Le Covid en Afrique sud-saharienne, entre mythe et réalité

L’Afrique réelle

ChroniqueL’Afrique sud-saharienne, où les dévastations annoncées ne se sont pas produites, puisque les cas officiels de Covid y sont particulièrement bas… Un mystère, compte tenu de la contagiosité du virus, et du très faible taux de vaccination des populations.

Le 05/04/2022 à 12h11

Le centre épidémiologique Epicentre rattaché à Médecins Sans Frontières (MSF), a publié en date du 28 décembre 2021 un article intitulé «Covid-19 en Afrique: le virus circulerait plus qu’annoncé» et, en sous-titre «L’épidémie de Covid 19 a-t-elle été sous-estimée?»

Ces deux titres cachent l’intérêt principal de l’article qui est de ramener le «fléau du siècle» à sa juste réalité. Du moins en ce qui concerne l’Afrique sud-saharienne où les dévastations annoncées ne se sont pas produites puisque les cas officiels de Covid, y sont particulièrement bas. Un mystère compte tenu de la contagiosité du virus et du très faible taux de vaccination des populations.

Aussi, afin de tenter de comprendre cette exception africaine sud-saharienne, plusieurs études ont été réalisées sur la séroprévalence, ce marqueur infaillible permettant de comptabiliser le nombre de sujets ayant, à un moment ou à un autre, été en contact avec le, ou les, virus du Covid.

L’étude, qui a été menée dans six pays, le Mali, le Niger, le Kenya, le Soudan, la RDC et le Cameroun, a ainsi permis à ses auteurs d’établir que le pourcentage de personnes asymptomatiques, c’est-à-dire qui n’éprouvent aucun symptôme, est très élevé. Ainsi, selon les analyses de séroprévalence, 42% des Nigériens ont été infectés à un moment ou à un autre par le, ou les, Covid, et cela, sans ressentir le moindre symptôme, alors que le taux national officiel de malades est de 0,02% de la population. Au Mali, les rapports sont de 25% et de 0,07%, et au Soudan de 34% et de 0,08%.

L’étude balayant une volonté des autorités de camoufler les vrais chiffres de malades, l’explication est potentiellement triple:

1- n’ayant aucun symptôme, les ressortissants de ces pays ne vont pas se faire dépister.

2- Le virus circule d’une manière très importante, mais souterraine, et sans provoquer de formes graves. Sauf, comme en Europe, chez les personnes à risque, les jeunes y étant peu sensibles. Or, la population africaine est jeune. Dans ces conditions, écrit le rapport, «au Niger il n’est peut-être pas nécessaire de vacciner toute la population, dont la moyenne d’âge est de 15 ans». D’autant plus que l’étude nous apprend que 42% de la population est désormais immunisée puisqu’elle a été en contact avec le virus…

3- A travers ce qu’écrivent les auteurs, mais sans qu’ils le disent ouvertement, en Afrique, l’immunisation naturelle de la population semblant donc être une réalité, peut-il en être de même en Europe et au Maghreb? Voilà qui mériterait une nouvelle étude.

Par Bernard Lugan
Le 05/04/2022 à 12h11