Elles sont venues avec leurs blessures, leurs mémoires, leurs colères, mais aussi avec cet infime faisceau d’espérance qui, malgré tout, persiste. À Essaouira, «écrin de paix et de tolérance», telle que décrite par la réalisatrice Hanna Assouline, elles ont dit ce que d’ordinaire on tait. Elles ont raconté, le temps d’un panel dédié à l’«appel des femmes du monde pour la paix», ce que c’est que de porter la guerre dans son corps, dans sa chair, dans sa mémoire familiale. Elles ont dit aussi qu’il est encore possible de résister, de reconstruire, de croire à la paix.
Dès le lancement de l’appel des femmes du monde pour la paix, samedi 20 septembre, le ton fut donné. Les guerrières de la paix parlaient avec cette gravité de ceux qui ont trop vu, et dans la salle, on sentait que les silences pesaient plus lourd que les applaudissements.
Sonia Terrab et Hanna Assouline, réalisatrices

«Nous avons dû nous battre bien plus fort qu’avant, sauver les décombres de nos espoirs ensevelis, brisés comme les ténèbres de milliers de vies perdues que nous pleurons ensemble aujourd’hui. Et aujourd’hui, il faut le dire, nos cœurs sont lourds. Nous sommes nombreuses et nombreux à être venus ici en nous accrochant à cet infime espoir de trouver, peut-être, un petit faisceau de lumière. Une consolation.
Au cœur d’une nuit qui semble interminable, nous n’en pouvons plus de la douleur, de l’horreur, de la haine. Nous sommes déchirés, épuisés et profondément malheureux. La douleur des peuples qui vivent l’horreur au quotidien, la souffrance que portent dans leur chair certaines des femmes présentes ce soir, ont été racontées. Ce soir, nos consciences portent le deuil, la colère, la douleur de ces femmes. Partout sur la planète, la guerre détruit, la haine explose.
Des peuples voient leur avenir, leur mémoire, leur identité attaqués. Des familles attendent dans la douleur le retour de leurs proches captifs. Chaque jour, nous sommes assommés par des images d’horreur qui nous déchirent le ventre, qui nous empêchent de dormir. Chaque jour, nous voyons la haine grandir, nous diviser, menacer tout ce que nous avons en commun. Et pourtant, au cœur du chaos et du désespoir, nous sommes là, devant vous, debout, ensemble.
Notre solidarité, inébranlable, demeure une résistance. Une rare résistance. Une vraie résistance. Se tenir côte à côte aujourd’hui, c’est résister. Être capables de pleurer ensemble, de partager nos douleurs, de voir dans l’autre une promesse et non une menace, c’est résister.
Nous savons que ce sont toujours les peuples qui payent le prix. Et parmi eux, les femmes sont en première ligne. En Palestine, en Iran, en Israël, en Afghanistan, au Congo, en Ukraine, des femmes meurent sous les bombes, sont parfois exécutées, assassinées. Elles subissent les viols, la guerre, l’exil forcé. Et pourtant, elles soignent, elles nourrissent, elles protègent. Elles tentent de porter l’espérance et de garder la vie. Il n’y a pas d’autre choix.
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Nous refusons que les femmes soient réduites au silence. Nous refusons qu’elles soient condamnées à n’être que témoins de la barbarie. La voix des femmes est un rayon puissant. Elle est un appel à la responsabilité, au nom des générations à venir, au nom d’un futur qui sera commun ou qui ne sera pas.
La solidarité internationale des femmes est notre arme la plus forte, notre bouclier, notre rempart. Les femmes sont des guerrières, des héroïnes du quotidien, des guerrières de la vie, des guerrières de la paix. Elles portent et protègent l’avenir du monde.
Ensemble, nous élevons un cri d’urgence, un cri vibrant pour la paix, la justice et la dignité des peuples. Ce rassemblement fait écho à l’Assemblée générale des Nations unies à New York, où les dirigeants du monde entier seront réunis. Nous voulons que nos voix solidaires et puissantes se fassent entendre, qu’elles appellent à la responsabilité, à la conscience et à l’action.
«Il n’y aura pas de paix sans justice et il n’y aura pas de futur sans égalité»
— Sonia Terrab et Hanna Assouline
Un cri pour dire que, malgré les bombes, malgré l’oppression et malgré la mort, nous n’abandonnerons jamais. Nous ne céderons jamais.
