"Je suis très heureuse de la libération du professeur Maâti Monjib. Sa mise en libération provisoire est un signal fort que dans cet Etat de droit (qu’est le Maroc), il jouira de tous ses droits, dont celui d’un procès qui ne peut être qu'équitable", écrit sur son compte Facebook la journaliste Hafsa Boutahar, victime présumée d’un viol commis par son confrère Omar Radi, l’été dernier.
Condamné à un an de prison au mois de janvier dernier après avoir été jugé coupable de "fraude" et de "blanchiment d’argent", l’historien a en effet passé trois mois en détention avant d’être placé en liberté provisoire. "La décision du juge d’instruction confirme et prouve l'indépendance de l'autorité judiciaire, son hermétisme face aux réseaux sociaux et à toute pression émanant de l’extérieur", insiste à ce sujet Hafsa Boutahar, contactée par Le360. "C'est une victoire pour le droit à la liberté et à la justice, cette justice que j'ai toujours défendue et que je continuerai de revendiquer avec le même enthousiasme et le même état d’esprit", explique-t-elle pour Le360.
Maâti Monjib est un citoyen marocain, bien que celui-ci brandisse sa double nationalité française comme un joker, poursuit Hafsa Boutahar en ironisant sur "les défenseurs" de l’historien, qui selon elle, "ont surligné sa nationalité française".
Mais pourquoi Hafsa Boutahar s’exprime-t-elle sur la sortie de prison de Maâti Monjib? Parce que dans les propos tenus par celui-ci à sa libération, la jeune femme a reconnu encore une fois l’instrumentalisation de sa propre affaire. Le Franco-marocain a fait preuve d’une "prétendue sélection dans la politisation des dossiers, mais aussi dans le choix des victimes", et a appelé à "la libération de ceux qu’il considère être innocents", dont Omar Radi, le présumé violeur de Hafsa Boutahar. C’est ce mépris pour une femme qui affirme avoir subi un viol, et à qui Monjib n’accorde même pas le bénéfice du doute, qui révolte tant Hafsa Boutahar et l’a fait sortir de sa réserve pour s’indigner de la conduite de l’universitaire.
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Pour elle, c’en est trop. "Vous avez dépassé les limites. C’est inacceptable!" reproche-t-elle à celui qui se présente comme un fervent défenseur d’Omar Radi. Dans l’affaire qui oppose Omar Radi à son accusatrice, Maâti Monjib a en effet pris position de manière partiale, pour attribuer, avec un peu trop d’empressement, le statut de victime au présumé violeur.
Dans ses déclarations du 24 mars dernier, l’universitaire s’est en effet référé à Omar Radi, en vue de dénoncer ce qu’il a appelé les pratiques d’une "police politique". "Il a nié les droits humains d’une autre personne en soutenant coûte que coûte un individu sans se préoccuper de sa culpabilité ou pas" déplore Hafsa Boutahar, faisant ici référence à Omar Radi.
Et de poursuivre, sur le ton du reproche, "vous avez méprisé ma situation, nié ma souffrance, la qualifiant de règlement de compte (…), vous avez décidé d’enterrer mon cas et vous vous êtes impliqué dans mon dossier sans prendre mon accord ni même essayer de me joindre", poursuit-elle dans son pamphlet, rappelant qu’elle est la seule concernée et qu’elle se défendra contre toute personne qui essaiera de bafouer ses droits en tentant d’étouffer son affaire.
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"Je vous promets que je ne resterai pas silencieuse face à vous", conclut-elle à l’attention de Maâti Monjib. "Je suis victime d’un viol et j’ai l’intention de faire usage des droits que me garantissent les conventions internationales, la Constitution marocaine et le droit pénal" déclare Hafsa Boutahar pour Le360, rappelant qu’elle n’est pas en quête de "vengeance" mais d’"équité" et de "réparation du préjudice grave" qu’elle a subi.
"Je continuerai de suivre les différentes procédures juridiques approuvées par la loi afin de faire valoir le droit et préserver ma dignité et celle de toutes les femmes qui ont été victimes d'agressions sexuelles, en particulier celles qui n'ont pas été en mesure de porter plainte" nous explique-t-elle. Et de pointer un doigt accusateur sur "ceux qui croient que la main de la justice ne les atteindra pas et qu’ils sont protégés par ceux qui ont l’art de maquiller des affaires relevant du pénal en questions relatives aux droits de l’homme".