Le Maroc instaure une subvention pour attirer les tournages de films étrangers. C’est ce qui ressort du communiqué du Conseil de gouvernement qui s’est tenu hier jeudi 27 juillet à Rabat.
Le projet de décret 2.17.373 a été adopté durant cette réunion du gouvernement. Ce décret touche à la numérisation et à la restauration des salles de production au Maroc. Mais ce qui attire réellement l’attention c’est bel et bien cette question de subvention aux productions étrangères au Maroc. A partir d’octobre 2017, les producteurs étrangers pourront se faire rembourser à hauteur de 20% du montant de l’investissement.
Mais à condition que les productions concernées mobilisent un budget d’au moins 10 millions de dirhams et que le tournage s'étale sur une durée de 18 jours au minimum.
Pour bénéficier du remboursement, les investisseurs doivent remettre des justificatifs des dépenses éligibles: ce sont les factures d’hôtel, des billets d’avions, des studios et de location de matériels. C’est ce qu’explique Sarim Fassi Fihri, directeur du Centre cinématographique marocain dans cette interview.
Le conseil de gouvernement a adopté hier le décret concernant la subvention aux productions étrangères. De quoi s’agit-il ? On rembourse 20% du montant de certaines dépenses d’investissements de productions étrangères au Maroc. C’est un principe qui existe un peu partout dans le monde. S'agissant de son mécanisme de fonctionnement, il y a plusieurs modalités. Au Maroc nous avons adopté la plus simple, à savoir le remboursement sur justificatif. Certains pays ont opté, par exemple pour la formule du crédit d’impôt. Les conditions principales c’est qu’il y ait au minimum 10 millions de DH d’investissement et, au moins, 18jours de tournage. Ces deux conditions sont incontournables pour que la production soit éligible au soutien. En gros, si vous investissez dix millions de dollars vous avez deux millions de dollars de remboursement.
Cette mesure est -elle sous forme de subvention ou d’incitation fiscale? C’est une subvention, dans la mesure ou l’investissement du départ est injecté dans l’économie nationale. Dans ce cas l’Etat rembourse 20% sous forme de subvention. Dans les pays où il y a un système crédit d'impôts, cette mesure est en effet une incitation fiscale, alors qu'en ce qui nous concerne le soutien est direct, moyennant un justificatif d’investissement. Le terme que nous utilisons lorsqu’on communique à l’international, c’est le « cash rebate » c’est à dire on rembourse de l’argent.
Quels sont justement ces justificatifs exigés?Nous remboursons 20% sur les dépenses éligibles, donc il y a un cahier des charges avec une liste de dépenses qui sont acceptées et d’autres qui sont refusées. En général ce qui est accepté c’est tout ce qui est fiscalisés c’est à dire par exemple des factures d’hôtels, de billets d’avions, de studios, de location de matériels etc.. Ce qui n’est pas remboursé c’est tout ce qui est payé en cash: la figuration, car ce n’est pas contrôlable. Dans l’investissement la plupart des dépenses éligibles ne doivent pas dépasser 90% du total. Nous n’avons pas inventé l’eau chaude. Cela existe partout. Cela existe dans tous les pays européens en dehors de la Suisse, dans 46 Etats aux Etats Unis sur 131, ça existe en Afrique du Sud, en Ile Maurice, aux Emirats arabes unis. Le Maroc a quand même dix ans de retard là-dessus.
Ce projet est dans les tiroirs depuis pas mal d’années…C’est un projet que j’ai défendu depuis mon arrivée au CCM, il a été voté dans la loi de finances 2016, il y a un an et demi. Finalement ça s’est fait. En principe nous avons besoin encore de trois mois, administrativement, puisqu’il faut attendre que ce décret passe au bulletin officiel, ensuite il y a un arrêté qui le détaille un peu plus...Et une fois qu’il y a l’arrêté il est publié au BO et nous seront opérationnels…à partir de la mi-octobre selon nos pronostics..
Les boites de productions étrangères sont –elles au courant de cette mesure de remboursement de 20% du montant d’investissement ? Oui puisque nous avons commencé à communiquer là-dessus après le vote de la dernière loi de finances il y a un an et demi. On ne pensait pas que le décret prenait autant de temps. Tout le monde le sait aujourd’hui.
Vous pensez que cette mesure fiscale aura un impact positif. Comment cet impact devrait-il s’illustrer concrètement ?Il devrait y avoir une augmentation (par le triple) du nombre de productions étrangères au Maroc. Derrière, il y aura une industrialisation dans le domaine cinématographique c‘est à dire il y aura plus de métiers, car le but c’est de pouvoir facturer en dirhams pour pouvoir toucher 20%. On aura des industriels internationaux qui vont s’installer ici. C’est le cas par exemple de Harry ou Panavision qui, lorsqu’ils verront que leurs clients vont toucher 20%, vont créer leur entreprises au Maroc pour pouvoir facturer en dirhams et pouvoir récupérer ainsi 20%. C’est ce qui s’est passé à Londres qui est l’une des capitales mondiales du cinéma, et qui bénéficie des productions américaines.
Cette mesure est –elle prévue pour la production locale ?Pour la production étrangère on donne 20%, pour la production nationale on donne 65%, le tiers du budget. Ce sont donc deux mécanismes complètement différents.