Nous choisissons la paix, nous choisissons la justice et nous choisissons la vie. La paix n’est pas une utopie, elle n’est pas un rêve lointain. La paix est une exigence, un choix politique, un devoir moral, la seule voie humaine. Nous exigeons le respect du droit international, la fin des occupations, la reconnaissance de chaque dignité humaine, du droit de chaque peuple à vivre dans la liberté, l’indépendance et la sécurité. Car il n’y aura pas de paix sans justice et il n’y aura pas de futur sans égalité.»
Soumaya Naamane Guessous, sociologue et écrivaine

«C’est un cri, un cri porté par les guerrières de la paix et par toutes celles et tous ceux qui refusent de céder à la fatalité des conflits. Un cri qui proclame que la paix n’est pas une utopie lointaine. Elle est une responsabilité, un souffle partagé, une promesse que nous devons tenir.
La paix n’est pas seulement l’absence de guerre. Elle est la présence de la justice, de la dignité, de la solidarité, de la liberté. Les femmes portent en elles une énergie singulière pour bâtir une paix durable, par leur courage, leur engagement et cette résilience forgée dans l’épreuve. Et les jeunes, eux aussi, nous l’ont montré ce matin, ils portent ce message de paix et savent lutter contre la haine pour la renforcer.
Mon cri est aussi celui d’une mère, de toutes les femmes qui portent la vie et de celles qui élèvent des enfants même si elles ne les portent pas en leur sein. Elles leur transmettent l’amour, la tendresse et surtout la promesse d’une vie protégée. Au Maroc, nous faisons une différence subtile et profonde. Nous aimons par le cœur, comme tous les peuples, mais nous aimons aussi par lkbida (le foie), qui porte toute l’affection et la profondeur de l’amour maternel.
Dire au revoir à un enfant qui part à la guerre, c’est sentir une blessure dans le cœur et dans le kbda, le foie. Perdre un enfant à la guerre, c’est perdre pratiquement ses organes vitaux. Toutes mes pensées vont aussi aux pères et aux mères qui perdent leurs enfants. Alors que nous cherchons à cohabiter harmonieusement, nous semons la haine et nous récoltons le poison. Et plus tard, la guerre, cruelle et aveugle, vient nourrir ces mêmes enfants de peur, de rancune, de haine et surtout de vengeance.
«Des milliards de dollars sont engloutis dans les conflits armés, alors qu’ils pourraient construire la paix, le vivre-ensemble, le bien-être collectif»
— Soumaya Naamane Guessous
Depuis toujours, les guerres sont décidées par les hommes. Les tragédies que nous traversons, et surtout celles actuelles de la Palestine, de l’Ukraine, du Soudan, du Yémen, de la Syrie, et j’en passe, sont toujours décidées par des hommes. Et aucune leçon n’a été tirée des drames précédents de l’histoire.
Et ce sont ces décisions masculines qui brisent la paix, détruisent des vies, laissent des familles dans le deuil et des enfants, infirmes ou traumatisés, à vie. Aujourd’hui, notre responsabilité est immense. Nous devons offrir à nos enfants et aux jeunes l’espoir d’un avenir sûr, d’un monde où ils pourront grandir sans craindre la guerre, où ils auront la possibilité d’apprendre, d’aimer, de créer, de rêver.
Dans l’ambiance actuelle, que transmettons-nous à nos jeunes? Quelle perception de l’avenir leur donnons-nous? Quelles leçons sommes-nous en train de leur offrir? Des milliards de dollars sont engloutis dans les conflits armés, alors qu’ils pourraient construire la paix, le vivre-ensemble, le bien-être collectif.
Un seul drone, j’ai fait des recherches, peut coûter au minimum 5 millions de dollars. Un seul drone! Une somme qui pourrait financer des infrastructures d’eau potable pour des milliers de familles, nourrir des populations entières, offrir un accès digne à la santé et à l’éducation. L’intelligence humaine devrait œuvrer à sauver l’humanité du réchauffement climatique, de la faim, de la soif, de la précarité, au lieu de brûler l’argent des contribuables dans des horreurs.
