"J'ai découvert pas loin d'une dizaine de nouveaux dinosaures, au Maroc, au Laos, au Lesotho ...", raconte le chercheur dont l'une des trouvailles est de taille: un fémur de 2,2 mètres de long, mis au jour sur le gisement d'Angeac (Charente). Un os "impressionnant" de sauropode auquel le visiteur pourra se mesurer le temps de l'exposition du Jardin des Plantes (6 juin-2 septembre). "Faut le voir pour le croire! Quand vous tombez là-dessus et sur ce qui va avec ...", se souvient l'expert.
Les fouilles, il est tombé dedans quand il était petit. "Depuis que j'ai 14 ans, je passe tous mes étés sur des sites archéologiques". Après des études en sciences de la Terre, il choisit la paléontologie. Les dinosaures arrivent "un peu par hasard". Ils fascinent le grand public, mais les spécialistes sont rares. "Je suis une exception dans le paysage français, je suis quasiment le seul à travailler sur les dinosaures."
"Historiquement et culturellement, la France a toujours davantage développé l'étude de l'homme et de ce qu'il y a autour. Les dinosaures et leur monde ont été un peu mis de côté." "On aimerait bien que cela change." Pourtant bien des régions restent à explorer et bien des questions restent sans réponses.
Quelles espèces étaient dotées de plumes? Comment se déroulaient leurs rapports sexuels? Quand sont apparus les oiseaux, le seul groupe de dinosaures à ne pas avoir disparu il y a 65 millions d'années? Sans parler des idées fausses qu'il s'acharne à combattre: "les dinosaures ont tous disparu", "ils étaient gigantesques", "c'était des carnivores sanguinaires"...
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Après avoir découvert que certains dinosaures avaient des plumes, "on a eu tendance à mettre des plumes un peu partout, même au T.Rex!", s'amuse le chercheur dont le bureau héberge de nombreuses figurines en plastique d'allosaures, de tyrannosaures, de vélociraptors de toutes les couleurs.La fascination du grand public pour les dinosaures en fait un très bon outil pédagogique, note le grand brun qui avoue être un peu une star chez les enfants. "On a un très gros déficit d'apprentissage des sciences en primaire et les dinosaures sont un vecteur extraordinaire. Vous parlez des dinosaures, vous parlez de la dérive des continents, d'évolution, de la démarche scientifique... et ça marche bien!"
Aujourd'hui, à 44 ans, le "Monsieur dinosaure" du Muséum d'Histoire naturelle avoue avoir "des journées bien chargées" mais "échapper à toute routine". Il se partage entre recherche, mise en valeur des collections du Muséum, accompagnement des étudiants et vulgarisation, "importante quand on travaille sur les dinosaures".
A peine l'exposition "Un T.Rex à Paris" prête à accueillir le public, le chercheur repart sur d'autres projets. "J'ai pleins d'idées!", s'amuse-t-il. "Mon rêve reste toujours de faire une exposition sur les dinosaures au Grand Palais, sous les verrières".
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En attendant, le public parisien pourra notamment découvrir l'un des plus beaux T.Rex au monde. Âgée d'environ 30 ans, Trix, est une femelle dinosaure de 4 mètres de haut et 12,5 mètres de long. C'est la première fois que la France accueille un véritable squelette de T.Rex. Le muséum d'Histoire naturelle lui fait donc l'honneur de l'imposante nef de la Galerie de Minéralogie et de Géologie le temps de l'exposition.
Sa gueule à hauteur de visiteur, Trix à la tête délicatement tournée vers le public, mettant en valeur les nombreuses vertèbres de son cou, presque gracile, entre son gigantesque crâne (1,50 mètre de long) et sa cage thoracique abyssale. L'attitude bondissante de l'animal, comme s'il allait sauter sur le public, la pénombre et les rugissements font leur effet. Sa queue, qui parade à 4 mètres de haut, donne une idée de ce que pouvait produire son balancement.
Ce fossile quasi complet et incroyablement bien conservé permet au visiteur de voir en détail la matière et les nuances de couleurs des os, pourtant vieux de 67 millions d'années. Et comme face à un objet d'art que l'on découvre après en avoir vu des copies, l'assemblage parfait de ses quelque 250 os, capables de soutenir une masse de près de 9 tonnes, suscite l'émotion.
Trix est "une œuvre de la nature, une œuvre majeure", explique à l'AFP Bruno David, président du Muséum national d'histoire naturelle. "Des T.Rex comme ça, on en a trouvé 3 ou 4 en 200 ans." Celui-ci a été découvert en 2013 dans le Montana aux Etats-Unis par une équipe de paléontologues du musée Naturalis des Pays-Bas.