Le propre du climat étant de changer, l’actuel réchauffement climatique doit donc être replacé dans le contexte du temps long et même très long.
Il y a environ 60.000 ans, l’Europe occidentale connût un climat extrêmement froid et sec, les îles britanniques étant alors en partie recouvertes par des glaciers. L’Afrique se refroidit également et les pluies y diminuèrent, entraînant dans certaines régions, dont le Sahara, une phase aride et même hyper-aride. Le phénomène connût une accentuation il y a environ 30.000 ans.
En Afrique, le pic de la phase d’aridité se situe entre moins 18.000 et moins 15.000 ans. L’océan fut alors à son plus bas niveau et la forêt de la cuvette du Congo recula au profit des savanes. En Afrique orientale les grands lacs atteignirent leur niveau le plus bas. C’est ainsi que le lac Victoria baissa de 75 mètres et il en fut de même avec les lacs Kivu et Tanganyika.
Puis, il y a environ 10.000 ans, à ce climat froid et aride, succéda une phase chaude et humide qui dura environ 4000 ans et qui présente de profondes différences régionales:
1-En Afrique du Nord, la végétation méditerranéenne colonisa l’espace vers le sud jusqu’à plus de 300 km de ses limites actuelles.
2-Dans le Sahara les pluies furent de retour avec une intensité maximale il y a 8000 ans. Au centre, les massifs de l’Air, du Hoggar, de l’Adrar des Iforas donnèrent naissance à une multitude d’ouadi alimentant un fleuve aujourd’hui disparu, l’Azawag, long de 1600 km. Le Ténéré était alors une savane arborée. Plus à l’ouest, dans la région de l’actuelle Mauritanie et dans tout l’ouest du Sahara occidental, les dépressions et les cuvettes étaient devenues des lacs. Dans la région du «Sahara des Tchad», le lac Tchad s’étendait jusqu’aux contreforts du Tibesti cependant que, dans la région du Sahel, les savanes étaient remontées de 500 à 1000 km vers le nord.
3-En Afrique orientale, les lacs atteignirent leur plus haut niveau et, gonflé par le fleuve Omo, le lac Turkana rejoignait le réseau du Nil, ne faisant plus qu’un avec les lacs Albert, Edouard et Victoria, constituant une sorte mer intérieure. Plus au sud, le lac Kivu s’était fondu dans le lac Tanganyika.
4-Débordant de ses limites actuelles, la forêt s’étendait jusqu’au sud du Sénégal au nord-ouest et jusqu’au Darfour au nord-est. En Afrique orientale, elle atteignait les hautes terres et franchissait le lac Victoria.
Puis, à partir d’il y a environ 4000 ans, un nouveau changement climatique se produisit avec un lent et régulier mouvement vers l’assèchement, phénomène qui se poursuit aujourd’hui sous nos yeux.
Dans le Sahara, l’aridité s’installa peu à peu et les sources tarissant, la vie se concentra autour des points d’eau et des derniers pâturages, l’habitat permanent se concentrant dans les grandes oasis où, pour trouver de l’eau, il fallut creuser le sol. A l’ouest, le Sahara occidental, de l’oued Draa à l’actuelle Mauritanie se transforma en steppe. Quant à la façade méditerranéenne, elle fut intégrée au monde de l’Antiquité classique dont elle reçut les innovations.
Au sud, l’immense paléo-Tchad disparut et le lac atteignit alors sa superficie de l’époque historique. Avec le recul de l’humidité, le Sahel redevint sec et la savane qui était «remontée» vers le nord durant la période climatique précédente, réoccupa «sa» zone antérieure. Encore plus au sud, la forêt recula.