Pourrons-nous, à travers ces rencontres, tracer un chemin commun qui dépasse les frontières, efface les différences et rassemble? Je pense que oui. Alors oui, peut-être que la paix viendra par les femmes. Parce que nous savons ce que signifie la vie. Parce que nous refusons qu’on la détruise. Parce que nous portons en nous le cri de la dignité, de la liberté, de la solidarité.
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Notre présence aujourd’hui dit au monde que la paix est possible, qu’elle est urgente, qu’elle est nécessaire, qu’elle est vitale. Les femmes ne sont pas seulement témoins de la guerre, elles sont actrices de la paix, elles en sont les architectes. La paix se construit patiemment, pierre par pierre.
À Essaouira, en ce mois de septembre, je crois qu’ensemble, avec les hommes aussi, nous avons déposé une nouvelle petite pierre pour bâtir la paix. Dans ce forum, un souffle, une étincelle, un signal. De cette ville s’élève un cri qui traverse les océans, qui traverse les continents. Un cri de paix, un cri de dignité, un cri de vie.»
Ken Bugul, écrivaine

«Je m’appelle Mariètou, mais j’écris sous le pseudonyme Ken Bugul. En wolof, cela signifie “personne n’en veut”. Non pas dans le sens du rejet, mais comme un prénom qui sert à exorciser tout ce qui est négatif, à savoir la victimisation, l’abandon, la résignation, le découragement.
C’est donc un nom qui symbolise la force et le courage. Je l’ai choisi parce que j’ai connu beaucoup de difficultés dans mon enfance et mon adolescence, et je me suis même retrouvée à la rue. C’est là, dans la rue, que j’ai découvert l’arme dont je disposais: l’écriture. Par l’écriture, je réparais le passé. Il faut faire du futur une possibilité et refuser la fatalité. Toujours se projeter en se disant que c’est possible.
Essaouira. Une ville, un lieu, un espace. Mais surtout une ouverture à l’écoute des différences, à ces références qui ont contribué à l’évolution d’une humanité commune. Une humanité rendue lointaine par les conflits qui ravagent le continent africain. Essaouira a fait de l’écoute, du partage, de l’empathie et du rapport à l’autre un idéal et un devoir. Nous nous retrouvons ici pour le 2ème Forum mondial des femmes pour la paix. Une paix aujourd’hui ébranlée partout par les guerres.
Plus que jamais, nous ne pouvons pas baisser les bras ni détourner le regard. Il faut oser se relever, dire que tout le monde peut tomber, mais que l’essentiel est d’apprendre à se redresser. Aujourd’hui encore, nous devons affronter l’escalade des violences avec plus de courage, plus de détermination, plus d’engagement. Nous devons étouffer nos ressentiments personnels, nos égos, mais aussi les mauvaises vibrations venues de l’extérieur.
Pour cela, il faut former une chaîne d’influence et de force à travers le monde pour que la paix devienne la priorité des priorités. Cela suppose de combattre la violence, le racisme, l’antisémitisme et toutes les formes de haine et de brutalité.
Les femmes d’ici et d’ailleurs doivent sortir des sentiers battus, dépasser les discours, la propagande et la provocation pour s’adresser directement aux cœurs gangrenés par la haine. Par des actions d’information, d’éducation, de communication, de sensibilisation, menées partout et simultanément. Par leur implication politique, afin d’accéder enfin aux instances de décision.
Dans tout conflit, il n’y a que des perdants. Chaque vie compte pour une autre vie. Nous sommes interdépendants, quelle que soit la couleur de la peau, les croyances ou les organisations sociales. L’histoire justifiera notre engagement et notre combat pour que les générations futures entretiennent, à leur tour, cet amour de la paix, ce respect de la vie et de l’autre qui est notre identité commune.»
Nava Hefetz, rabbine

«Vous me demandez ce qu’est la paix? Je ne sais pas vraiment. La paix, c’est peut-être quand je suis assise avec Huda Abuarquob pour prendre un café, quand je discute avec Ali Abu Awwad. C’est peut-être cela, un début de paix. Mais je ne sais pas ce que signifie vivre en paix.
Je n’arrête pas de penser aux femmes de Gaza, aux enfants sans abri, qui ne savent pas s’ils se réveilleront demain, s’il y aura des bombardements. Je pense aussi à toutes les femmes qui vivent dans les zones de conflit. Elles sont vulnérables, marginalisées, discriminées, traitées comme des citoyennes de second rang, privées de droits élémentaires.
