Avec «Roi», sa chanson, Bilal Hassani, 19 ans, chanteur, YouTubeur, Franco-marocain, va représenter la France au concours de l’Eurovision, qui aura lieu à Tel Aviv les 14 et 16 mai prochains.
Ok, et so what? Je ne vois rien de choquant là-dedans.
Bilal est homosexuel, l'assume, porte des perruques, se maquille et ne cherche pas à masquer ses attitudes et sa gestuelle. Il a même annoncé avoir un copain, tout en se refusant à faire le moindre commentaire supplémentaire sur sa vie privée.
Ok, et so what? Encore une fois, je ne vois rien de choquant là-dedans.
Il n’y aurait pas eu cette cyber-campagne de haine et de harcèlement à l’encontre de ce jeune homme, désormais célèbre, je n’aurais jamais été regarder ses prestations sur YouTube et lui aurais opposé une polie, quoique bienveillante, indifférence.
A chacun ses goûts…
Je me retrouve aujourd’hui à le défendre, au nom du simple bon sens, et c’est sans doute là le texte le plus difficile à écrire qu’il m’ait encore été donné de vous adresser.
Hier, en milieu de journée, j’ai poussé la curiosité jusqu’à aller lire le commentaire d’un de ses «haters», comme on qualifie désormais ces personnes dépourvues de courage qui insultent, avilissent, menacent, tentent de détruire et de rabaisser des êtres humains, cachées, en toute couardise, derrière leur écran.
Résultat: des larmes de rage, assorties de gros sanglots de colère, devant cette nouvelle manifestation de la connerie humaine, cette fois-ci poussée à son paroxysme.
D’abord, cette vérité que tout biologiste digne de ce nom vous confirmera: l’homosexualité est une orientation sexuelle, et ne relève donc pas d’un choix conscient.
Ensuite, sachez-le, assumer son homosexualité relève du courage, c’est un parcours du combattant au Maroc, évidemment, mais en France aussi, pays dans lequel est né et a grandi Bilal Hassani.
Oui, car des cons, il y en a partout, ce n’est malheureusement pas ce qui manque.
La connerie humaine est universelle.
Ces cons homophobes, je voudrais d’abord les inviter à lire Sigmund Freud, si tant est que cela est possible pour leurs pauvres petits neurones atrophiés, afin qu’ils comprennent enfin que leur attitude haineuse est le résultat de leurs propres pulsions homosexuelles, qu’ils ont, quant à eux, refoulées.
Très chers «haters» (de fait, homosexuels aux pulsions refoulées sous le poids des interdits et d’une conception tordue de la morale), laissez-moi vous éclairer d’un fait: toute société humaine se compose de personnes différentes.
Accepter la différence, accepter les minorités, ne pas leur nier leur droit fondamental à l’expression, relève d’une intelligence dont vous ne semblez pas capables.
Vous voudriez que la société dans laquelle vous vivez se conforme à votre vision étriquée des choses, une vision maladive, intolérante, dans laquelle vous vous mêleriez de ce que chacun fait de ses fesses.
Au nom de quoi? Pourquoi?
Sachez-le, entérinez-le: tout humain devrait être libre de faire ce qu’il veut de ses fesses, du moment que cela se déroule entre adultes majeurs et consentants.
Mais cela, vous n’êtes pas prêts à l’entendre.
«Haters», vous êtes empêtrés dans vos contrevérités malsaines, où le respect de la différence n’existe pas.
Pour vous, la sexualité des membres d’une société se résume à un seul et même schéma… Le même usage à faire de son fessier, pour tous. Mais vous rendez-vous seulement compte du non-sens de votre «pensée», si tant est qu’on peut la qualifier ainsi?
Le droit à la différence? Vous ne savez pas ce que c’est.
Au-delà des bêtises immenses que vous professez, c’est de la haine, dont vous vous faites les porte-voix.
Devant la campagne haineuse de cyber-harcèlement qui le cible, mardi dernier, Bilal Hassani, via son avocat à Paris, a porté plainte contre X pour «injures, provocation à la haine et à la violence, et menaces homophobes».
Je souhaite de tout mon cœur quelques condamnations exemplaires.
Oui, la peur doit vraiment changer de camp.
Bilal a le droit d’être différent.
Vous n’avez pas le droit d’être cons. Mêlez-vous de vos fesses.
Bonne chance, jeune homme. A 19 ans, tu as toute la vie devant toi.
Avec toi, du Maroc.
PS. L’espoir fait vivre… Vous pouvez nettoyer, chers «haters», ce qui encrasse vos neurones avec Priscilla, Folle du désert, Stephan Elliott, 1994. Yallah, Google.