L’artiste-peintre Karim Bennani accuse certains propriétaires de maisons de ventes marocaines de ternir sa réputation. Dans une mise au point, il déclare qu’Abderahmane Saïdi, patron de MémoArts, et Hicham Daoudi, fondateur de la Compagnie marocaine des œuvres et objets d’arts (CMOOA), font circuler la rumeur selon laquelle Karim Bennani certifierait des faux.
«Je tiens à faire cette mise au point devenue nécessaire depuis que certaines maisons de vente aux enchères à Paris et ailleurs se sont laissées influencer par l'ignoble propagande fondée sur des rumeurs et des «On dit» lancées par les deux maisons de vente marocaines de MémoArts et la CMOOA», peut-on lire dans sa mise au point.
«Ces gens-là veulent me casser»Contacté par Le360, Karim Bennani précise qu’il a décidé de faire cette mise au point lorsqu’un ami parisien lui a fait savoir qu’une prestigieuse maison de vente de la capitale de l’Hexagone a refusé de lui acheter une œuvre de Gharbaoui au motif que la signature était douteuse. «Ces gens-là, Daoudi et Saïdi, veulent me casser. Ils sont en train de ternir mon image», se plaint-il.
Pour appuyer ses propos, Karim Benanni relate quelques faits qu’il reproche aux deux personnes en question. «J’avais été amené à expertiser à la demande de Monsieur Saidi une dizaine d’œuvres de différents artistes-peintres dont surtout cinq tableaux de Ben Ali R’bati. Ces cinq tableaux avaient été proposés par ses soins lors d’une vente aux enchères».
Un an plus tard, l’acquéreur du tableau de Ben Ali R’bati lui a retourné l’œuvre car il estimait que l’expertise de Karim Bennani n’était pas valable et a exigé le remboursement du prix d’achat. C’est à partir de ce moment-là que les ennuis commencent.
La pomme de discordeAbderrahmane Saidi de MemoArts porte plainte et demande le remboursement des frais d’expertise payés à Karim Bennani en sa qualité d’expert. «La Cour d’appel de Rabat m’a rendu justice», rétorque Karim Bennani. « Lorsque j’ai gagné, Saïdi s’est acharné contre moi via une campagne de harcèlement et a mobilisé tous ses amis en leur disant que je certifiais de faux tableaux», ajoute Karim Bennani.
Interrogé par Le360, Abderrahmane Saidi, patron de Mémoarts, n’a pas souhaité réagir.
Karim Bennani en veut également à Hicham Daoudi. Il considère que le fondateur de la CMOOA aurait une animosité particulière à son encontre. «Et ce depuis que j’ai été désigné par le ministère de la Justice sur proposition du ministère de la Culture pour faire l’inventaire des œuvres laissées par le peintre Mohamed Kacimi après son décès et suite aux problèmes d’héritage intervenus entre les ayant-droits».
En gros, Karim Bennani reproche à Hicham Daoudi de ne pas reconnaître l’expertise marocaine (c’est-à-dire celle de Bennani) puisqu’il aurait, selon les dires de l’artiste-peintre, enlevé les certificats sur le dos des œuvres qu’il avait lui-même réalisées en authentifiant les 1700 œuvres du fonds laissé par Kacimi. De plus, Karim Bennani se demande comment une œuvre non signée et non datée dans son expertise de la collection Kacimi a été finalement signée et datée.
Hicham Daoudi récuse fermement les accusations de Bennani, en expliquant que ce sont les deux héritières de Kacimi, sa fille Batoul et sa veuve Chafika, qui ont chargé l’entreprise qu’il dirige (CMOOA) de l’inventaire des œuvres et de leur restauration, après l’ouverture de l’atelier sur décision de la justice.
«Les œuvres ont été signées et cachetées devant la famille et devant l’huissier de justice», se défend Daoudi en précisant que l’opération est consignée dans un registre établi dans les règles de l’art. D’autres témoins confirment le caractère irréprochable de l’inventaire par la CMOOA du fonds Mohamed Kacimi.
Les soupçons ne datent pas d’aujourd’huiLe faux gangrène le marché de l’art au Maroc. L’empressement de certains collectionneurs et spéculateurs à réaliser des gains faciles, en dehors des circuits régulés et du conseil de professionnels, a encouragé la fabrication du faux. A telle enseigne que le doute pèse lourdement sur beaucoup d’œuvres proposées à la vente ou dans des expositions d’artistes décédés.
A ce sujet, il convient de rappeler que l’Association marocaine des arts plastiques (AMAP) avait gelé l’adhésion de Karim Bennani après une exposition collective qu’il a organisée au sein de sa fondation à Rabat. «Des visiteurs de cette exposition se sont plaints auprès de l’association et nous avions demandé des explications à l’organisateur qui était aussi membre de cette association. Au lieu de fournir des explications, il nous a envoyé une lettre où il tient des propos insultants à notre égard», confie à Le360 l’artiste-peintre Mohammed Melehi, président de l’AMAP.
L’association a bien spécifié dans son courrier qu’au cas où Karim Bennani n’apporterait pas de preuves le lavant de toutes les accusations, il allait être radié de l’AMAP. C’est ce qui s’est bel et bien passé.