Ce sont les structures sociales, les traditions, les mœurs qui ont écarté les femmes du pouvoir et des lieux de décision, aussi bien au sein de la famille qu’au niveau économique, national et international.
Et pourtant, j’ai la conviction que lorsqu’elles participent aux décisions et aux négociations politiques, les femmes ouvrent de nouvelles perspectives. Elles accroissent la créativité, stimulent l’innovation, réduisent les conflits et font progresser les processus de décision.»
Huda Abuarquob, militante pour la paix palestinienne

«Je suis ici parce que je crois que ce que j’ai dit autrefois est encore plus vrai aujourd’hui. Ce n’est pas de la fiction, la paix est le mot qui nous maintient en vie, parce que nous voyons chaque jour ce que la guerre nous fait. Et devinez quoi? Ceux qui l’ont déclenchée voulaient que nous renoncions à la paix. Allons-nous céder? Non. Ils savent que nous sommes fatigués, tristes, en colère. Mais nous pouvons transformer ces sentiments en énergie pour ramener la paix.
Je ne crois pas qu’au fond du cœur, ni les Juifs, ni les Chrétiens, ni les Musulmans veuillent nous abandonner. Ils ne veulent pas que nous croyions que nous sommes condamnés à être surveillés, tués, ignorés. Je sais que si vous êtes dans cette salle, c’est parce que vous savez que ce qui se passe est injuste et que vous voulez agir.
Alors, apprenons des leçons de l’histoire. Ne donnons pas aux extrémistes de nom, de place, ni même la chance de nous détruire.
Nous sommes traumatisés. Nous avons peur. Notre véritable ennemi, c’est la peur. Et dans dix ans, personne ne pourra dire qu’il ne savait pas ce qui se passait à Gaza. Nous ne pouvons pas effacer la guerre, mais nous pouvons recréer, reconstruire.
«Nous sommes responsables, et nous avons tous une mission: être porteurs de paix»
— Huda Abuarquob
Je suis juive, je suis chrétienne, je suis musulmane, je suis une femme, je suis un homme, je suis jeune, je suis âgée. Ce n’est pas seulement aux femmes de porter ce combat, c’est à nous tous.
Nous sommes responsables, et nous avons tous une mission: être porteurs de paix. Pour que des enfants ne meurent plus. Pour que nous puissions dormir la nuit en sachant que, modestement, nous avons fait ce que nous pouvions afin que d’autres ne meurent pas.»
Aïda Tavakoli, présidente de «We Are Iranian Students»

«La paix, pour moi, c’est pouvoir faire société avec des personnes différentes de nous. L’humanité a toujours été diverse. La première étape consiste à comprendre que si, dans une même société, certains ne pensent pas comme moi, cela signifie que nous vivons dans une société libre. Parce que je suis libre, et tu es libre. Pour que nous ne soyons pas d’accord, il faut que chacun ait cette liberté de penser. Voilà pourquoi nos différences doivent être célébrées: elles sont le signe même de la liberté qui nous permet de vivre et d’exister ensemble.
La deuxième étape, c’est d’apprendre à faire société malgré nos désaccords. Comment? Par le débat démocratique. Débattre, c’est désactiver la bataille. C’est dé-battre. Cela veut dire que je ne vais pas te combattre, mais confronter nos idées.
Cela suppose de respecter les règles du débat démocratique, à savoir ne pas attaquer l’autre sur sa différence ou son identité, mais la reconnaître comme une bonne nouvelle pour la société. Être capables de dialoguer ensemble, de débattre, même si au final nous ne sommes pas d’accord. Ce désaccord lui-même reste une bonne nouvelle.
Qu’il y a des militants palestiniens, israéliens, iraniens, afghans, sénégalais qui travaillent sans relâche, qui subissent toutes les conséquences des guerres mais qui, malgré tout, continuent de croire à la paix.»
Fatemeh Jailani, directrice des opérations de l’organisation internationale SINGA

«Quand vous ne savez pas par où commencer, ayez le courage de commencer là où ça vous fait le plus mal, car vous gagnerez du temps. Prenez ce conseil et commencez ici. J’ai grandi en voyant le pays de mes parents, son peuple, ses femmes, ses hommes, ses enfants, abandonnés, encore et encore, en une seule vie.
