistance à une personne en danger.
Abdelilah Asaissi, président de l’Association marocaine des infirmiers anesthésistes-réanimateurs (AMIAR), dénonce, dans une déclaration pour Le360, ce grand vide légal et explique que certaines administrations des hôpitaux publient des notes administratives, dans lesquelles elles obligent les praticiens de travailler, sans la surveillance directe d'un médecin anesthésiste réanimateur.
Il déclare ainsi que plusieurs infirmiers ont été suspendus de leurs fonctions pour avoir refusé d’intervenir sans la supervision d’un médecin. En cas de refus, «l’infirmier est passible d’être convoqué à un conseil disciplinaire et d’être suspendu de ses fonctions pour non-assistance à une personne en danger».
Pour Abdelilah Asaissi, «ces notes de services sèment davantage de confusion dans l’exercice de la profession, et exposent les professionnels à des risques de poursuites judiciaires en cas de graves complications».
Lire aussi : À Casablanca, 70,1% des étudiants en dernière année en médecine ont l'intention de quitter le Maroc, selon une étude
Le président de l’Association marocaine des infirmiers anesthésistes réanimateurs rappelle, par ailleurs, que la pandémie a mis en évidence le manque de personnel médical.
Selon la carte sanitaire du ministère de la Santé, qui donne un aperçu de l’offre de soins, le Maroc ne dispose que de 439 anesthésistes-réanimateurs, lesquels sont concentrés essentiellement dans les grandes régions du Maroc.
«Le nombre de ces professionnels est en constante baisse, en raison des démissions en cascade et de l'augmentation des cas de départs des médecins qui ont choisi de basculer vers le secteur privé après la fin de leur contrat de travail avec le secteur public», explique-t-il.
Avec peu d'anesthésistes-réanimateurs, exerçant majoritairement dans les régions du Maroc, beaucoup d’hôpitaux ne disposent pas en réalité de médecins réanimateurs, relève Abdelilah Asaissi, qui précise que même les structures de soins qui en disposent, n’en ont pas en nombre suffisant.
«De plus, avec le système de garde et d’astreinte, ce n’est pas toujours évident d’avoir un médecin réanimateur à tout moment. La loi en vigueur est donc décalée de la réalité. D’où la nécessité de sa révision», conclut-il.