Dans une lettre envoyée au chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, quatre syndicats représentant les médecins libéraux sont montés au créneau pour dénoncer les montants de cotisation au régime de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), s’étonnant de l’absence d’équité dans la fixation de ces montants par rapport à d’autres catégories et de mesures incitatives d’accompagnement.
Certains médecins ont même décidé de boycotter le paiement de la première cotisation CNSS jusqu’à la reprise des discussions sur le contenu du décret fixant le revenu forfaitaire des médecins généralistes à 4 fois la valeur du SMIG et à 5,5 fois le SMIG, pour les spécialistes.
Lors de son passage à l'émission Grand format-Le360, Hassan Boubrik, directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), a tenu à appeler les médecins à accomplir les formalités nécessaires, «non seulement pour éviter le risque des pénalités astreintes, mais surtout pour qu’ils puissent bénéficier de leurs droits», précisant «que ceux qui n’ont pas été encore immatriculés, à travers le fichier de masse, ont un mois pour le faire auprès des réseaux de proximité».
Lire aussi : Grand Format-Le360. La recette de Hassan Boubrik pour réussir le chantier royal d’une couverture médicale pour tous
Pour ce qui est de la dénonciation des médecins libéraux de l’absence d’équité dans la fixation des montants de cotisation à l’AMO, en comparaison avec d’autres catégories, le directeur de la CNSS a souligné que «du moment qu’on est dans un système de forfait, il est clair qu’on n'aura pas nécessairement une équité totale entre catégories ou à l’intérieur de la même catégorie. Vous pouvez avoir un médecin spécialiste qui peut gagner 300.000 dirhams par mois, qui va contribuer à 5,5 fois le SMIG. Vous aurez un médecin qui a une clinique et qui peut déclarer un salarié, peut-être, à 10 fois le SMIG, et qui va contribuer à 5,5 fois le SMIG».
En tant que direteur général de la CNSS, Hassan Boubrik se dit «très sensible à l’équilibre». «Peut-être que demain, justement si on veut arriver à plus d'équité, on peut imaginer que la cotisation sera assise sur des revenus réels qui sont déduits de déclarations fiscales. On y viendra peut-être un jour quand on gagnera un peu plus de maturité dans nos systèmes», a-t-il dit.
Pour ce qui est des mesures incitatives attendues par les médecins libéraux, Hassan Boubrik souligne avoir tenu une réunion, mercredi 8 décembre, avec les syndicats qui les représentent, soulignant qu’elle s’est passée dans d’excellentes conditions et que les discussions sont toujours en cours.
Lire aussi : Couverture sociale des médecins libéraux: voici pourquoi les bases de cotisation font polémique
Les syndicats des médecins libéraux, rappelons-le, s’attendent à une batterie de mesures incitatives, notamment la prise en charge par la CNSS de 50% des charges de l'Assurance maladie des indépendants (AMI) à l'adhésion des médecins aux conventions.
«La réunion d’hier s’est passée dans d’excellentes conditions. Effectivement, sur la question des incitations, nous sommes parfaitement ouverts. Maintenant, il faut qu’on construise ce système, si on parle de la CNAM en France, il y a certes un système d’incitations vis-à-vis des médecins, notamment les médecins de ville (libéraux), mais avec une batterie d’indicateurs et avec un système de suivi», a indiqué le Boubrik, tout en soulignant que la Caisse est ouverte à la construction d’un système avec le corps médical.
«Un système qui doit être à la fois cohérent et qui nous permettra d’aller vers une maîtrise des dépenses du régime qui est essentielle, tout en garantissant une bonne qualité des soins et des services rendus par ces médecins. C’est quelque chose à construire. Puis, il faut probablement toucher la législation pour permettre à la CNSS d’aller dans le cadre de ce système incitatif. Nous y sommes tout à fait ouverts. Nous considérons encore une fois les médecins comme des partenaires essentiels», a-t-il ajouté.
Rappelons que lors du point de presse suivant le Conseil du gouvernement, tenu jeudi 9 décembre, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, avait fait part de sa surprise quant au refus des médecins des montants de cotisation au régime de l’AMO, précisant n’avoir reçu aucune lettre de la part de leurs syndicats représentatifs.