Le quotidien français «Libération», dans sa Une du 11 septembre, consacrée au séisme du 8 septembre, a choisi une photo de Touria Sarka, accompagnée d’une manchette où figure entre guillemets la citation: «Aidez-nous, nous mourrons en silence», suggérant à tort que ces mots ont été exprimés par Touria elle-même. Or, il n’en est rien.
La diffusion de cette Une a provoqué une onde de choc au Maroc, déclenchant une campagne sur les réseaux sociaux pour retrouver Touria et l’informer de l’utilisation inappropriée de son image. Bouleversée, elle s’est exprimée dans les médias locaux, dénonçant la manipulation de son image et la fausse citation lui étant attribuée. Face à cette situation, un élan de solidarité s’est manifesté, menant à la mobilisation de deux avocats: Mourad Elajouti du côté marocain, et Robin Binsard du côté français, tous deux déterminés à défendre les droits de leur cliente.
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Dans un communiqué diffusé ce jeudi 1er février, les deux avocats ont rappelé que leur cliente mettait en demeure, le 19 septembre, le journal français de publier un démenti indiquant que la Une du journal du 11 septembre 2023 était un photomontage. Une mise en demeure qui est «restée vaine», ont-ils fait savoir.
Les deux avocats ont tenu également à rappeler que la cellule Check News du quotidien «Libération» a essayé de se dédouaner de toute responsabilité en essayant d’imputer sa faute à l’AFP. En revanche, regrette Alexandra Schwartzbrod, directrice adjointe de Libération, «à aucun moment il ne nous a été rapporté que cette personne pouvait être en train de dire “vive le Roi”. Il aurait été bon que l’AFP précise ce qu’elle était en train de crier».
L’infraction reprochée à «Libération» s’inscrit donc sous le double signe de la violation du droit à l’image et de l’usage illicite de propos jamais tenus, des actes répréhensibles aux yeux de la loi française. «Ces faits constituent l’infraction de montage illicite de l’image et de la parole d’autrui, laquelle est réprimée par l’article 226-8 du code pénal français et passible d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende, ils ont aussi porté atteinte au droit à l’image de Touria Sarka au sens de l’article 9 du code civil, sa photographie ayant été utilisée sans son consentement», a signalé la défense de la plaignante.