Vous vous souvenez du dénommé Abdelkader Messahel, qui se disait ministre des Affaires étrangères d’Algérie? Avec sa tête de troglodyte, il illustrait à la perfection un biais bien connu des maffia: le boss (Bouteflika, en l’occurrence) ne s’entoure que de minus pour que ceux-ci ne lui fassent pas de l'ombre. Et comment le pourraient-ils? Ils n'ont pas d'ombre, ces ectoplasmes.
Les francophones le croyaient arabophone, les arabophones le croyaient francophone et c’est ainsi qu’il pouvait se permettre d’être nul dans les deux langues sans attirer l’attention. C’était une chauve-souris, en somme: “Je suis oiseau, voyez mes ailes; je suis rongeur, mirez ma queue.“ Hybride doublement déficient, c’est sur les tréteaux d’un cirque qu’on aurait dû l’exhiber et pas dans les cénacles de diplomates, où il devait être aussi à l’aise qu’un ouistiti au thé de cinq heures de la comtesse.
Et c’est ce foutriquet qui se permettait de dénigrer les pays voisins! Il tançait l’Egypte parce qu’elle “prêtait“ trop d’argent– entendez: elle “empruntait“. (Il fallait un décodeur pour comprendre cet homoncule.) Il snobait la Tunisie et ne pouvant ignorer le Maroc, il le diffamait. Nous étions tous des trafiquants de drogue, selon lui. Eh bien, je préfère être celui qui vend du hash que celui qui vend du vent, comme le faisait cette baudruche. Il prétendit un jour que “pour Doing Business, il n’y a que l’Algérie.” Les journalistes ouvrirent le rapport de la Banque Mondiale où figure ce classement des pays les plus attractifs et constatèrent que l’Algérie figurait au 166e rang mondial, pratiquement dernière, loin derrière les pays voisins. Le cancre avait lu le classement à l'envers...
Le plus extraordinaire, c’est que ce ballot est d’origine marocaine. C’est peut-être pour cela qu’il faisait du zèle dans l’anti-marocanisme primaire qui constituait l'idéologie du gang, la fameuse ‘isaba des Bouteflika. Ça me rappelle Tante Julia et le scribouillard, ce roman de Vargas Llosa où l’on croise un personnage qui fait profession de haïr les Albanais. Ce n’est qu'à la fin qu’on apprend qu’il est lui-même Albanais…
Cette chétive pécore se gonflait d’importance, alors. Où est-elle aujourd’hui? Les membres du gang prennent l’un après l’autre le chemin de la prison. Messahel doit se terrer quelque part, hagard, grillant cigarette sur cigarette.
Allez, soyons magnanimes. Reviens, Kader, tout est pardonné. Si nos frères Algériens, justement révoltés, te font des misères, reviens à la mère patrie, elle t’ouvrira les bras. Et si tu as peur de te faire arrêter à la frontière par les hommes de Gaid Salah, comme un vulgaire Ali Haddad, emprunte donc le chemin des contrebandiers. Tu nous as accusé de l’utiliser pour inonder Alger de cannabis, il n’est que justice que tu le prennes dans l’autre sens pour nous apporter ta petite personne. Kif-kif.
Je te vois bien prendre une retraite paisible à Dakhla– la vraie, pas ce camp sinistre en plein désert où le gang retient des pauvres gens qui ne lui ont rien demandé. Oui, je te vois bien déambulant sur le boulevard, à Dakhla… Les Sahraouis marocains sont accueillants, la plage est belle, l’air est pur. Bienvenue.