Il y a d’abord le cadre, celui, sobre, mais tout en symboles, du siège de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) à Paris, en France. Il y a ensuite la nature de l’événement, qui rassemble tout un continent autour d’une même cause: la défense du patrimoine africain, objet de toutes les convoitises et autres tentatives d’appropriation culturelle. Nommons la Semaine africaine de l’Unesco, tenue du 22 au 24 mai. Il y a enfin ce qui aura été le temps et l’espace fort: la participation marocaine, aussi haute en couleur que riche en événements. Et ce, du début à la fin.
C’est ainsi que d’entrée de jeu, une cérémonie aux rythmes du Maroc a été organisée, mercredi 22 mai, pour marquer l’ouverture de cette manifestation. Ambassadrice du Maroc en France, Samira Sitaïl était de la fête, aux côtés du représentant permanent du Royaume auprès de l’Unesco, Samir Addahre, également président du Comité d’organisation de cette édition 2024. Ceci, au même titre que de nombreux ministres, diplomates et chefs de délégations africains.
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Au programme: Daqqa marrakchia et Reggada pour donner le ton, une visite du stand du MarocNESCOr illustrer la richesse et la diversité de sa culture et le savoir-faire millénaire de ses artisans, et, pour donner de la saveur, une réception mettant à l’honneur l’art gastronomique marocain, offerte par l’Office national marocain du Tourisme (ONMT).
Lors de la participation marocaine à la semaine de l'Afrique de l'UNESCO à Paris
De quoi donner du goût à une programmation africaine éclectique, comprenant notamment des expositions, des ateliers pour jeunes apprenants, des conférences et des débats, des animations artistiques, un défilé de mode et des dégustations de mets typiques africains.
L’Afrique s’habille en… caftan
S’agissant du défilé de mode, organisé la soirée du même mercredi, c’est le caftan marocain qui aura, de l’avis de tous, volé la vedette. Expression vivante de l’identité marocaine et démonstration la plus éloquente de la dextérité et du savoir-faire ancestral des maâlems marocains, cette tenue, présentée dans ses différentes coutures, a émerveillé par sa beauté, sa finesse et sa distinction une assistance nombreuse.
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Les mannequins, habillées par Nissrine Zaki, ont transporté le public nesco un voyage à travers les temps, des Mérinides à nos jours, et les différentes régions du Maroc, tissant la trame d’un vêtement traditionnel «transcendant les époques tout en préservant son cachet authentique», comme l’a résumé la styliste marocaine dans une déclaration pour Le360. «Nous sommes ici pour défendre notre patrimoine et notre héritage», explique-t-elle en marge de ce défilé où certains caftans présentés avaient d’ailleurs plus d’un siècle d’âge.
Caftan et zellige bientôt inscrits
Au-delà du caftan, le défilé avait aussi pour objectif de faire connaître l’ensemble des éléments du patrimoine marocain, comme le zellige, la poterie slaouie ou le tapis zemmouri, tous protégés par un certain nombre de conventions de l’Unesco, et que les Marocains s’emploient à préserver face aux tentatives d’appropriation de certains États. Entendez le voisin algérien, qui ne rate aucune occasion pour tenter des hold-up sur les éléments du patrimoine marocain. Le dernier en date n’est d’ailleurs autre que le «glissement» d’un caftan Ntâa de Fès dans un catalogue de vêtements traditionnels que le régime d’Alger voudrait inscrire à l’Unesco.
Le représentant permanent du Royaume auprès de l’Unesco, Samir Addahre, se veut à ce titre tranchant. «Ne vous fiez pas à ce qui se dit ici et là, notamment sur les réseaux sociaux. Le patrimoine marocain restera marocain. À ce titre, que l’on se rassure: aussi bien le caftan que le zellige seront bel et bien inscrits à l’Unesco. C’est une question de temps et de procédure», confie-t-il à Le360.
Maroc-France: un partenariat «à l’infini» sur la culture
On notera par ailleurs que le renforcement de la coopération culturelle entre le Maroc et la France a été au centre d’une séance de travail, ce même jour à Paris, entre Mohamed Mehdi Bensaïd, ministre de la Culture, et son homologue française Rachida Dati. Ces entretiens, qui interviennent suite à une précédente rencontre à Cannes, ont été l’occasion de faire un tour d’horizon des différents sujets de la coopération maroco-française dans le champ culturel, notamment dans le domaine de l’artisanat et des industries culturelles et créatives, ainsi que des moyens pour renforcer la protection du patrimoine notamment face aux tentatives d’appropriation.
Rachida Dati est revenue sur l’importance de l’Accord relatif à la coproduction et aux échanges cinématographiques, signé samedi dernier à Cannes avec son homologue marocain. Le Maroc démontre par sa culture, ses valeurs qui sont l’accueil, la tolérance, le respect, mais aussi la créativité «qu’il a des choses à nous apprendre», a-t-elle fait savoir. Outre le cinéma, les discussions ont aussi porté sur le domaine muséal et l’archéologie préventive, dans lequel le Maroc a adopté récemment un cadre légal pour la protection du patrimoine.
Cette rencontre a d’ailleurs acté la décision voulant que les artisans marocains et les métiers de l’artisanat puissent venir en France en immersion, en résidence, notamment au sein de l’opérateur public Le Mobilier national. «Le partenariat, la coopération avec le Maroc, c’est à l’infini sur la culture», assure la ministre française.