Jeux Paralympiques Paris 2024: une participation marocaine plus qu’honorable

Fatima Ezzahra El Idrissi.

Fatima Ezzahra El Idrissi.. DR

ChroniqueCette moisson de médailles renforce le positionnement du Maroc dans le sport paralympique et l’installe dans une dynamique d’amélioration dans le futur, au grand bonheur de tous ceux qui ont suivi cette semaine passionnante et très riche en émotions.

Le 10/09/2024 à 15h22

Portée par une grande championne, Fatima Ezzahra El Idrissi, la délégation marocaine aux Jeux Paralympiques a fait très bonne figure à Paris. Avec un total de 15 médailles, trois en or, six en argent et six en bronze, le Maroc est en tête, du nombre de médailles, de tous les pays arabes et africains. Il devance notamment l’Algérie et la Tunisie avec 11 médailles chacune.

En faisant tomber deux records du monde les athlètes marocains ont accompli leur devoir de la plus belle des manières. Ils méritent le respect de tous et la reconnaissance de leur mérite. Le dépassement de soi pour porter haut le drapeau national est une preuve incontestable de leur patriotisme et leur combat ne pourra pas rester sans suite.

La situation d’handicap n’a jamais empêché la performance, qu’elle soit sportive ou intellectuelle. L’histoire regorge de personnalités, en situation de handicap, qui ont marqué la science, la politique, l’armée ou l’art et la culture. Stephen Hawking est l’un des plus célèbre d’entre eux. Physicien de renommée mondiale, il a révolutionné la connaissance de l’univers. Son handicap physique était pourtant très sérieux. Franklin Roosevelt, le président américain, complètement paralysé des membres inférieurs, a mené le monde libre à la victoire en 1944. L’amiral Nelson, privé d’un bras et d’un œil, a remporté une des plus célèbres batailles navales du début du 19ème siècle, celle de Trafalgar, opposant la Royal Navy aux armées napoléoniennes. Ludwig van Beethoven, enfin, un des plus grands compositeurs de l’histoire, était sourd. Autant de personnages sources d’inspirations pour des millions d’autres.

Leur handicap ne les a pas empêchés de briller et de marquer leurs époques en toute normalité. En sport, c’est différent, l’importance des capacités physiques, de la masse athlétique oblige la création de catégories pour garantir l’équité des compétitions. Les filles et les garçons ne participent pas aux mêmes compétitions. Les boxeurs, les lutteurs, les judokas, de même sexe sont répartis par catégorie selon leur poids. Un boxeur de 60 kg ne sera jamais opposé à un boxeur de 100 kg, c’est une question de justice et d’intégrité des compétitions. Les sportifs doivent concourir à armes égales.

Pour les concurrences paralympiques la différenciation entre athlètes est encore plus précise.

A chaque épreuve, on attribue un indice composé d’une lettre T, F ou K afin de différencier les compétitions et chaque participant est doté d’un chiffre pour indiquer la sévérité de son handicap.

La lettre «T» première lettre de «Track» que l’on peut traduire par piste, désigne les courses et les sauts. Les athlètes sont classés selon leur niveau de handicap: T11 (non-voyants), T12 (malvoyants), T20 (déficience intellectuelle), T32 à T38 (lésion cérébrale), T40 à T47 (petite taille ou problèmes orthopédiques), T51 à T54 (paralysie ou amputation en fauteuil roulant), T61 à T64 (prothèse de membres inférieurs).

La lettre «F» désigne «Field», qui signifie terrain est attribuée aux épreuves de lancer, avec le même principe: F11 (non-voyants), F12 (malvoyants), F20 (déficience intellectuelle) etc.

La lettre «K» correspond à «Kyorugi» qui veut dire «combat» en coréen. Deux catégories sont prévues: K43 (double amputation des avant-bras ou limitation équivalente des capacités dues à un handicap orthopédique) et K44 (amputation unilatérale d’un bras ou limitation équivalente due à un handicap orthopédique ou absence de doigts de pied affectant sensiblement la capacité à bouger les jambes de façon dynamique) pour chaque catégorie la répartition se fait en fonction du poids du corps et du sexe bien entendu ; moins 58 kg, -63 kg, -70 kg, -80 kg et +80 kg.

Plus le chiffre attribué est bas, plus le handicap est important. Ce chiffre dépend aussi de la complexité de l’épreuve. La championne marocaine, Fatima Ezzahra El Idrissi, s’est vue attribuée l’indice T12 pour sa participation au marathon, qu’elle a remporté en battant le record du monde de l’épreuve. Elle a terminé la course avec 9 minutes d’avance sur sa compatriote Meryem En-Nouhri médaille d’argent. La même Fatima Essahra El Idrissi a remporté la médaille d’argent du 1500m avec un indice T13. Cette différence d’indice résulte des exigences physiques de chaque course et des conditions qui les entourent.

Aux Jeux Paralympiques de Paris 2024, le Maroc s’est classé officiellement 31ème, au lieu de 24ème. La règle du sport olympique veut que le classement soit basé sur le nombre de médailles d’or obtenues et non sur le nombre total des médailles remportées. C’est comme si en football le classement était déterminé par le nombre de victoires enregistrées ou le plus grand nombre de buts marqués au lieu du nombre de points accumulés. C’est ainsi, pas question de modifier la règle, ni de remettre en cause le classement officiel du comité d’organisation. Cette moisson de médailles renforce le positionnement du Maroc dans le sport paralympique et l’installe dans une dynamique d’amélioration dans le futur, au grand bonheur de tous ceux qui ont suivi cette semaine passionnante et très riche en émotions.

Par Larbi Bargach
Le 10/09/2024 à 15h22