Casablanca: la villa Carl Ficke, un siècle d’histoire restauré

La villa Carl Ficke racontée par l'architecte qui l'a réhabilitée

La villa Carl Ficke avant et après. (A.Gadrouz/Le360)

Le 11/03/2025 à 09h44

VidéoEmblème de l’évolution architecturale et urbaine de Casablanca, la villa Carl Ficke renaît sous une nouvelle identité: le musée de la mémoire de Casablanca. L’architecte et anthropologue Salima Naji, qui a réhabilité cet établissement, revient sur les traces de son histoire.

Le 27 février, la villa Carl Ficke a rouvert ses portes sous une nouvelle identité: le musée de la mémoire de Casablanca. Restaurée par l’architecte Salima Naji, cette demeure centenaire est devenue un espace dédié à l’histoire de la ville, à travers l’architecture, l’art et l’urbanisme. Mais au-delà d’un simple musée, cette villa raconte une mémoire urbaine et humaine, ancrée dans l’évolution de Casablanca depuis le début du XXème siècle.

Construite en 1913, la demeure témoigne des transformations qu’a connues Casablanca au fil des décennies. Son premier propriétaire, un Allemand ayant fait fortune dans le commerce, fut impliqué dans des transactions avec l’arrière-pays dans le domaine des armes. À la déclaration de guerre en 1914, la villa fut réquisitionnée et abrita près de 200 Allemands, avant que Carl Ficke ne soit fusillé pour trahison en 1915 au fort Provost, situé au pied de la maison.

Par la suite, la villa fut reconvertie en préventorium destiné aux enfants atteints de tuberculose. Dans les années 1930, une extension fut réalisée pour accueillir le collège Khnata Bent Bekkar, premier établissement dédié à l’éducation des jeunes filles à Casablanca. Cette fonction éducative et sociale a perduré, contribuant à enraciner la villa dans la mémoire collective de la ville.

Une restauration respectueuse du patrimoine

La réhabilitation de la maison a été confiée à Salima Naji, architecte et anthropologue reconnue pour son expertise dans la préservation du patrimoine. Son approche a été marquée par une volonté de respecter les matériaux d’origine et les techniques de construction traditionnelles.

«Nous avons restauré la villa dans les règles de l’art afin de préserver son authenticité. L’escalier, par exemple, a été restauré de manière chirurgicale sans être démonté. Les planchers ont été refaits en conservant leur structure d’origine. En 1913, on construisait comme dans une kasbah, avec de la pierre et du «jir beldi» (chaux locale), donnant à la maison cette teinte jaune si particulière, inspirée du sable de Casablanca», explique Salima Naji.

L’experte souligne également la singularité de cette architecture coloniale, qui tout en étant influencée par les styles européens, a été bâtie selon des techniques marocaines ancestrales. Cette fusion donne à la villa une identité hybride, reflet de l’histoire cosmopolite de Casablanca.

Grâce à un budget de près de 30 millions de dirhams, la villa a été transformée en musée géré par la Fondation nationale des musées du Maroc. La ville de Casablanca, propriétaire des lieux, devra se charger de son entretien. Le musée met en avant des œuvres du mouvement de l’École de Casablanca, aux côtés de sculptures d’Ikram Kabbaj.

Par Qods Chabâa et Adil Gadrouz
Le 11/03/2025 à 09h44

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