Même à l’échelle d’un régime politique, certains troubles de l’obsession peuvent relever de la psychiatrie lourde, vu leur caractère disproportionné, répétitif et absurde.
Prenez le domaine commercial et vous entendrez le ministre algérien du Commerce Kamel Rezig -relayé toute honte bue par l’agence de presse de son pays- déclarer à la manière d’un colporteur attelé à fourguer sa camelote dans un marché aux puces, devant des commerçants africains interloqués, présents au salon de la filière des dattes en Algérie: «Nous ne sommes pas un pays qui exporte des produits de bonne qualité vers l’Europe et de moins bonne en Afrique comme le font certains voisins...»!
Nul besoin d’avoir fréquenté Harvard pour mesurer que nous ne sommes pas là dans le domaine du marketing -encore moins celui de la politique!- mais dans le registre de la farce.
Pas besoin non plus d’être spécialiste en psychanalyse jungienne pour voir dans le dénigrement d’autrui une tentative de se donner l’illusion de s’affirmer tout en réparant son narcissisme.
Essayons cette fois, tant que nous y sommes, l’univers de la santé!
Et voilà le ministre algérien de l'Industrie pharmaceutique, Ali Aoun, prenant la parole devant des responsables et investisseurs saoudiens du groupe Tabuk, les admonestant juste après les salamalecs d’usage, au sujet de leur présentation de la carte du Maroc dans son intégrité, en les sommant de la changer illico, pour mieux l’amputer, selon le bon désir de ce moi hypertrophié!
«Vous êtes en Algérie ici!», dit-il sur un ton autoritariste digne de l’ère de Staline.
La même Algérie qui a dû s’exécuter lors du Sommet arabe en réaffichant la carte du Royaume du Maroc, cette fois avec son Sahara, telle que reconnue par la Ligue arabe, les excuses en prime, sous prétexte d’une faute de graphisme.
Vous pensiez que l’éthique du sport allait calmer les ardeurs monomaniaques? Que nenni!
Après l’incroyable intermède de perte partielle de la mémoire durant lequel le Maroc a soudain disparu des écrans-radars des télévisions officielles algériennes, dans ses qualifications et dans ses prouesses pour le moins inratables lors du Mondial -et même, tout court, du programme!- le CHAN est devenu le champ d’intrusion d’idées fixes tournant en boucle.
Tout le monde a eu les échos de la cérémonie d’ouverture entachée par l’instrumentalisation politique, dans son aspect le plus belliciste, visant l’atteinte chronique à la souveraineté du Maroc, tandis que le public scandait ensuite en chœur, dans une euphorie délirante, des injures indignes, assimilant les Marocains à des animaux.
Peut-être que, dans le monde de la presse, des arts, des lettres, se trouve-il une voix sage qui émerge pour exprimer son indignation face à autant de dérives?
Hélas, vous serez confronté, dans la presse et sur les réseaux sociaux, à un mélange de sentiments de persécution et de mégalomanie, à une autocritique impossible, à une agressivité au paroxysme, à un jugement psychorigide porté par un raisonnement paralogique.
Et si vous espérez, via d’autres canaux, un positionnement plus sensé de la part de la diaspora et des binationaux, supposés plus libres, le moins que l’on puisse dire est que le silence est assourdissant, couvert par une propagande sournoise, appuyée par des acolytes idéologiques s’entendant comme larrons en foire.
Telle cette députée européenne de parents algériens, nommée Karima Delli, qui appelait à lutter contre le lobbying et à la suspension des accords de l’Union européenne (UE) avec le Maroc (et avec le Qatar), donnant l’impression de verser elle-même dans le lobbying le plus fourbe.
Telle autre eurodéputée française d’origine algérienne, de son nom Salima Yenbou, militante acharnée contre le Maroc, renchérissant cette semaine dans la même mouvance, alors qu’elle s’était prononcée en 2019 contre l’inclusion d’une résolution d’urgence sur l’Algérie, entre autres prétextes, pour éviter le risque de «politiser les débats humains».
De qui se moque-t-on?
Côté presse cette fois, citons juste un seul cas en France, avec cette grand reporter se fendant d’un article dans lequel se distille, une fois de plus, le venin du séparatisme enrobé de pseudo-humanisme, stigmatisant celui qu’elle appelle «l’occupant marocain», de la même manière que «So litte Mandela» avait affabulé au stade, sur la «dernière colonie en Afrique».
Qu’on en parle enfin!
Le principal avorton du colonialisme dans la région est le régime des caporaux, entrave à l’union des peuples, au développement socio-économique et source de conflits et d’instabilités dont se repaissent les vendeurs d’armes et les parrains de l’hégémonisme paternaliste d’antan.
Qu’est-ce donc, si ce n’est une velléité d’expansionnisme, ajoutée à la perfidie de vouloir couper le Maroc de ses racines et des profondeurs africaines, que cette quête désespérée d’un couloir vers l’Atlantique, via une entité chimérique aux ordres?
D’où tient l’Algérie elle-même ses frontières, si ce n’est de l’ex-puissance coloniale qui, ne pensant jamais quitter un jour son «département» (seule colonie de peuplement de l'empire colonial français avec la Nouvelle Calédonie), a ajouté progressivement à l’ancienne Régence turque d’Alger, des terres historiquement marocaines, tunisiennes, libyennes, maliennes…
Pas pour rien que certains font mine d’accabler la colonisation, tout en s’accrochant mordicus à ses tracés, symboles même de l’expansionnisme, de l’injustice et de l’arbitraire.
C’est ce qui explique ce complexe pathologique envers le Maroc, Etat-nation multiséculaire, en plus du besoin pour la junte, d’un ennemi extérieur pour détourner l’attention de tous les désordres qui gangrènent le pays en interne.
La colonisation, le Maroc en a été victime plutôt deux fois qu’une. Une colonisation mixte espagnole et française. Une double amputation du Sahara marocain, berceau de plusieurs dynasties, aux liens humains, politiques, économiques ininterrompus avec le reste du Royaume.
Qu’on se souvienne pour le cas du Sahara oriental de la noblesse du Maroc à toute épreuve et du refus du roi Mohammed V, à son retour d’exil de Madagascar, de constituer une commission pour discuter des frontières à la demande du général De Gaulle, préférant attendre l’indépendance de l’Algérie dont le soutien à la libération est incontesté, à part par les ingrats et par les faussaires de l’histoire.
Quant à la question du Sahara occidental marocain, ils peuvent répéter ad nauseam autant de contre-vérités à son sujet, agiter toutes leurs antennes -dont l’humanité ne va bizarrement pas piocher du côté de toutes les violations des droits de l’homme en Algérie et dans les camps des séquestrés-, cela ne changera rien à la réalité de sa marocanité à travers l’histoire et dans les faits.
Il existe une énorme différence entre défendre une cause nationale sacrée et servir un agenda néo-impérialiste ou chercher un exutoire à tous ses maux.
Heureux, dit le philosophe, qui joint la sagesse à la santé!