Hier soir, nous avons été nombreux à pousser un soupir de soulagement à vingt heures précises. Bon, Macron réélu. C’est la défaite de la France de l’extrême droite. Mais c’est une victoire difficile. Macron doit aussi gagner les législatives. On verra.
Cette fois-ci, il va falloir lui parler directement pour qu’il change sa politique d’indifférence à l’égard du Maroc. Peut-être existe-il des tractations au niveau des chefs d’Etat. Je ne sais pas. Mais il est temps qu’il tire les conséquences de ses échecs dans ses tentatives de se faire ami avec l’Algérie.
J’espère qu’il a compris que ce pays continuera à vivre sur ce qu’il a appelé lui-même «la rente mémorielle».
Avec ce régime militaire, qui veut maintenir des tensions aussi bien avec le Maroc qu’avec la France, Macron n’a qu’une seule solution: miser sur notre pays, reconnaître la marocanité du Sahara et développer les échanges économiques et culturels, abandonner la politique des visas au compte-gouttes et collaborer avec les instances qui comptent dans ce pays.
Que peut faire le régime algérien en dehors des insultes et des cris de haine? Rien. La France n’a plus de dette morale à l’égard de l’Algérie d’aujourd’hui. Elle a tout fait pour apaiser les mémoires. Macron est allé jusqu’à reconnaître que «la colonisation est un crime contre l’humanité». En face, il n’y a que de la haine de la part d’un appareil militaire rigide et qui empêche l’existence d’un Maghreb Uni.
Basta. A présent, il faut que Macron change de politique.
Il est vrai que Macron n’a aucune sensibilité maghrébine et même méditerranéenne. Il est mené par son intelligence brillante vers des considérations de haute voltige où il oublie le Maroc. A nous de lui faire rappeler que le Maroc est une nation solide, stable, avec une monarchie constitutionnelle, pratiquant une démocratie dans les élections et que ce pays est devenu sur le plan économique un pays émergent avec lequel il faut compter. Le Maroc est aussi la passerelle naturelle et réelle pour des échanges économiques et culturels avec l’Afrique. Il collabore avec les services secrets français pour déjouer des attentats terroristes.
Aux diplomates de faire leur travail, d’avoir de l’imagination pour faire découvrir un Maroc moderne.
Macron n’est pas hostile à notre pays. Il est trop occupé avec l’Europe qu’il vient de sauver avec sa réélection. Si Le Pen était passée, l’Europe n’existerait plus. Il a beaucoup à faire. La droite et l’extrême droite ainsi que les militants de Mélenchon vont lui créer des problèmes. Ils l’ont dit et ils le feront.
Macron a su diviser la droite traditionnelle jusqu’à la rendre insignifiante. Il a fait de même avec les socialistes. C’est un «Terminator», une sorte de bulldozer qui écrabouille tout sur son passage.
A présent, tout le monde s’attend à ce qu’il mette en marche sa machine à détruire l’extrême droite, ce qui n’est pas une mince affaire. Dans son discours hier soir, il a été assez intelligent pour reconnaître cette France qui souffre et qui a donné sa voix à Le Pen.
L’islam et l’immigration, maghrébine en particulier, ont été les thèmes de prédilection de la campagne électorale des extrêmes droites. Lors du débat, il s’est opposé fermement à la politique de haine contre les femmes musulmanes qui sortent voilées. C’est un pas vers la population du Maghreb présente sur le sol français.
On est en droit d’attendre de lui qu’il renonce à la politique des visas et à s’intéresser davantage au Maroc et à la Tunisie, qui ont avec la France une relation d’amitié réelle sans haine, sans rancœur, sans culpabilisation.