Pour la première fois, Glovo fait l’objet d’une sanction de cette ampleur au Maroc. Les autorités de la province de Nouaceur ont en effet décidé de suspendre l’activité de l’application de livraison dans l’ensemble des cinq communes relevant de leur ressort territorial: Bouskoura, Dar Bouazza, Oulad Saleh, Oulad Azzouz et Nouaceur. Cette mesure a été motivée par une série de manquements constatés à plusieurs reprises et au sujet desquels l’entreprise espagnole avait été régulièrement alertée, sans qu’aucune mesure corrective ne soit mise en œuvre.
«Cette activité, qui n’a jamais été autorisée, ne respecte aucune norme sanitaire ou de sécurité», résume une source proche du dossier, contactée par Le360.
Et d’ajouter: «Les livreurs de Glovo ne sont pas tous identifiés. Ils sont recrutés en ligne et aucun système de pointage n’est utilisé pour savoir qui fait quoi. Un seul compte, pour lequel un numéro de téléphone est affecté, peut parfois être utilisé par trois personnes».
«Du coup, le client risque d’être livré par un meurtrier dont l’identité est inconnue. On ne peut pas se permettre de tolérer ces pratiques au Maroc de 2025», déplore notre interlocuteur, invitant Glovo à se conformer aux mêmes normes exigées sous d’autres cieux, notamment en Espagne.
En outre, poursuit la même source, les livreurs, soumis pour la plupart au statut d’auto-entrepreneurs, opèrent dans des conditions désastreuses, ne bénéficiant d’aucune couverture sociale (AMO, retraite, etc.).
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La suspension de l’activité de Glovo est également liée au non-respect répété des règles élémentaires de sécurité routière. Malgré plusieurs sessions de sensibilisation organisées par la Gendarmerie royale à l’attention des livreurs, de nombreuses infractions continuent d’être constatées sur le terrain: absence de port du casque, circulation en sens interdit, non-respect du code de la route, entre autres. Des comportements jugés préoccupants par les autorités, tant pour la sécurité des livreurs eux-mêmes que pour celle des usagers de la voie publique.
La reprise de l’activité de Glovo est désormais subordonnée à la régularisation de sa situation administrative et fiscale. Un cahier des charges est en cours d’élaboration afin de définir clairement les droits et obligations de l’entreprise, en particulier vis-à-vis des communes concernées. À ce jour, Glovo n’a versé aucun montant au titre des taxes locales, les bénéfices générés étant intégralement transférés à la société mère.
L’entreprise devra également se conformer à l’ensemble des exigences formulées par les autorités, notamment en matière d’encadrement du personnel et d’obtention des autorisations requises pour le transport de marchandises.
La suspension de l’activité de Glovo dans la province de Nouaceur, décision inédite au Maroc, pourrait faire jurisprudence et inspirer d’autres préfectures et provinces confrontées aux mêmes problématiques. Elle s’inscrit dans une dynamique de gouvernance locale marquée par des mesures audacieuses depuis la nomination du nouveau gouverneur, Jalal Benhayoune. Ancien directeur général du Centre régional d’investissement de Tanger-Tétouan- Al Hoceima et directeur fondateur du Guichet Unique du commerce extérieur PortNet, ce dernier imprime une nouvelle méthode, fondée sur la rigueur, la régulation et la volonté de rompre avec certaines pratiques tolérées de longue date.
Parmi les décisions emblématiques prises sous son impulsion, figurent l’interdiction des cafés ambulants, la régulation stricte du transport par triporteurs, ou encore, plus récemment, l’aménagement «à l’Européenne» de la corniche de Dar Bouazza. Cette dernière initiative a permis de restituer la zone littorale aux usagers et aux estivants, en libérant l’espace public illégalement occupé par des restaurants et plages privées, redonnant ainsi une nouvelle vitalité à ce front maritime longtemps délaissé.