Et bien sûr, les gros titres peuvent être oubliés, mais la souffrance, elle, ne l’est jamais. Elle s’envenime. Elle grandit au-delà des frontières. Et en Afghanistan, cette souffrance n’a pas seulement été abandonnée, elle a été instrumentalisée. Quiconque est passé par la guerre ou le conflit connaît le mal de ce mot. Parce que ce mot apporte encore plus de destruction, plus de haine, plus de mort au-delà des frontières. J’ai grandi en sachant mieux, et maintenant je n’ai même pas le temps de pleurer correctement, parce que nous perdons trop vite.
Toutes ces guerres, toutes ces atrocités, toute cette souffrance, exploitation et tuerie vont grignoter notre humanité. Elles vont nous rendre si laids que nous ne supporterons plus l’idée de nous regarder dans le miroir. Et que deviendra alors la paix? Comment commencer un dialogue les uns avec les autres si nous ne supportons même pas de nous regarder nous-mêmes? La paix ne commence pas seulement à table. Elle commence ici, en nous. Et cela signifie que nous devons tous être libres, pas seulement les hommes, mais nous tous, de ce mensonge qui dit que la force est la violence, que le compromis est une faiblesse, et que nos différences sont une menace.
«Oui, nous avons échoué, mais l’échec n’est pas la fin. C’est une invitation à recommencer, autrement, ensemble»
— Fatemeh Jailani
Parce que la paix n’a pas besoin seulement des femmes, ni seulement des hommes. Elle a besoin de nous tous, avec le courage de choisir autre chose que la domination. Le monde change plus vite que notre courage. La technologie dépasse notre éthique. Le climat dépasse notre politique. Déplacement, polarisation, guerre. Ce ne sont plus des exceptions, elles deviennent la règle. Et il en sera ainsi si nous continuons à jouer au même jeu des ennemis et des alliés, des frontières et des barricades. Nous marchons en somnambules vers notre propre perte. La guerre est là. La guerre est là. Et elle s’étend. Il est temps de se réveiller. Réveillons-nous.
La paix n’est pas naïve. La paix n’est pas passive. La paix est le choix le plus radical, le plus exigeant que nous puissions faire. Et elle commence ici, avec nous, musulmans, juifs, chrétiens, hindous, bouddhistes, croyants, non-croyants, osant sortir de la peur, osant voir notre humanité commune non pas comme une idée abstraite, mais comme la seule option de survie. Oui, nous avons échoué, mais l’échec n’est pas la fin. C’est une invitation à recommencer, autrement, ensemble.
Car dans le christianisme, on nous dit que Dieu créa l’homme et la femme à son image. Dans l’islam, que Dieu créa des nations et des tribus pour que nous puissions nous connaître les uns les autres. Dans le judaïsme, que nous sommes commandés d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Dans l’hindouisme, que nous sommes appelés à voir le soi en tous les êtres, et tous les êtres dans le soi. Et dans le bouddhisme, que même si nous apparaissons différents, nous sommes tous nourris par le même grain de vérité. À travers les traditions, le message est clair: notre humanité est sacrée, notre diversité est intentionnelle, et notre destin est partagé.
Si l’étymologie du mot «péché» en grec ancien signifie «manquer la cible», alors peut-être est-ce la vérité la plus profonde. La violence, la haine, la peur, tout cela, c’est simplement manquer le sens. Alors combien de temps allons-nous continuer à le manquer, quand le sens a toujours été de nous reconnaître les uns dans les autres? Qu’on l’appelle foi ou humanisme, la tâche est la même, aimer l’humanité dans toutes ses formes.»
Un monde à reconstruire
Et comme pour sceller ce moment, un geste fort est venu clôturer cette deuxième édition. Deux arganiers ainsi qu’un grenadier de la Paix ont été plantés à Essaouira à l’initiative de l’association Marocains Pluriels.
En présence des guerrières de la paix, des associations, de la jeunesse et du public, ce rituel a incarné l’espérance d’un monde à reconstruire. Comme ces jeunes pousses appelées à grandir, l’appel des femmes du monde pour la paix continuera de porter ses fruits, bien au-delà des murs de la cité des alizés.
Lors de la plantation de deux arganiers et d'un grenadier de la Paix. (A.Gadrouz/Le360)















