Profitant du départ des forces françaises du Mali, l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) lance depuis ces dernières semaines une puissante offensive contre les mouvements touareg. De fortes attaques meurtrières se sont ainsi déroulées dans la région de Ménaka, notamment à Tamalat, Ichinanane, Anderazmboukane et Ekarfane.
Plusieurs de ces localités ont été prises par les jihadistes et des dizaines de civils touareg y ont été purement et simplement «liquidés». Dans les violents combats, les Touareg ont essuyé de nombreuses pertes, dont plusieurs de leurs chefs militaires.
A travers ces attaques contre les Touareg, l’EIGS cible directement les divers mouvements signataires des Accords d’Alger de 2015, dont le CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) et le MSA (Mouvement pour le salut de l’Azawad).
La stratégie de l’EIGS est claire: depuis son bastion de la «région des trois frontières», remonter vers le nord pour s’attaquer au cœur de la seule résistance régionale potentielle, à savoir les Touareg. Une fois ces derniers vaincus, plus rien ne s’opposerait à une conquête rapide de tout le Mali en raison de la faiblesse des FAM (Forces armées maliennes). Et ce ne seront pas les mercenaires russes de la force Wagner qui seront en mesure de s’y opposer, leur principale mission étant de sécuriser la junte au pouvoir.
Menacés dans leur existence même car l’EIGS les considère comme des musulmans hérétiques, les Touareg sont désormais condamnés à s’unir pour former une alliance ethnique défensive. Une évolution qui devrait se traduire par le rapprochement entre le CMA-MSA, la composante touareg d’Aqmi dirigée par Iyad ag Ghali, mais également avec le GATIA (Groupe d'auto-défense touareg Imghad et alliés).
Deux autres éléments ne doivent cependant pas être perdus de vue:
1. l’Algérie qui ne peut en aucun cas laisser l’EIGS se rapprocher de ses frontières sera, d’une manière ou d’une autre, et tôt ou tard, contrainte de s’impliquer dans le conflit.
2. Tout le nord du Mali est le carrefour des trafics entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe.